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Vers une charte de concertation sociale dans le secteur agricole

Le secteur agricole et l’impératif de la mise en place d’une charte de concertation sociale.

Le secteur des fruits et légumes joue un rôle de locomotive au niveau de l’agriculture marocaine de par les techniques culturales, les systèmes de gestion des ressources en eau, les modes de conditionnement et les moyens logistiques mis en place, et de manière globale du fait de l’effort d’investissement consenti par les professionnels pour la mise à niveau des exploitations et la promotion de la qualité.

Le secteur des fruits et légumes: une aubaine pour le Maroc

Driss SOUFIANILes niveaux de production destinés tant au marché local qu’à l’export et l’alignement permanent du produit marocain aux standards internationaux assurent régulièrement la sécurité alimentaire du pays en fruits et légumes, et participe à la réduction du déficit de la balance agricole du pays.

Les zones de production qui assurent l’alimentation des marchés nationaux sont soumises de plus en plus à une pénurie d’eau d’une grande gravité, et la totalité des intrants connaissent régulièrement une série d’augmentations non contrôlées, ce qui est de nature à compromettre la compétitivité des produits sur le marché international et placerait les prix intérieurs hors de portée des consommateurs locaux.

le secteur des fruits et légumes constitue l’un des gisements principaux de l’emploi en assurant directement plus de 180.000 emplois fixes et en offrant plus de 12 millions de jours de travail

Dans ce contexte, l’exploitation agricole trouve des difficultés évidentes à se maintenir dans un environnement de compétitivité farouche auquel le Maroc fait face avec des moyens très inégaux par rapport aux producteurs des pays concurrents. Malgré cela, le secteur des fruits et légumes constitue l’un des gisements principaux de l’emploi en assurant directement plus de 180.000 emplois fixes et en offrant plus de 12 millions de jours de travail.

Une recrudescence des mouvements sociaux

Cependant, ce secteur connaît ces dernières années une recrudescence de mouvements sociaux, souvent exprimés par des formes extrêmes de revendication : grèves non fondées, sit-in de longue durée, entraves à la liberté de travail, recours à la violence, conduisant à des pertes graves de production, a des dépérissements de produits, et par conséquent à l’effondrement d’un grand nombre d’exploitations.

Cette vague de contestations est le fait d’une incompréhension autour de dispositions nouvelles du code du travail conjuguée à des pratiques peu responsables de gestion de relations professionnelles et de dossiers revendicatifs, ainsi qu’a une absence d’intervention efficace et équilibrée des représentants de l’administration.

promotion de la conformité sociale et modernisation des relations professionnelles

La mise en oeuvre impérative d’un plan stratégique de sauvegarde et de développement

La période allant de 2004 à nos jours, a mis en évidence les caractéristiques majeures du défi de développement d’un segment de l’économie agro industrielle du Maroc. Cependant, l’importance de ce secteur dans le développement durable du monde rural tant au niveau de l’emploi que de la sécurité alimentaire exige la mise en œuvre d’un plan stratégique de sauvegarde et de développement qui doit être adopté par l’ensemble de la profession et qui doit être axé sur l’équilibre de la ressource en eau, l’amélioration et l’optimisation de la commercialisation, le respect de normes minimales de rendement quantitatif et qualitatif et enfin la promotion de la conformité sociale et la modernisation des relations professionnelles.

C’est ce dernier point qui nous intéresse, et a ce sujet, il est important de signaler que la conformité sociale et le climat social sain ne peuvent s’instaurer que par l’expression de positions et d’attitudes très nettes et claires autant des partenaires concernés que des administrations en relation avec le dossier social. Aussi il est urgent d’appeler à un plus grand sens de responsabilité et d’engagement des différents intervenants chacun dans le champ de ses compétences et attributions comme condition de garantie d’un climat social sain.

Pour ce faire, la profession devra œuvrer pour la prise de mesures urgentes qui permettra d’éviter les formes extrêmes de revendications en assurant une résolution et un arbitrage plus efficaces et mieux équilibrés des conflits et enfin qui permettra également de redynamiser la commission interministérielle chargée du monde rural pour être une plate forme permanente d’échanges avec les professionnels et partenaires du secteur. Dans ce cadre toute la priorité doit être donnée à l’adhésion des partenaires économiques et sociaux à une charte de concertation sociale qui permette d’assoir un code déontologique et des règles de gestion des relations professionnelles.

nous suggérons que ce chantier soit orienté vers la mise en place d’une charte de concertation sociale

Vers une charte de concertation sociale

Sans attendre les conditions lointaines et irréalistes de mise en place d’une convention collective sectorielle, nous suggérons que ce chantier soit orienté vers la mise en place d’une charte de concertation sociale qui prépare par ses prédispositions un climat social et une ambiance relationnelle positive. Aussi, cette charte, élaborée en conformité avec les dispositions du code du travail, devra s’inscrire dans le cadre d’une approche participative fondée sur le respect mutuel, l’engagement, la volonté d’ouverture et le maintien d’un dialogue responsable et constructif. Elle engage la responsabilité de tous et offre un cadre souple de concertation et de dialogue qui reste, ouvert à toutes les améliorations jugées nécessaires.

Ses dispositions constitueront des règles de vie qui permettent aux managers, et aux représentants du personnel de s’impliquer et de progresser ensemble par la mise en place d’engagements réciproques permettant de répondre tant aux exigences de qualité, et de compétitivité du secteur, qu’aux aspirations légitimes de promotion sociale des salariés.

Cette charte ne peut voir le jour sans une adhésion sans équivoque a la mise a niveau économique et a la conformité légale, mais dans le respect par tous des dispositions prévues par la loi en matière de garanties sociales, de flexibilité adaptée aux spécificités de l’exploitation agricole, de respect de la propriété et de protection de la liberté de travail. Aussi est il important que la spécificité du secteur agricole soit reconnue et prise en compte par les décideurs. Cette spécificité reste et restera longtemps caractérisée par la saisonnalité de son activité et des divers travaux liés aux cultures, les variations fréquentes des effectifs employés par période et par culture, les ajustements au jour le jour des effectifs dictés par les aléas climatiques et les facteurs exogènes et le faible niveau d’organisation administrative des exploitations agricoles par rapport aux flux de main d’œuvre.

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