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Photo : APS

A Gaza l’agriculture refuse de mourir

Dans un paysage ravagé par les bombardements israéliens, où les gravats ont remplacé les champs fertiles, l’agriculture à Gaza refuse de mourir. Malgré l’enfer des bombes, des agriculteurs comme Samir Khoder Ibrahim Mansi, refusent de quitter leurs terres. Leurs champs, criblés de débris et de fragments de missiles, continuent d’abriter des pousses de tomates, aubergines et poivrons. Ces cultures, qui s’accrochent à la vie au milieu de la destruction, sont le symbole d’une résistance silencieuse contre une offensive qui a déjà causé la mort de plus de 40 000 Gazaouis et contraint deux millions de civils à l’exode.

Samir, âgé de 28 ans, n’a jamais abandonné ses 8 000 m² de terres, dont 6 000 situés à Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza. « Aucune zone n’est épargnée. Mais Dieu merci, pour nous, c’est mieux que pour d’autres ; ils n’ont détruit que de petites choses et n’ont touché qu’une partie des serres. 100 de mes oliviers ont été bombardés. Cela pourrait être pire », nous rapporte Reporterre. Son témoignage, recueilli par des militantes écologistes via des notes vocales envoyées sur WhatsApp, révèle l’ampleur du drame : « Il ne reste rien », ajoute Ghifra Ahmad Abdelkhesi, 55 ans, une autre agricultrice gazaouie. Sa voix tremble lorsqu’elle raconte la destruction totale de ses terres, où elle cultivait avec sa famille des okras, tomates, maïs et bien d’autres légumes. « Notre maison, nos cultures, la ferme de nos animaux, tout a été détruit… », déclare-t-elle.

Selon les derniers chiffres de l’ONU, 57 % des terres agricoles de Gaza ont été rasées, et plus de 40 % des serres réduites en miettes. Les zones les plus touchées, notamment le nord de la bande et la ville de Gaza, ont vu près de 90 % de leurs serres anéanties. Les pertes ne s’arrêtent pas là : plus de 500 granges, et près de 900 élevages de volailles et de moutons ont été détruits, mettant à genoux l’infrastructure agroalimentaire de Gaza.

57 % des terres agricoles de Gaza ont été rasées

Cet effondrement de l’agriculture a conduit à une famine sans précédent. En juin, 95 % des Gazaouis, soit plus de deux millions de personnes, souffraient d’insécurité alimentaire élevée. Les chiffres, bien qu’alarmants, pourraient être sous-estimés, souligne Lisa Shahin, responsable de la recherche au sein du Groupe arabe pour la protection de la nature (APN). « Avant la guerre, Israël utilisait déjà la faim comme arme contre les Gazaouis afin de les maintenir à un niveau d’épuisement constant », dénonce-t-elle toujours à la même source, qualifiant la situation actuelle de « génocide par la famine ».

Malgré tout, l’espoir n’a pas totalement déserté Gaza. L’APN, en collaboration avec des agriculteurs locaux, tente de faire revivre les terres agricoles. « Nous avons replanté 500 000 pousses de légumes, 115 000 graines d’aubergines et de piments, sur un total de 40 hectares », explique Lisa Shahin. Cette initiative vise non seulement à nourrir la population affamée, mais aussi à redonner un semblant de normalité à ces agriculteurs qui, malgré tout, continuent de cultiver leurs terres.

Pour Mahmoud Alsaqqa, manager de programmes chez Oxfam à Gaza, la survie des agriculteurs est une priorité. « Nous distribuons des bons de consommation et de l’argent liquide pour qu’ils puissent acheter des graines ou simplement se nourrir. La condition pour qu’ils puissent faire revivre leurs cultures, c’est qu’ils ne meurent pas de faim », explique-t-il. Face à l’ampleur de la destruction, il reste pourtant optimiste : « Les Palestiniens sont résilients, on va tenir bon. Ce qu’il nous faut, c’est un cessez-le-feu et la levée du blocus. »

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