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Réussir la culture de la lavande

La lavande : du semis au traitement post-récolte.

La lavande est une plante aromatique odorante, mellifère, très présente sur le pourtour méditerranéen. C’est une plante médicinale utilisée pour ses vertus antiséptique (hydrolat) ou anti-stress (en infusion)…

Les Lavandes spontanées

Le genre Lavandula est l’un des plus importants genres de la famille des Lamiacées et est riche en plantes a usage multiple, alimentaire, fourrager, aromatique, cosmétique et médicinal. Au Maroc, la bibliographie fait allusion a plusieurs espèces de ce genre, communément appelées lavandes, écologie et phytogéographie diversifiées et dont d’une part, la distinction taxinomique n’est pas des plus faciles et d’autre part, l’éventualité d’un usage différent selon les n’est pas investie. Les espèces spontanées inventoriées sur le terrain en 2014, lors d’une prospection, sont: Lavandula stoechas L, L. atlantica Braun-Blanq , L. pedunculata Mill, L. multifida L, L. dentata L, L. maroccana Murb.
L’aire de répartition et de distribution des lavandes comprend les zones montagneuses du Rif, le moyen Atlas et le haut Atlas.

Le lavandin

L’introduction de la culture du lavandin au Maroc a été faite pour la première fois par les colons et plus précisément le français «Delubac» au début des années cinquante dans la région d’Oulmès et plus précisément a Ait Atta. La distillation se faisait dans la région de «Tidass». Mais, juste après le départ des français, cette culture a été négligée. Dans les années 90 elle a connu une extension significative en raison de la demande croissante dans le marché local et étranger.

Dans la région d’Oulmès, la plante est connue sous le vernaculaire «khouzama» ou lavande. Il existe plusieurs variétés cultivées ainsi que d’autres récemment introduites par les lavandiculteurs eux-mêmes. La variété la plus connue dans la région est Lavandula hybrida abrialis (lavandin).

Le lavandin est bien adapté aux conditions pédoclimatiques de la région montagneuse d’Oulmès, où il est représenté par au moins 3 clones, qui se différencient par les dates de floraison et la couleur des fleurs. Le clone «abrialis» est originaire du Sud de la France et a été développé par le Pr Abrial vers 1920. Il fut par la suite introduit par les Colons français dans la region d’Oulmès, au début des années 50.

Conduite culturale des lavandes et lavandins

Conduite culturale

Le lavandin est une culture pluriannuelle, qui entre en phase de production à partir de la 3ème année, avec un pic de production entre la 6ème et la 8ème année. Cette culture est généralement arrachée au bout d’une vingtaine d’années.

Deux phases sont a distinguer dans la conduite culturale: une phase pépinière et une phase de transplantation en plein champ. La multiplication en pépinière est réalisée par bouturage. Les boutures âgées de 10 mois sont ensuite transplantées en plein champ, en décembre, pendant la saison suivante. La densité la plus rencontrée est 1,5 m x 1,5 m (4.440 pieds/ha), mais certains agriculteurs ont adopté une densité plus importante (0,75 m x 2 m, soit 6.660 pieds/ha) pour augmenter la productivité et permettre la mécanisation de la culture.

Semis

Les semis dans des alvéoles, en pépinière, sont effectués en janvier ou février. Les plantules de lavande/lavandin peuvent être transplantées dans les champs a partir du 15 mai jusqu’à la mi-juin. Les semis sous abri se font toute l’année, surtout en fonction de l’époque de production désirée.

Bouturage

Le prélèvement des boutures s’effectue en fin d’hiver, avant le redémarrage végétatif de la plante (février et mars) car la floraison est un phénomène compétitif de celui de l’enracinement.

Marcottage

Plus facile a réussir que le bouturage mais plus long et moins rentable en nombre de plantes reproduites, le marcottage consiste a provoquer l’émission de racines sur un rameau sans détacher celui-ci de la plante dont il est issu.

Division de touffes

On peut aussi obtenir la lavande en utilisant des éclats issus de la division de plantes touffues bien établis. Cependant, peu importe la méthode choisie, le temps de récolte sera le même.

Plantation

Quelque soit la méthode choisie, il faudra au moins trois ans pour que la plante développe sa production. Le processus est long:

Première année: préparation des plantules ou des boutures pour avoir des plants ;

Deuxième année: transplantation des plants prépares en pépinière dans les champs ;

Troisième année: début de la production.

Il est conseillé de planter au printemps (mars-avril) et jusqu’à mi-juin plutôt qu’à l’automne (novembre-décembre) afin de limiter les déchaussements et la mortalité dus aux effets du gel.
Le lavandin tolère bien la sécheresse, donc il n’est pas nécessaire d’irriguer. Cependant, il est nécessaire d’arroser juste après la plantation afin de favoriser la reprise et plus tard à nouveau en cas de grande sécheresse.

Entretien de la plantation et fertilisation

L’entretien de la plantation du lavandin est limité a un labour moyen au début soit avec la traction animale ou l’action mécanique, suivie d’un binage et d’un désherbage périodique. Le lavandin est généralement cultivé en Bour, ce qui facilite la tache aux agriculteurs et leur minimise les dépenses d’irrigation. A part ces travaux on n’apporte aucun fertilisant et on ne pratique aucun traitement phytosanitaire.

Récolte

Les parties récoltées des lavandes et lavandins sont les sommités fleuries, dans lesquelles on trouve la matière active. En fonction de la variété, l’altitude et les conditions climatiques, la récolte s’étale de début juillet à la fin août pour les lavandes et lavandins.
La récolte artisanale se fait a la main. La mécanisation de la récolte est possible sur de plus grandes surfaces.
La floraison normale s’obtient à partir de mi-mai a mi-juin selon les conditions climatiques. Les sommités florales sont fauchées manuellement a l’aide d’une faucille puis transportées vers le lieu de séchage. La récolte, qui coïncide avec le début de floraison, s’étend du 15 juin au 15 juillet. La récolte est avancée en année de forte chaleur et est retardée en année pluvieuse.

Apres la récolte, le lavandin est transports vers l’aire de séchage et de battage. Le battage est effectué de manière traditionnelle (pietinage), les sommités florales séparées sont ensuite tamisées pour séparer les débris de tiges et corps étrangers, puis emballées dans des sacs en jute, avant d’être commercialisées.

Traitement post-récolte

Le séchage

Les plants doivent être séchés rapidement après la récolte pour éviter le développement des moisissures. Ils sont donc bien étalés sur une surface propre a l’aide de fauches pendant 2 à 3 jours tout en veillant à les retourner assez souvent pour qu’ils ne brûlent pas du soleil. Une fois secs, on pratique le battage pour séparer les fleurs des tiges et ne récupérer que les fleurs.

Le séchage se fait à l’ombre et à une température de 38 a 42 °C. Les fleurs contiennent de 65% a 85 % d’eau et leurs humidités finales doivent être de 10 a 12% pour être mieux conservées.

Au terme du séchage, il faut compter 7 à 8 kg d’épis frais pour obtenir environ 1 kg de fleur sèches (fleurs fraîches/sèches = 3-4 kg pour 1 kg). On peut compter 1 à 1,5 kg d’épis frais par mètre carré de séchage (cas de claie). La durée du séchage variera de 3 à 5 jours. On peut également sécher la plante sur des cannisses placées au-dessus de draps.

Les épis sont ensuite battus ou roulés dès que les fleurs sont sèches. Le tri s’effectuera à l’aide d’un sasseur ou de tamis.

Conditionnement : les fleurs bien séchées et triées sont stockées dans des sacs en jute.

Distillation

Pour la lavande de population, le rendement est faible 10 a 20 kg/ha alors que la lavande clonale donne un rendement deux fois supérieur.
• Celui du lavandin Ordinaire est d’environ 50 kg/ha,

• Celui de l’abrial est en moyenne 100 kg/ha et souvent plus et

• Celui du Super varie de 80 a 100 kg/ha.

De plus, les rendements oscillent entre

• 2.3-4.7% pour les inflorescences en pleine floraison,

• 3.4-3,7% pour les inflorescences en debut de floraison et les feuilles,

• 1.5-3.5% pour les inflorescences en debut de floraison,

• 1.5-2.3% pour les feuilles et

• 0.08-0.2% pour les tiges.

Bulletin de Transfert de Technologie n°205

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