L’IPBM lance une alerte contre le recrutement massif des saisonnières marocaines en Espagne.
La Fédération interprofessionnelle marocaine des fruits rouges (IPBM) craint une éventuelle pénurie de main-d’oeuvre, de ce fait elle lance une alerte contre le recrutement massif de saisonnières marocaines dans les principaux bassins de production.
Nous le rappelons, le gouvernement marocain envisage d’envoyer, en 2019, près de 20 000 ouvrières agricoles en Espagne pour récolter des fraises et autres fruits rouges, comme l’avait annoncé le ministre de l’Emploi, Mohamed Yatim, à l’issue d’une réunion avec l’Agence nationale pour l’emploi (ANAPEC).
Cette décision inquiète la Fédération interprofessionnelle marocaine des fruits rouges « Interproberries Maroc »(IPBM) qui se révolte contre le départ d’une masse de main-d’œuvre qualifiée et ayant un avantage concurrentiel sur les marchés à l’export.
Mohammed Alamouri, président de l’IPBM, a révélé : «Bien que les produits marocain et espagnol arrivent sur le marché de l’export au même coût en raison de l’avantage concurrentiel de la main-d’œuvre lié au SMAG et SMIG fixé par la législation en vigueur, l’ensemble des facteurs input de production, notamment le matériel d’emballage, les engrais, le traitement, le transport et la logistique, ont cependant un coup très élevé pour les producteurs-exportateurs marocains».
De plus, la Fédération interprofessionnelle marocaine des fruits rouges prévient le risque de pénurie de main-d’œuvre dans les principaux bassins de production de fruits rouges au Maroc, surtout que la campagne de cueillette au Sud de l’Espagne connaît un démarrage précoce et une hausse en termes de bénéficiaires avec 1.000 saisonnières marocaine de plus.
Mohammed Alamouri explique : «Le Maroc est un vivier de main-d’œuvre, mais les opérations de recrutement ne doivent pas se faire massivement dans les zones de production de fruits rouges où les professionnels ont relevé, depuis près de 30 années, le niveau de qualification et de formation des ressources humaines, notamment dans les régions du Gharb, du Loukkos et du Souss. C’est pourquoi il faut aussi se tourner vers des bassins non traditionnels de main-d’œuvre et opter pour un recrutement «équitable», géographiquement parlant, dans l’ensemble des régions marocaines».
Toutefois, ce qui révolte le plus la profession, c’est la déstabilisation de l’investissement dans le secteur des fruits rouges au Maroc puisque plusieurs firmes internationales ont délocalisé leurs activités au Maroc et investi dans plusieurs unités industrielles de conditionnement et de surgélation, avec l’installation de structures d’encadrement pour l’exportation de fruits rouges, notamment les petits fruits tels que la fraise, mais aussi la myrtille, la framboise, la mûre et la baie de Goji.
De ce fait, la fédération compte saisir le ministère du Travail et de l’insertion professionnelle au sujet de ce déséquilibre économique qui menace leur secteur, la pénurie de main-d’œuvre planant au-dessus des principaux bassins de production.