La pénurie d’eau au Maroc : Un défi pressant pour les agriculteurs et un appel à repenser l’avenir rural
La pénurie d’eau persistante au Maroc a des conséquences dévastatrices sur les revenus des agriculteurs, selon les avertissements de M. Mohamed Taher Sraïri, l’un des plus importants experts dans le domaine au Maroc. Les régions agricoles, en particulier celles dépendantes de l’irrigation, sont durement touchées par cette crise, mettant en péril les moyens de subsistance des habitants ruraux.
La situation est exacerbée par une sécheresse persistante qui s’étend depuis cinq années consécutives. Les agriculteurs, confrontés à l’épuisement des ressources en eau, sont contraints de se tourner vers des alternatives telles que l’eau pluviale. Cependant, cette solution s’avère insuffisante face à l’ampleur du problème. Les cultures céréalières et l’élevage, activités ancrées dans la tradition agricole marocaine, sont particulièrement touchés.
Se confiant à LeMatin dans un article très complet sur le sujet, M. Sraïri souligne que la production animale est fortement impactée, en particulier la production laitière. Pour obtenir un litre de lait, une consommation de 1 500 litres d’eau est nécessaire. L’agriculture intensive, qui était tolérée lorsque les précipitations étaient suffisantes, est désormais insoutenable dans un contexte de rareté de l’eau.
Face à la pénurie, les agriculteurs se tournent vers une solution innovante : l’importation d’eau virtuelle. Dans le cas du lait, par exemple, la poudre de lait est de plus en plus importée pour maintenir l’approvisionnement du marché. Cette stratégie est également appliquée aux animaux vivants. Cependant, il est clair que cette solution n’est qu’un palliatif, soulignant la nécessité d’explorer des alternatives plus durables.
Un appel à un changement de paradigme et une diversification
M. Sraïri est catégorique : la pénurie d’eau est désormais structurelle et appelle à une réflexion approfondie sur l’avenir de la population majoritairement rurale. Il est temps de repenser l’agriculture marocaine et d’adapter les pratiques aux contraintes de la pénurie d’eau. Il souligne également la nécessité d’abandonner l’idée que le Maroc peut être une puissance agricole, compte tenu de son climat aride ou semi-aride.
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Pour surmonter ce défi, M. Sraïri appelle à discuter du devenir des territoires et à envisager la diversification des activités en dehors de l’agriculture. Il insiste sur le fait que dans les zones arides à semi-arides, l’agriculture ne peut plus être la locomotive du développement économique. Il est temps de repenser l’avenir rural et d’explorer des avenues alternatives pour garantir la résilience des communautés face à la pénurie d’eau devenue une réalité persistante.