Le marché du melon au sein de l’Union européenne connaît une mutation notable. Selon un rapport publié par Hortoinfo le 9 mai 2025, les ventes de melons espagnols sur le marché européen ont chuté de 32,27 % depuis 2019, une année record au cours de laquelle l’Espagne avait vendu 409,85 millions de kilos de melons aux États membres de l’UE. En 2024, ce chiffre est tombé à 277,6 millions de kilos.
Malgré cette baisse significative, l’Espagne demeure le principal fournisseur de melons dans l’UE, avec 34,35 % des volumes totaux commercialisés, confirmant son rôle central dans un marché en contraction. En effet, l’ensemble des États membres n’a acheté que 808,18 millions de kilos en 2024, soit une baisse de 24,84 % par rapport à 2019.
Le Maroc vend moins… mais mieux
Parmi les pays fournisseurs de melons à l’Union européenne, le Maroc se distingue par sa stratégie de montée en gamme. Avec 40,51 millions de kilos exportés vers l’UE en 2024, le royaume occupe la cinquième place du classement des fournisseurs en volume, derrière l’Espagne, le Brésil, les Pays-Bas et l’Italie. Ce chiffre marque toutefois un recul de 11,05 % par rapport à 2019.
Maroc : melons ont été vendus à un prix moyen de 1,43 €/kg
Mais là où le Maroc frappe fort, c’est sur la valeur à l’unité : ses melons ont été vendus à un prix moyen de 1,43 €/kg, le plus élevé parmi les cinq principaux fournisseurs. À titre de comparaison, les melons espagnols ont été vendus en moyenne à 1 €/kg, ce qui signifie que les melons marocains ont été 43 % plus chers que ceux de l’Espagne. Une performance qui reflète une orientation vers un segment plus premium ou une valorisation liée à la saisonnalité et à la qualité.
L’Espagne reste une puissance du melon, mais s’interroge alors que l’Italie fait exception
Malgré un recul en volume, les revenus générés par les ventes espagnoles sur le marché européen restent conséquents, atteignant 277,91 millions d’euros en 2024. Cette somme a été obtenue à un prix moyen en hausse par rapport à 2019 (0,76 €/kg alors), signe que le marché reste favorable à une valorisation qualitative plutôt que quantitative.
Cependant, la concurrence s’intensifie. Le Brésil, deuxième fournisseur du marché européen avec 179,32 millions de kilos vendus, maintient une part significative (22,19 %) malgré un recul de 17,57 % depuis 2019. Ses revenus s’élèvent à 154,58 millions d’euros, avec un prix moyen de 0,86 €/kg, inférieur à celui de l’Espagne.
Les Pays-Bas, en troisième position, ont écoulé 107,4 millions de kilos en 2024, pour 149,58 millions d’euros de revenus, à un prix moyen de 1,39 €/kg. Ces chiffres s’expliquent en grande partie par leur rôle de plateforme de réexportation : le pays a importé cette même année plus de 185 millions de kilos, principalement du Brésil, d’Espagne, du Honduras et du Costa Rica.
À contre-courant, l’Italie se démarque par une progression spectaculaire de ses ventes sur le marché européen. En 2024, elle a écoulé 43,43 millions de kilos, soit une hausse de près de 70 % par rapport à 2019. Ce regain d’intérêt pourrait refléter une meilleure intégration des produits italiens dans la chaîne logistique européenne ou un positionnement saisonnier opportun.
Une filière en pleine recomposition
La baisse généralisée des achats de melons par les États membres de l’Union européenne souligne un changement structurel de la demande. Si la consommation globale semble fléchir, la valeur par kilo, elle, augmente, poussant les pays producteurs à ajuster leur stratégie : entre maintien des volumes, comme l’Espagne, ou recherche d’une meilleure rentabilité par kilo, comme le Maroc.
Alors que les conditions climatiques, les coûts logistiques et les exigences de qualité influencent de plus en plus les flux agricoles, le marché européen du melon semble amorcer une mutation durable, où l’arbitrage entre quantité et qualité devient décisif.