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Framboises - ph : DR

Fraise, framboise, cerise … le Maroc voit rouge

Fraise, framboise, cerise…ces fruits rouges qui cartonnent.

Elles sont rouges. Une couleur chaude souvent associée, dans le langage financier, à la mauvaise performance (petite flèche rouge marquant la régression). Mais il n’est rien dans la réalité ! La production des fruits rouges au Maroc est dans le vert. Fraise, framboise, cerise, myrtille et compagnie cartonnent.

Ces dernières années, notamment en raison des efforts déployés par le Royaume dans le cadre du Plan Maroc Vert, ont été témoins d’un essor fort remarquable des fruits rouges. Avec trois principales régions de production, le Gharb, le Souss Massa, et le Loukkos, la production annuelle des fruits rouges est passée de 107.320 T en 2009 à 197.000 T en 2018, générant plus de 10,4 millions journées de travail par an.

Une évolution de 84%, d’après les données communiquées à la MAP par le ministère de Tutelle. Une performance qui s’explique notamment par la forte croissance de la superficie dédiée aux fruits rouges ayant passé d’environ 3.035 Ha en 2009 à 8.400 Ha en 2018, soit une augmentation de 177%.

Ainsi, si ces fruits devraient rougir, ce n’est par confusion ou par timidité, mais par fierté ! Les fruits rouges font désormais partie de ces produits porte-étendard de l’agriculture marocaine moderne. Reste à découvrir les raisons d’une telle performance…

Fruits rouges: Une production dans le vert

L’évolution de la superficie et de la production des fruits rouges a impacté positivement le chiffre d’affaires de cette filière qui s’est établi, l’année écoulée, à 3,76 milliards de dirhams (MMDH). Et ce n’est pas tout. Près de 88% de la production est destinée aux marchés internationaux. En effet, l’exportation des fruits rouges a aussi connu une augmentation remarquable et est passée de 66.332 tonnes en 2010-2011 à 115.442 tonnes en 2017-2018, et ce au niveau des trois principales zones de production que sont, le Gharb, le Loukkos et le Souss Massa, le volume exporté des fruits rouges représentant en moyenne 60 à 70% de la production totale des fraises, 90 à 95% des framboises et plus de 95 % des myrtilles. Concernant la destination des exportations, les marchés d’exportation demeurent très diversifiés, avec 41 pays destinataires dans les cinq continents. La destination principale reste l’Union européenne avec, au titre de la campagne 2017-2018, des exportations à hauteur de 90% aux marchés européens, 5% pour l’Asie, 1,5% pour les pays du Golf et 4,5% pour les pays de l’accord de libre-échange nord-américain (ALENA), d’Afrique, d’Amérique du sud, des pays de l’Europe centrale et orientale (PECO) et l’Océanie.

Il faut dire que les actions entreprises dans le cadre du Plan Maroc Vert pour promouvoir les fruits rouges sont pour beaucoup dans l’évolution de cette filière, à commencer par le volet valorisation de la production. En effet, le conditionnement de la production des fruits rouges est réalisé via 62 unités installées dans différentes régions du Maroc, dont 27 unités dans la région de Rabat-Salé-Kénitra, 13 unités dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, 20 unités dans la zone du Sud et deux unités dans la zone du centre du Royaume.

Intervenant lors de la troisième édition du Festival national des fruits rouges tenue fin mars dernier -Eh oui, les fruits s’offrent le luxe d’un festival dédié- Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, a souligné que le Plan Vert Maroc a consacré d’importants investissements aux fruits rouges, étant une filière agricole à forte valeur ajoutée.

Le responsable a, par ailleurs, estimé qu’en pariant sur ce produit, le Maroc a fait le “bon choix”, au regard de sa disponibilité dans le marché intérieur et de ses implications socio-économiques, notamment la création d’emplois.

La filière des fruits rouges au Maroc englobe trois cultures principales de haute valeur ajoutée, à savoir le fraisier, développé durant les années 80, le framboisier, le myrtillier et le mûrier, introduits en 2007, en plus de la culture du goji récemment adoptée dans la région du Gharb, pour la diversification de l’offre nationale sur le marché d’export en fruits rouges.

Rabat-Salé-Kénitra, champion national des fruits rouges

Les ressources naturelles favorables à la production des fruits rouges ont conféré à la région de Rabat-Salé-kénitra une vocation de production des fruits et légumes en général et une position d’avant-garde dans la production des fruits rouges au niveau national.

Cette croissance a été favorisée par les conditions agro-climatiques convenables, la disponibilité des ressources hydriques, la proximité géographique avec l’Europe, une main-d’œuvre qualifiée et l’installation de grandes entreprises de production fortement intégrées et dotées de moyens technologiques et logistiques nécessaires pour une production de qualité et son exportation, sans oublier les incitations accordées par l’État.

