Greenpeace attaque la cooopérative agricole InVivo.
Une quinzaine de militants de Greenpeace ont occupé mercredi matin à Paris l’entrée du siège de la première coopérative agricole de France, InVivo, avec de gros bidons symbolisant des pesticides pour dénoncer l’utilisation intensive de ces produits, a constaté un journaliste de l’AFP. Les militants ont également déployé une banderole sur la façade d’InVivo qui proclame « Philippe Mangin, Thierry Blandinières: empoisonneurs », en référence au président de la coopérative et à son directeur général. Les salariés ont pu accéder aux locaux par une entrée à l’arrière de l’immeuble et les policiers ont délogé dans le calme des militants enchaînés à des bidons et à une mezzanine dans le hall. L’action a pris fin à la mi-journée, a indiqué Greenpeace.
L’ONG dénonce le rôle des coopératives agricoles, à la fois vendeurs de pesticides et conseillers des agriculteurs. « La vocation d’une coopérative agricole comme InVivo est d’être au service des agriculteurs, pas de les empoisonner avec des pesticides« , estime dans un communiqué Anaïs Fourest de Greenpeace France. « InVivo n’entend ni arrêter ses investissements dans les pesticides ni stopper la distribution des plus dangereux d’entre eux, mais pire la coopérative agricole rejette la responsabilité de l’addiction de l’agriculture française aux pesticides sur le gouvernement, voire sur les agriculteurs eux-même », a déploré Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, à l’issue d’une rencontre avec la direction d’InVivo.
« Les produits phytosanitaires occupent aujourd’hui une place incontournable dans la palette des solutions disponibles pour répondre à l’objectif de produire plus et mieux », a pour sa part réagi InVivo dans un communiqué. « Afin d’optimiser l’utilisation de ces produits, InVivo investit dans les technologies de pointe (outils d’aide à la décision, agriculture de précision). Simultanément, InVivo consacre des moyens importants (200 collaborateurs dédiés) à la recherche et au développement dans les domaines de l’agro-écologie (qualité de l’eau, biodiversité, réchauffement climatique) et du biocontrôle « , a ajouté la coopérative.
Les études montrent que les pesticides ont un impact sur la santé des agriculteurs et des autres utilisateurs professionnels (certains cancers, maladie de Parkinson et d’Alzheimer), ainsi que sur les enfants exposés pendant la grossesse dont les risques de malformations congénitales sont plus élevés. Plus généralement, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a classé le 20 mars le glyphosate, présent notamment dans le Roundup, l’un des herbicides les plus vendus, et les insecticides malathion et diazinon, cancérogènes « probables chez l’homme ».
Les pesticides sont aussi à l’origine de la pollution des sols et des réserves d’eau et sont un des facteurs de la très forte mortalité des abeilles enregistrée ces dernières années. Plusieurs ONG – Fondation Hulot, Générations futures, Humanité et biodiversité – ont annoncé mercredi lancer une pétition pour demander un moratoire en France sur tous les néonicotinoïdes, une catégorie de pesticides particulièrement néfastes pour les abeilles.
Le gouvernement a présenté en février un plan « Ecophyto II », qui vise à réduire de 50% le volume annuel de pesticides utilisés en France d’ici 2025. Le précédent plan, lancé en 2008, a déjà échoué à atteindre cet objectif en 2018, la consommation ayant même augmenté entre 2009 et 2013.
AM avec afp