La filière agrumicole marocaine entre sécheresse, concurrence et débouchés à l’export.
La filière des agrumes au Maroc traverse une période de grande turbulence, marquée par une baisse significative des volumes de production, une raréfaction des débouchés à l’export, et une concurrence internationale toujours plus rude. Ce constat est mis en lumière par le360 qui s’appuie sur un article tiré du quotidien L’Economiste dans son édition du 14 octobre.
Les aléas climatiques plombent la production
Les agrumes, en particulier les mandarines et les oranges, sont l’un des secteurs clés de l’agriculture marocaine, générant des devises estimées à près de 3 milliards de dirhams par an grâce à des exportations qui oscillent autour de 650.000 tonnes. Toutefois, cette dynamique est menacée par une série de facteurs climatiques et économiques.
«La baisse des volumes à l’export s’explique par la conjugaison de plusieurs facteurs: les sécheresses récurrentes, les épisodes de gel et les variations de température ont directement impacté la production et la qualité des agrumes», rapporte L’Economiste. Ces conditions météorologiques défavorables, notamment dans les principales régions de production comme le Souss-Massa, le Gharb, et Berkane, ont non seulement affecté les rendements mais aussi la qualité des fruits, compliquant leur commercialisation sur les marchés étrangers.
Le marché russe en berne et concurrence internationale accrue
L’un des principaux débouchés des agrumes marocains, la Russie, qui absorbait une large part des exportations de clémentines, est aujourd’hui devenu incertain. Selon des experts cités par le journal, les sanctions économiques imposées à la Russie et les tensions géopolitiques ont drastiquement réduit les exportations de clémentines marocaines vers ce marché stratégique. Cette situation illustre la vulnérabilité du secteur aux fluctuations politiques internationales.
La Russie, qui importe en moyenne un million de tonnes de mandarines chaque année, notamment du Maroc durant l’hiver, a dû se tourner vers d’autres fournisseurs comme la Turquie ou l’Égypte. « en raison des sanctions et des tensions politiques, les livraisons de mandarines marocaines, notamment de la variété populaire Clémentine, ont presque cessé », explique Irina Koziy, experte en fruits exotiques.
Outre les difficultés à l’export, le Maroc fait face à une concurrence croissante de pays comme l’Espagne, la Turquie et l’Égypte, qui ont modernisé leurs infrastructures de production et de distribution. Ces pays ont investi dans des variétés plus résistantes et productives, tout en développant des technologies de stockage et de transport avancées, renforçant ainsi leur compétitivité sur les marchés internationaux.
Pour les producteurs marocains, la situation est d’autant plus complexe que les coûts de production ne cessent d’augmenter. Le prix des intrants agricoles, tels que les engrais et les pesticides, ainsi que les coûts de l’énergie et des salaires, ont explosé ces dernières années, érodant ainsi leurs marges bénéficiaires et limitant leur capacité à concurrencer les autres grands producteurs mondiaux.
Des marchés diversifiés, un avenir incertain, mais des défis persistants
Bien que les principaux marchés d’exportation des agrumes marocains soient la Russie et l’Union européenne, qui absorbent près de 80 % des volumes exportés, d’autres destinations telles que l’Amérique du Nord et les pays du Golfe jouent un rôle non négligeable. Cependant, ces marchés, bien que diversifiés, ne suffisent pas à compenser les pertes dues à la baisse des exportations vers la Russie et à la concurrence accrue sur les autres marchés.
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La filière agrumicole marocaine semble aujourd’hui à un tournant. Face aux défis climatiques, économiques et géopolitiques, elle peine à maintenir ses niveaux de production et à diversifier ses débouchés à l’export.