Lhafi souligne la nécessité d’accorder une attention particulière contre la désertification.
Le Haut-Commissaire aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification, Abdeladim Lhafi a souligné, jeudi à Rabat, la nécessité d’accorder au défi de la lutte contre la désertification une attention particulière puisqu’il faut restaurer annuellement 12 millions d’hectares à travers le monde pour éviter la dégradation de ces terres et en même temps lutter contre les menaces de l’insécurité alimentaire.
Intervenant à l’ouverture d’un atelier organisé à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la désertification, sous le thème « Investissons dans la gestion durable des terres pour une adaptation efficace au changement climatique », M. Lhafi a affirmé que le Maroc dispose d’une politique pionnière de gestion des ressources hydriques à savoir la politique des barrages et de mobilisation des eaux superficielles.
Le Royaume dispose également d’une expérience très riche en matière de lutte contre l’érosion puisqu’il a réussi à traiter plus de 800.000 hectares sur l’amont des barrages, ce qui a permis de réduire l’envasement des barrage de plus de 35% et ainsi économiser l’eau, a fait savoir M. Lhafi.
Il est à noter que l’approche du Haut commissariat portée par la stratégie 2005-2014, et celle en cours s’étendant sur la période de 2015-2024, repose sur trois composantes, en premier lieu l’approche territoriale, qui considère le territoire comme l’unité d’action, avec les indicateurs propres à chaque écosystème naturel (le Maroc en compte une quarantaine) à partir desquels sont élaborés des politiques publiques au niveau des 8 écorégions définies, a-t-il relevé. La deuxième entrée intègre l’aridité structurelle et les sècheresses conjoncturelles dans les modèles de développement. Et en dernier lieu, il y a la prise en compte de l’adaptation et de la gestion des risques notamment climatiques, a-t-il ajouté.
Ainsi, jusqu’en 2017, plus de 800.000 ha de bassins versants ont été traités, avec la construction d’environ 1.600.000 m3 de seuils de sédimentation. Le reboisement quant à lui a porté sur environ 730.000 ha avec des espèces essentiellement autochtones, telles que le cèdre, le chêne liège, l’arganier, le thuya, le cyprès de l’Atlas et le caroubier, compte tenu de leur rusticité et de leur capacité d’adaptation, a-t-il noté, relevant que le deuxième volet concerne la stabilisation des dunes littorales et continentales. A cet effet, 40.000 ha de dunes sources d’ensablement ont été stabilisés, ce qui a permis d’assurer la protection de plusieurs milliers d’hectares, notamment des oasis, des routes et des systèmes d’irrigation, particulièrement au niveau des provinces du Sud.
Le troisième volet concerne la protection de la diversité biologique. Dans ce sens, le HCEFLCD a créé 10 parcs nationaux sur 772.000 ha et trois réserves de biosphère dans le but de réhabiliter les espèces animales et végétales menacées d’extinction et de reconstituer les écosystèmes naturels dégradés dans le cadre du plan directeur des aires protégées, a-t-il ajouté.
Pour sa part, la représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au Maroc, Florence Rolle, a signalé que la lutte contre la dégradation des terres repose non seulement sur les projets agissants sur l’espace naturel, mais aussi sur des programmes et projets d’amélioration de conditions de vie des populations.
Le Maroc est parmi les premiers pays à avoir signé la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), ratifiée en 1996. Depuis, le pays s’est doté d’un Plan d’action national de lutte contre la désertification (PAN-LCD) reposant sur quatre piliers, à savoir la lutte contre la pauvreté, le développement rural intégré, l’atténuation des effets de la sécheresse et la gestion conservatoire des ressources naturelles, a expliqué M. Lhafi, notant que la coordination de la mise en œuvre du PAN-LCD est pilotée par le HCEFLCD, qui veille en même temps à évaluer l’impact des projets réalisés dans ce domaine par les différents départements ministériels, les agences de développement, les collectivités locales et les ONG.
Dans ce sens, Mme Rolle a rappelé que la FAO, partenaire traditionnel du Maroc, en particulier dans le domaine de la gestion des ressources naturelles et forestières, mène actuellement en collaboration avec le HCEFLCD plusieurs projets visant la restauration des écosystèmes forestiers et la création des sources de revenu pour la population rurale, illustrant ses propos par un projet pilote de lutte contre la pauvreté et la désertification au niveau de deux bassins versants dans la province de Midelt.
L’objectif de ce projet est d’analyser et de planifier la contribution des institutions provinciales, des communautés et des organisations non gouvernementales au niveau des deux bassins versants de Midelt d’une façon intégrée et participative afin d’abouti à la mise en œuvre des plans de cogestion coordonnée, a relevé Mme Rolle, notant que cette expérience unique qui consiste en l’application de la nouvelle génération d’aménagement des bassins versants développés par la FAO, a permis de mettre en place un tissu associatif qui a contribué efficacement à la réalisation de plusieurs actions liées aux forets, l’agriculture, l’élevage et le développement rural.
Inscrite dans le cadre de la commémoration de la Décennie des Nations Unies pour les déserts et la lutte contre la désertification 2010-2020, décrétée par l’Assemblée générale des Nations unies, cette journée a été célébrée le 17 juin, au niveau mondial, sous le thème « La Terre a de la valeur .Investissez-y ».
Cet atelier a connu la participation de représentants des secteurs concernés, des agences de développement, des collectivités locales et des institutions de recherche scientifique et des associations actives dans le domaine de la lutte contre la désertification.