Selon des données fournies à la MAP par l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb (ORMVAG), la production totale des fruits rouges dans la région a atteint 127.400 tonnes au titre de l’année 2018/19, soit 65% de la production nationale, dont 110.600 tonnes de fraises, 10.360 t de myrtilles et 6.200 t de framboises.

Portée par le Plan Maroc Vert, la superficie des fruits rouges au niveau de la région du Gharb a enregistré une forte croissance pour s’établir à 4.330 ha, alors que le rendement réalisé est en moyenne de 42 T/Ha pour le fraisier et varie entre 10 et 12 T/Ha pour les myrtilles et les framboises.

La filière des fruits rouges génère environ 5,3 millions de journées de travail dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. Le taux d’exportation des fruits rouges au niveau de la région s’élève à 68.631 t au titre de l’année 2017/2018, avec une proportion de 56% transformés et 44 % frais, précise l’Office.

La valorisation et le conditionnement de la production sont assurés par 27 unités dans la région.

Dans une déclaration à la MAP, en marge du troisième festival des fruits rouges, le chef du département de développement agricole à l’Office régional de mise en valeur agricole du Gharb (ORMVAG), Allal Zbair, a souligné que de par sa rentabilité et les possibilités offertes de partenariat entre les petites exploitations et les grandes unités de valorisation pour l’export, cette filière assure un revenu stable aux petits agriculteurs, notant qu’elle induit également le développement d’activités para-agricoles et un tissu agro-industriel important dont les retombées économiques sont notables sur la collectivité locale.

Culture du fraisier, un processus complexe

La culture de la fraise est un processus complexe qui nécessite un savoir-faire minutieux et un suivi méticuleux de la part des producteurs pour garantir une bonne récolte. Le fraisier demande un sol sablonneux, aéré et bien drainé, craint l’humidité stagnante et préfère les sols humifères à texture légère et légèrement acides, avec un potentiel Hydrogène (pH) entre 6 et 6,5. En ce qui concerne les exigences de la culture en sol, quoique le fraisier s’adapte à une large gamme de sols dans la région du Gharb et de Loukkos, il se développe essentiellement au niveau des sols ayant une texture sablonneuse à limoneux-sablonneuse et généralement bien drainés avec un pH optimum du sol de 6,5, selon des données fournies par l’Institut national de la recherche agronomique.

Le fraisier est une rosacée fruitière qui nécessite le froid pour l’initiation florale et pour une bonne production. La température moyenne pour une bonne floraison est de l’ordre de 10 à 15°C. Une bonne fécondation exige une température de 20°C et une humidité relative inférieure à 60%.

Quant à la plantation, elle peut se faire à plat, mais le plus souvent elle se fait sur buttes (planches surélevées de 10-20 cm du sol). Les travaux du sol commencent en août au sein des exploitations et la fin de la production s’achevant en juillet, cela démontre que les producteurs sont occupés quasiment toute l’année entre la préparation des sols, les soins culturaux tout au long du cycle et la récolte des fruits.

Depuis 2010, de nouvelles variétés sont cultivées par les producteurs du Gharb et du Loukkos, qui sont toujours à la recherche de celles produisant des fruits fermes, au bon rendement et résistantes aux attaques multiformes auxquelles le fraisier, culture fragile, fait face.

Les dates de plantation varient beaucoup selon le type de plant utilisé, le climat général de la région et les variétés choisies. Au Maroc, les dates de plantation optimales se situent entre le 15 septembre et début octobre, précise l’INRA. Les principales variétés utilisées au Maroc sont de 3 types, à savoir les variétés remontantes (elles remontent une seconde fois la production au cours de l’année), les variétés non remontantes (fraisier à gros fruit donnant une seule récolte par saison) et les variétés semi-remontantes (intermédiaires entre les variétés remontantes et non remontantes).

Les producteurs cultivent en général plusieurs variétés, dans la mesure où cette diversité permet de toucher les différents segments du marché. Les variétés précoces permettent l’export en frais en mois de novembre, tandis que les celles plus tardives et résistantes au froid sont destinées au marché de la transformation. Selon l’INRA, la récolte des fruits s’échelonne d’une période allant de fin octobre/début novembre jusqu’à juillet. Les fruits sont récoltés manuellement chaque 3 à 4 jours au stade optimal de maturité (fraise ferme pouvant supporter les différentes manipulations de transformation et de transport). Concernant l’irrigation, les systèmes de micro-irrigation de type goutte-à-goutte sont les plus couramment utilisés pour la culture en champ de la fraise.

La culture de la fraise et des fruits rouges est ainsi particulièrement complexe, mais le résultat en vaut largement le coup !

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