Irrigation localisée de la betterave à sucre : Mode d’emploi
L’irrigation localisée se prête parfaitement à la culture de betterave à sucre monogerme. Elle assure les conditions idéales pour une levée réussie et uniforme.
Conduite de la première irrigation
La culture de betterave à sucre sous irrigation localisée est conduite en lignes jumelées : une rampe de goutteurs irrigue deux lignes de betterave espacées de 50 cm. L’écartement entre rampes de goutteurs est par conséquent de 1
mètre. (voir photos ci-dessous).
Pour effectuer la première irrigation après le semis avec un minimum de volume d’eau d’irrigation, il est conseillé aux agriculteurs de procéder en trois étapes :
- Etape 1- Disposer les rampes de goutteurs le long des lignes de semis espacées de 1 mètre et d’irriguer pendant 2,5 à 4 heures, en fonction de l’état hydrique initial du sol et de la texture, jusqu’à l’humectation de 25 cm de part et d’autre de la rampe. Une bande d’environ 50 cm de largeur est ainsi humectée;
- Etape 2- Déplacer les rampes de 50 cm pour les disposer au milieu des bandes non humectées.
- Etape 3- Appliquer une irrigation avec la même durée que la 1ère irrigation (étape 1). La durée totale d’irrigation varie par conséquent entre 5 et 8 heures.
Avec un écartement entre goutteurs de 40cm le long de la rampe, un débit nominal du goutteur de 2 litres/heure et l’écartement entre rampes de 1 mètre, la pluviométrie théorique de l’installation est de 5 mm/heure, ou 50 m3/ heure/Ha.
La dose apportée lors de la première irrigation varie donc entre 20 mm et 40 mm (200 m3/Ha et 400 m3/Ha), et ce en fonction de l’état hydrique initial de la parcelle et de la texture. (Exemple : semis après période pluvieuse ou période sèche).
Besoins en eau d’irrigation de la betterave en goutte à goutte
La reconversion à l’irrigation localisée permet d’augmenter la productivité chez les agriculteurs avec une meilleure valorisation du m3 d’eau. Les besoins en eau de la culture sont définis comme étant la quantité d’eau nécessaire pour satisfaire l’évapotranspiration maximale (ETM) pour une culture saine, dans des conditions, d’alimentation en eau non limitantes. Ces besoins sont généralement estimés par l’approche climatique, en multipliant l’évapotranspiration de référence (ETo) par le coefficient cultural (Kc), soit:
ETM (mm/jour) = Kc x ETo (mm/jour).
ETo est calculée par la formule de Penman-Monteith à partir des données climatiques complètes : température, humidité relative, vent et rayonnement solaire. Ces données sont acquises par les stations automatiques disponibles
dans le périmètre irrigué des Doukkala.
Les besoins en eau de la betterave à sucre ayant une durée moyenne de cycle de 220 jours, varient entre 550 mm (semis précoce) et 690 mm (semis tardif).
Dans les Doukkala, en année climatique normale (pluviométrie totale de 330 mm entre octobre et février) les besoins nets d’irrigation de la betterave à sucre sont estimés comme suit :
- Betterave précoce (semis septembre) : 270 mm (2700 m3/Ha)
- Betterave de saison (semis octobre) : 350 mm (3500 m3/Ha)
- Betterave tardive (semis décembre) : 490 mm (4900 m3/Ha)
Si on considère une efficience d’application de l’irrigation localisée de 80%, les besoins bruts d’irrigation varieront entre 340 mm (semis précoce) et 610 mm (semis tardif), en année climatique normale.
Conduite de l’irrigation de la betterave en goutte à goutte
Les besoins en eau bruts d’irrigation de la betterave à sucre varient fortement au cours du cycle de la culture. Pour une culture conduite en irrigation localisée (Efficience d’application de 80%), en année climatique normale, et à titre
indicatif ; les besoins bruts journaliers maximums varient comme suit:
Dans le cas de disponibilité de données climatiques permettant le calcul de l’ETo (Formule Penman-Monteith), les besoins bruts journaliers devront être calculés. Ces besoins devront être satisfaits par le système d’irrigation localisée
s’il n’y a pas de pluie.
Connaissant la pluviométrie théorique de l’installation en mm/heure (ou m3/ha/heure), la durée d’irrigation est calculée de manière à compenser les besoins en eau bruts de la culture.
A titre d’exemple :
– Pour un débit moyen des goutteurs qg de 2 litres/heure, des écartements de 40cm entre goutteurs et 1mètre entre rampes, on calcule la pluviométrie théorique de l’installation comme suit :
Pth (mm/heure) = qg (l/h) / 0,40 (m) x 1 (m)
Soit 5 mm/heure (ou 50 m3/Ha/heure)
– Si l’agriculteur irrigue tous les deux jours en avril et mai, le besoin brut total est de 9,6 mm (4,8mm/jour x2), soit une durée d’irrigation de 2 heures (9,6 /5) tous les deux jours.
– Si l’agriculteur irrigue tous les quatre jours de janvier à mars ; le besoins total des quatre jours est de 8 mm (2mm/jour x4), soit une durée d’irrigation de 1 heure 36 minutes.