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Maroc bientôt le reboisement de l'arganier dans toutes les régions
Arganier Maroc - photo : DR

Réflexions sur l’argan du Maroc et son développement

L’arganier, une forte demande internationale entre réhabilitation et développement.

Moyennant son endémisme et ses dimensions économique, sociale et environnementale, la filière de l’arganier est un levier de l’économie régionale avec une portée et visibilité à l’international. Avec plus de 800 coopératives et GIE, et plus de 500 sociétés, les acteurs du secteur s’inquiètent vis-à-vis de l’avenir de l’argane. Du prix élevé de la matière première à la demande excessive des marchés internationaux, la filière de l’arganier exige une réflexion afin de générer de nouvelles stratégies.

D’après l’Agence nationale pour le développement des zones oasiennes et de l’arganier (ANDZOA), la réserve de biosphère de l’arganeraie (RBA) couvre une superficie d’environ 2,5 millions d’hectares, dont 830 000 ha consacrés à l’arganier. D’ores et déjà, l’arganier contribue activement au développement économique et social des régions Souss-Massa, Marrakech-Safi (Essaouira) et Guelmim Oued Noun (Guelmim & Sidi Ifni).

Pour rappel, le premier contrat programme de développement de la filière d’arganier, signé le 26 avril 2011 et s’inscrivant dans les grandes orientations du Plan Maroc Vert (PMV), a été couronné par des résultats très satisfaisants. Il s’agit de la réhabilitation de 164 500 ha pour la période 2012-2020, plantation de plus de 7 218 ha d’arganiculture, production de 192 000 T de fruit secs, et exportation de 1 202 T de l’huile d’argane en 2021.

À l’heure qu’il est, la filière de l’argane se trouve portée par deux nouvelles stratégies nationales : Génération Green 2020-2030 & Forêts du Maroc 2020-2030. Ces dernières mettent en place les mécanismes et les programmes pour ériger un nouveau modèle de développement de la filière en une véritable économie, devant valoriser l’homme et préserver son écosystème. Également, elles cherchant par la proximité et l’approche participative à opérer dans le cadre d’une économie régionale, un développement humain équilibré où l’approche genre sera privilégiée.

« Actuellement, le prix de production de 1 L d’huile d’argane a atteint 470 DH et se vend à 500 DH/L »

« Le contrat programme nouvelle génération de la filière de l’argane 2021-2030 assure une réelle convergence des stratégies nationales mises en place par le Ministère de l’agriculture », rappelle l’ANDZOA. Parmi les objectifs phares de ce nouveau contrat programme à l’horizon 2030 : la réhabilitation de l’arganeraie sur une superficie de 400 000 ha et le développement de l’arganiculture sur une superficie de 50 000 ha.

Des contraintes à surmonter

Prix Moyen de production de l'huile d'argan - photo : Morocco Foodex
Prix Moyen de production de l’huile d’argan – photo : Morocco Foodex

Aujourd’hui, les acteurs de la filière font face à des défis et enjeux majeurs. D’un côté, le secteur manque d’une gestion durable des ressources et des effets des changements climatiques. Pour la production de l’huile d’argane, « le manque de précipitations influence de manière directe le prix de la matière première, et par conséquent le prix de la production. Actuellement, le prix de production de 1 L d’huile d’argane a atteint 470 DH et se vend à 500 DH/L », alerte Ahmed Atbir, Président de la Fédération interprofessionnelle de la filière de l’argane (FIFARGANE).

D’un autre côté, l’arganier souffre des risques liés aux pressions anthropiques, en l’occurrence le surpâturage et la surexploitation des ressources de la RBA. Côté marché, les aléas de la demande internationale et la volatilité des marchés demeurent présents. « Une forte demande sur l’huile d’argan nous emmène directement à mettre de la pression sur l’arbre, ce qui influence négativement la récolte sur les années à venir », explique Ahmed Atbir.

Pour l’aspect social, l’ANDZOA insiste sur une intégration plus profonde de la femme dans le cycle vertueux de la création et de la répartition de la valeur. Enfin, l’Agence évoque le côté technique via la modernisation des procédés et des outils de production, d’une part, et la généralisation et intégration les résultats de la recherche scientifique au niveau des maillons de la filière, de l’autre part.

