En Mauritanie vient d’être menée la première expérience à grande échelle de culture de blé, marquant un réajustement dans la stratégie agricole nationale. En mars dernier, dans la commune de Rosso, 200 hectares de sols sablonneux ont été exploités pour cultiver deux variétés de blé, avec un rendement entre 4 et 5 quintaux par hectare, selon le ministère de l’Agriculture mauritanien.
Ce projet est le fruit d’une collaboration entre le gouvernement mauritanien et deux sociétés privées agricoles, signalant une volonté de diversifier les sources de céréales du pays. Jusqu’à présent, la Mauritanie, largement dépendante des importations de blé, voit dans ces résultats prometteurs une opportunité de réduire cette dépendance.
Isselmou Ould Sid El Moktar, délégué régional du ministère de l’Agriculture dans le Trarza, souligne à RFI l’efficacité de la culture de blé comparée à celle du riz, notamment en termes de coûts d’eau et de gestion des maladies. « Le blé est moins contraignant et pourrait bien être une culture plus durable pour notre environnement », affirme-t-il.
Nécessaires et stratégiques pour l’autosuffisance alimentaire du pays
L’État a joué un rôle crucial en soutenant ce projet par des mesures telles que la fourniture d’engrais, l’amélioration de l’accessibilité des zones agricoles, la protection des cultures et l’électrification des zones de production. Isselmou Ould Mohamed Taleb, économiste et statisticien, considère ces interventions comme « nécessaires et stratégiques pour l’autosuffisance alimentaire du pays », surtout dans le contexte de l’expiration de l’accord sur les exportations de céréales ukrainiennes.
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Toutefois, la rentabilité de cette nouvelle culture par rapport au riz subventionné reste une question ouverte. Le blé doit non seulement être rentable mais aussi compétitif face aux importations. De plus, la formation d’une main-d’œuvre qualifiée et la mobilisation des ressources foncières sont des défis à surmonter.
Avec plus de 75 000 tonnes de blé importées en 2022 pour une valeur de 322 millions de dollars, la réussite de la culture de blé en Mauritanie pourrait significativement transformer le paysage agricole et économique du pays. L’initiative de Rosso pourrait bien être le début d’une ère de sécurité alimentaire renforcée et de réduction de la dépendance extérieure.
Ce projet pilote en Mauritanie est un exemple de la manière dont l’innovation agricole, soutenue par des politiques publiques et des investissements stratégiques, peut transformer les défis en opportunités. Pour un pays habitué à importer la majeure partie de ses besoins en blé, les récents développements pourraient bien être le germe d’une révolution agricole durable.