Dégradation de 65% des terres agricoles en Afrique depuis 1950 à cause de la désertification.
L’accélération de la mise en œuvre des programmes de lutte contre la désertification et la gestion durable des terres est devenue une nécessité impérieuse dans le continent africain, très vulnérable aux changements climatiques, a indiqué, vendredi à Rabat, le Directeur de la planification du système d’information et de la coopération au ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Fayçal Benchekroun.
Dans une allocution à l’ouverture de la 2è édition du Colloque international sur la gouvernance climatique en Afrique, qui se tient à l’initiative de l’Université internationale de Rabat sous le thème: « La lutte contre la désertification: le projet de la grande muraille verte », M. Benchekroun a fait savoir que la désertification, dont les prévisions sont déjà alarmantes, s’est traduite par la dégradation de 65% des terres agricoles en Afrique depuis 1950.
Rappelant que 30% des terres arides en Afrique sont en voie de désertification, le responsable a signalé que le taux de déforestation dans le continent est déjà trois fois plus que la moyenne mondiale avec une tendance à la hausse.
Cette situation, explique M. Benchekroun, se trouve amplifiée par la forte dépendance du continent africain vis-à-vis des ressources naturelles, sachant que les secteurs de l’agriculture, des mines, et des forêts fournissent plus de 80% des emplois en Afrique, ajoutant que pour les quinze prochaines années, « environ 200 millions de jeunes africains sur les 375 millions, qui entreront sur le marché du travail, vivront dans les zones rurales ».
Dans ce sillage, l’initiative de la « Grande Muraille Verte constitue « un pilier du développement durable de la région, grâce à une gestion responsable des terres à l’appui de l’agriculture, à l’agro-foresterie, à des bassins de stabilisation et de retenue d’eau, des ouvrages hydrauliques, des micro-investissements et des activités locales de régénération des écosystèmes, a-t-il noté.
Par ailleurs, le Maroc, qui érige depuis des années une coopération étroite avec des pays de l’Afrique est disposé à partager son expérience dans le domaine, a souligné le responsable, ajoutant que pour ceci, le Royaume devra mettre tous les moyens nécessaires dans le cadre de l’initiative pour l’Adaptation de l’agriculture africaine au changement climatique, dite « Initiative Triple A » qui a été promue lors de la COP22 et l’Initiative 3S « Stabilité, Soutenabilité et Sécurité » en Afrique.
De son côté, le vice-président de l’Université internationale de Rabat, Abdelaziz Benjouad a mis en avant l’importance du projet « Grande muraille verte » pour la prospérité du continent africain avec de multiples impacts, notamment la lutte contre la désertification dans la région du Sahel et la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle continentale.
Ce projet, qui rejoint l’initiative triple A concernant l’adaptation de l’agriculture en Afrique, à la fois d’intérêt environnemental et socio-économique, interpelle également un accompagnement par la recherche et l’innovation, a relevé M. Benjouad.
Il a, dans ce sens, indiqué que les chercheurs africains de part et d’autre de la « Grande muraille verte » ont un rôle à jouer dans l’accompagnement et la gestion scientifique pour des retombées profitables, à la fois pour la société et l’environnement.
Pour sa part, le secrétaire général du Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (CIRED), Naceur Chaabane a fait remarquer qu’en dépit de la responsabilité limitée des pays africains dans le dérèglement climatique, « certains ont surpris la communauté internationale par leur engagement dans des projets de développement apportés bas carbone ».
Il a en outre affirmé que le projet « Grande muraille verte », qui répond aux 17 objectifs du développement durable, vise une transition vers une société et une économie dé-carbonée, laquelle initiative constitue « un exemple réussi des projets de développement durable respectueux de l’environnement ».
Organisé en deux jours sous l’égide du ministère de l’Agriculture, de la pêche Maritime, du développement rural et des eaux et forêts, en partenariat avec la Fondation Konrad Adenuaer Stiftung et le CIRED, ce colloque vise à examiner les enjeux et les défis de la gouvernance climatique en Afrique, notamment de la « Grande muraille verte ».
Il vise aussi à formuler des recommandations susceptibles d’aider les décideurs et les acteurs associatifs à mieux intégrer la lutte contre la désertification dans des projets de développement durable.