« Il est difficile d’exporter nos produits tant que la matière première est chère »

De son côté, Morocco Foodex, à travers son webinaire du 10 mars sur l’arganier, a évoqué la problématique d’approvisionnement en matière première, la sécurisation des contrats à l’export, ainsi que la fluctuation et volatilité du prix du fruit. « Il est difficile d’exporter nos produits tant que la matière première est chère », déclare Mustapha Khibabi, responsable à Cap’Export. Outre, la baisse du prix de l’export inquiète les professionnels. « Même avec de nouveaux marchés explorés, le professionnel demeure confronté par la suite à une baisse remarquable du prix moyen de l’export », ajoute-t-il.

Enfin, une autre réflexion s’impose concernant la situation des coopératives. La faible capacité d’investissement et le manque d’encadrement se reflète sans doute sur la compétitivité de ces dernières, en comparaison avec les entreprises. « En 2019, les exportations ont concerné 70% des entreprises et 30% des coopératives. Cependant, 6% des coopératives uniquement arrivent à réussir l’export », souligne Morocco Foodex. À ce titre, Mustapha Khibabi interprète ces résultats par les lacunes dans la logique du marché, relatives aux coopératives.

Transformation de l’argane : des opportunités à saisir

Certes, la filière de l’argane ressent la faible compétitivité des coopératives vis-à-vis des sociétés du secteur privé au niveau de la commercialisation des produits dérivés de l’arganier. Toutefois, l’angle transformation du secteur garde toujours ses forces. « Le développement de la mécanisation a permis d’augmenter les rendements à l’extraction de 40% à 56% dans le cas de l’extraction à froid ; ce qui contribue à l’amélioration des revenus des professionnels », indique l’ANDZOA.

Ainsi, la même source recommande vivement une orientation vers la valorisation de l’huile d’Argane, par le biais de la promotion d’autres usages en plus des usages alimentaires et cosmétiques notamment en médecine, en pharmacologie et la valorisation des produits de haute valeur ajoutée, afin de répondre à la demande croissante des produits bio sur le marché.

Outre les tendances du bio, d’autres opportunités à saisir se pose sur la table : « la filière peut toujours profiter de l’appui institutionnel, des tendances du Green Deal, des objectifs de la stratégie Génération Green, en plus de la grande dynamique du marché asiatique, des tendances du Clean Beauty et du e-commerce », énumère Morocco Foodex.

Evolution des exportations en volume - Morocco Foodex
Evolution des exportations en volume – Morocco Foodex
Top 10 mondial des acheteurs d'huile d'argan - Morocco Foodex
Top 10 mondial des acheteurs d’huile d’argan – Morocco Foodex

4 axes pour une meilleure stratégie d’exportation

En termes d’exportations, la période entre 2008 et 2020 a enregistré un taux de croissance annuel moyen de 12%. Suite aux impacts de la pandémie liée au Covid-19, la filière a témoigné d’une baisse de -18% entre 2019 et 2020, allant respectivement 1 507 T à 1 239 T exportés. Généralement, « le secteur de l’argane démontre une amélioration importante ces dernières années, en volume et en chiffre d’affaire », affirme Morocco Foodex. Effectivement, le Maroc exporte l’huile d’argan vers plus de 100 pays. Les parts les plus importantes vont vers la France (37%), États-Unis (16%) et l’Allemagne (13%).

Selon Morocco Foodex, malgré la forte demande du marché mondial et le taux de croissance enregistré, une stratégie de développement des exportations se révèle primordiale. Selon M. Khibabi, 4 possibilités existent. D’un côté, le Maroc doit chercher à augmenter le chiffre d’affaire de la filière, en consolidant les marchés existants. « Nous pouvons faire la promotion des produits existants ou/et en repositionnant nos marques (pas de nouveau client/pas de modification produit) », indique M. Khibabi. D’un autre côté, les acteurs de la filière peuvent pénétrer de nouveaux marchés pour le même produit. Il s’agit de chercher de nouvelles cibles, notamment l’Asie (Corée du Sud et Japon), Moyen-Orient et Amérique Latine.

Par ailleurs, le Royaume peut agir sur le produit. En effet, augmenter le chiffre d’affaire grâce à des nouveaux produits sur les marchés traditionnels, demeure une option. Enfin, le Morocco Foodex conseille les professionnels par la diversification : commercialiser de nouveaux produits adaptés à des nouveaux clients.

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