La filière oléagineuse un vecteur de l’agriculture pluviale au Maroc
Le Maroc consomme annuellement près de 600 000 tonnes d’huiles de graines, dont plus de 90% sont importées. Les protéines végétales, que l’on retrouve dans les tourteaux, sont essentielles pour l’alimentation animale. En effet, le Royaume importe l’essentiel de ses besoins sous forme de tourteaux de soja, soit plus de 950 000 tonnes.
Une filière qui occupe une place prépondérante
Cette dépendance des marchés extérieurs représente une valeur totale estimée à plus de 750 millions de USD. En effet, cette demande est vouée à augmenter avec la croissance démographique et le changement des habitudes alimentaires des ménages marocains. Ainsi, cette situation fragilise la sécurité alimentaire du pays alors que la FAO estime qu’un potentiel de 600 000 hectares pourraient être mobilisés et permettraient de répondre à près de 70% des besoins.
Dans les années 90, le tournesol a connu une période florissante avec une surface avoisinant les 200 000 hectares. L’organisation de la filière et le support de l’Etat ont permis d’atteindre ces niveaux d’emblavement. Cependant, les activités d’appui à la mise en production ont périclité suite au désengagement de l’état et l’attractivité accrue par la conjoncture économique des importations ont freiné cet élan de production nationale.
Relance de la filière des oléagineux
Dans le cadre du Plan Maroc Vert, les cultures oléagineuses ont été soutenues dès 2013 par la signature d’un contrat programme de développement des filières oléagineuses conduit par la FOLEA (Fédération interprofessionnelle des oléagineux) et mise en œuvre par le GIOM, (Groupement des industriels des oléagineux au Maroc) au travers de conventions d’agrégation qui lient les acteurs de l’amont et l’aval de la filière. Par conséquent, l’objectif est d’atteindre 127 000 hectares de surface cultivée en oléagineux, dont 60% de tournesol et 40% de colza – soit près de 55 000 tonnes d’huile 70 000 tonnes de tourteaux.
Ce cadre permet de garantir un accompagnement des agriculteurs, la mise à disposition d’intrants, l’organisation de la collecte et la fixation des prix aux producteurs.
Ainsi, les réalisations sont considérables :
- La FOLEA a engagé des investissements au niveau des unités de valorisation de l’ordre de 171 millions de dirhams,
- Un accord avec Crédit Agricole du Maroc permet depuis 2016 aux producteurs de cultures oléagineuses de bénéficier d’un préfinancement de campagne avec des conditions avantageuses,
- Un système d’assurance multirisque climatique a été étendu aux cultures oléagineuses,
- La surface globale des oléagineux a été quintuplée, passant de 14.000 Ha à près de 60 000 Ha, avec un pic de production de 22 KT en 2015. Le GIOM est pratiquement le seul agrégateur dans les zones pluviales qui a atteint ces surfaces et un nombre d’agrégés de plus de 1000 agriculteurs ;
- Des bassins de production s’étendent dans presque l’ensemble des régions céréalières du Maroc, y compris dans les zones reculées ;
- L’amélioration du niveau technique des agriculteurs suite à leur encadrement rapproché. Ainsi, l’usage des rouleaux, des semoirs de précision, le raisonnement de la fertilisation, etc. sont devenus des pratiques courantes ;
- Et, la création d’emplois par la mise en place des prestataires de service dans certaines régions.
Des stratégies spécifiques en vue
Malgré les efforts consentis, la filière oléagineuse nécessite davantage de mesures spécifiques d’accompagnement. Et ce, en matière de gestion des risques de sécheresse et de réussite de la levée, de formation des prestataires de services. Egalement, cette gestion de risque va à la subvention des intrants et en particulier des semences. Cela permet ainsi d’améliorer la performance des cultures oléagineuses et la rentabilité des exploitations agricoles marocaines.