AgriMaroc AgriAlgerie AgriTunisie
Accueil / L'invité / Me. Ahmed Bensaad des champs d’agriculture au palais de la justice

Me. Ahmed Bensaad des champs d’agriculture au palais de la justice

Ahmed Bensaad Bentrab exerce en tant qu’avocat au barreau de Jaén, en Andalousie après avoir été ouvrier agricole.

Mais il a dû parcourir un long et périlleux chemin avant de pouvoir porter sa longue robe noire d’avocat et défendre la veuve et l’orphelin devant les tribunaux espagnols.

“J’ai accumulé les petits boulots avant de porter la toge. J’ai travaillé comme saisonnier dans les champs agricoles, agent de service dans les municipalités, j’ai donné des cours. En somme, j’ai effectué une série de petites tâches précaires avant de pouvoir me dédier à ma vocation”, se rappelle fièrement dans une déclaration à la MAP, Ahmed Bensaad Bentrab.

Cependant, rien ne le prédestinait à devenir avocat exerçant en Espagne. “Etant majeur de ma promotion quand j’ai décroché ma licence en droit à la faculté Hassan 1er, j’étais invité à prendre part à un congrès au Tribunal européen des droits de l’homme à Strasbourg. Je suis tombé malade à cause du mal d’avion et j’ai préféré rentrer par voie terrestre au Maroc. Durant mon passage par l’Espagne, j’ai décidé de m’y attarder un peu, en attendant la reprise des études universitaires. C’est de la sorte que mon périple espagnol a démarré”, confie ce natif de Ait Beni Mathar.
Aujourd’hui, et après un parcours parsemé d’obstacles, Me Bensaad a su aller au bout de ses rêves grâce à sa détermination et sa persévérance.

“Ma présence dans le champ juridique permet de rompre avec les clichés et briser les tabous sur les perceptions erronées portées sur la communauté marocaine qu’hélas entretient encore certains milieux espagnols. Ces milieux associent la communauté marocaine aux saisonniers dépourvus d’éducation universitaire ou de qualification, etc. Alors que la politique migratoire espagnole a toujours été dirigé vers l’attrait de la main d’œuvre non qualifiée. Car si on regarde de près, les compétences espagnoles préfèrent se rendre dans d’autres pays européens”, souligne le juriste marocain.

“La loi espagnole portant sur l’immigration est façonnée de manière à satisfaire les besoins du marché de travail espagnol et pour constituer un vivier de réservistes au service et à la merci du secteur de l’emploi espagnol. Fort Malheureusement, ce système ne laisse pas le choix aux immigrants de penser à des alternatives pour améliorer leur vécu et aller de l’avant”, explique-t-il.

D’ailleurs, c’est en suivant ce chemin que M. Bensaad a tracé son parcours. “Dès que j’ai obtenu mon titre de résidence d’une durée de 5 ans, j’ai repris le chemin des études universitaires”, explique-t-il.

C’est de la sorte que M. Bensaad a développé une riche expérience en matière de connaissance des lois portant sur l’immigration grâce aux emplois accomplis dans ce domaine.

“J’ai développé des connaissances en matière de défense des droits des étrangers grâce +à mon expérience professionnelle auprès de ce collectif, où j’avais élaboré des rapports sur la situation des migrants irréguliers et leurs conditions”, étaye-t-il.

La maîtrise de ce dossier acquise grâce à son travail sur le terrain l’ont convaincu de se spécialiser en matière de droits des étrangers à l’Université de Grenade où il a entamé une procédure d’homologation de son titre universitaire en droit, obtenu au Maroc.

“Le fait qu’un travailleur marocain basé en Espagne puisse se diriger vers un expert en droit parlant sa langue et qui est en mesure de comprendre son problème est un atout de plus pour les justiciables marocains en Espagne. Tous les dossiers que mes clients me présentent ce sont des problèmes que j’ai vécus personnellement”, affirme-t-il.
Me Bensaad mène aussi un travail de vulgarisation des procédures alambiqués du droit de travail espagnol et ses rouages impénétrables même pour les plus érudits.

“J’ai fait face à des cas où des travailleurs marocains sont tombés dans la clandestinité à cause de trois jours manquants au total des jours cotisés. C’est aberrant !”, explique l’avocat marocain.

Il apporte aussi son expertise dans le cadre des programmes de coopération menés avec des universités marocaines. Il endosse aussi la casquette de secrétaire général de l’association des avocats Marocains en Espagne. A travers cet organisme, il mène des actions de vulgarisation du droit espagnol auprès de la communauté marocaine établie sur le sol espagnol.

Concernant la situation des marocains en Espagne et en Andalousie particulièrement, l’avocat estime que le profil des travailleurs marocains a connu un changement positif.

“Ce sont à présent des patrons et des propriétaires qui recrutent et fournissent de l’emploi à d’autres employés. C’est un saut remarquable dans la situation des Marocains”, s’émerveille le juriste marocain.

L’avocat marocain regrette toutefois que les lois portant sur le regroupement familial soient rigides. “Les politiques parlent de la nécessité d’une intégration entière des migrants toutefois ils blindent les lois sur le regroupement familial alors que c’est la famille qui permet ce contact avec la société d’accueil”, relève-t-il.

Me Bensaad estime que son cas n’est pas isolé. “Quand je suis arrivé en Espagne après avoir perdu mon vol de Strasbourg, je n’étais pas capable de formuler une phrase des plus basiques en espagnol comme demander un café au lait au serveur”, se remémore-t-il, avant de poursuivre : “Les Marocains ont beaucoup de talent et de détermination qui leur permettent de s’en sortir voire briller là où ils s’installent grâce à leurs efforts et leur travail  laborieux”, met-il en valeur.

Sur son attachement à la mère patrie il affirme : “Le Maroc est dans mes veines, c’est mon refuge pour oublier les soucis de la vie, me ressourcer et repartir de bon pied. Mes liens sont affectifs avec mon pays de naissance et je n’hésiterai jamais à rendre service à ma patrie”, conclut-il.

Source: MAP

Partager

Regardez aussi

Sadiki fait le point sur le lancement de la campagne agricole 2024, son contexte et ses défis

Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *