L’Afrique du Sud s’inquiète alors que Donald Trump, président élu des États-Unis, menace d’imposer des droits de douane draconiens aux membres des Brics, dont fait partie Pretoria. Cette annonce a plongé le gouvernement sud-africain et ses exportateurs dans l’incertitude, en particulier en ce qui concerne l’avenir de la Loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA), qui permet aux exportateurs africains de bénéficier d’un accès en franchise de droits au marché américain.
Une présidence stratégique pour le G20 et des secteurs clés sous pression
Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud, a indiqué qu’il s’efforcera de dialoguer directement avec l’administration Trump pour atténuer les effets potentiels de ces nouvelles politiques. Cette déclaration intervient à un moment stratégique, alors que l’Afrique du Sud se prépare à accueillir le sommet du G20 en novembre 2025.
Selon des analystes, cet événement pourrait offrir à Pretoria un répit temporaire. Washington pourrait choisir d’attendre la fin de cette présidence symbolique avant d’entreprendre des actions concrètes sur l’AGOA ou d’autres mesures tarifaires. Pour les experts, le gouvernement sud-africain devra maximiser ce délai pour négocier des accords favorables et protéger des milliards de rands d’exportations.
Le secteur agricole, particulièrement dépendant des avantages commerciaux de l’AGOA, s’inquiète des impacts d’une éventuelle hausse des tarifs. « L’exportation d’agrumes, de fruits à noyau, de raisins et d’autres produits frais est directement menacée », déplorent des acteurs de l’industrie. L’imposition de droits de douane de 100 %, comme l’a laissé entendre Donald Trump, pourrait paralyser ces activités et entraîner des pertes d’emplois massives tout au long de la chaîne de production.
Pour l’Afrique du Sud, dont l’industrie fruitière a connu une croissance rapide ces dernières années grâce à des accords comme l’AGOA, ces menaces constituent un choc majeur. « Ces droits de douane pourraient non seulement stopper nos exportations vers les États-Unis, mais aussi perturber notre capacité à accéder à d’autres marchés internationaux », préviennent les exportateurs.
Les Brics dans la ligne de mire
L’adhésion de l’Afrique du Sud aux Brics — un bloc géopolitique souvent perçu comme une alternative aux puissances occidentales — complique encore davantage la situation. Donald Trump a explicitement ciblé les membres des Brics dans ses récentes déclarations, critiquant leur tentative de réduire la dépendance mondiale au dollar américain et menaçant de lourdes sanctions économiques.
Le projet discuté par les Brics d’utiliser leurs monnaies nationales pour le commerce intra-bloc ou d’introduire une monnaie commune a attiré l’attention et provoqué des inquiétudes à Washington. Bien que ces discussions soient encore à leurs débuts, leur simple évocation a suffi pour attiser la colère de Trump, qui considère toute tentative de concurrence au dollar comme une menace stratégique.
Les relations entre Washington et Pretoria se sont également tendues en raison des prises de position de l’Afrique du Sud sur des questions internationales, notamment son recours à la Cour internationale de Justice contre Israël concernant Gaza. Ces décisions, jugées hostiles par certains groupes d’influence à Washington, pourraient alimenter les pressions politiques et économiques sur le pays.
Une fenêtre de négociation cruciale
Face à ces défis, l’Afrique du Sud devra adopter une approche diplomatique et stratégique. Les observateurs estiment que la présidence du G20 offre une occasion unique de renforcer les relations internationales et de plaider pour le maintien de l’AGOA, tout en désamorçant les tensions autour des Brics.
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Cependant, le temps presse. Les déclarations de Donald Trump sur les réseaux sociaux montrent qu’il est prêt à agir rapidement et fermement pour défendre ce qu’il perçoit comme les intérêts américains. Coté sud-africain Cyril Ramaphosa et son administration devront démontrer une capacité de négociation exceptionnelle pour éviter un choc économique majeur, préserver des milliers d’emplois, et protéger les exportations vitales du pays.