Le goutte-à-goutte à Marrakech dans le cadre du Programme d’économie en eau.
La région de Marrakech bénéficie d’un programme d’économie en eau qui vise, entre eau, à installer des systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte qui sont plus respectueux de l’environnement et qui ont un impact socio-économique très favorable. Zoom.
Le projet de reconversion en irrigation goutte-à-goutte dans les communes Saâda et Souihla (préfecture de Marrakech), dont la cérémonie de mise en service, a été présidée par SM le Roi Mohammed VI en janvier dernier, se veut un modèle réussi de projets structurants, à même d’atténuer l’impact des changements climatiques dans une région exposée à une sécheresse fréquente et à la surexploitation de la nappe phréatique.
Initié avec le concours de la Banque Mondiale (BM), ce projet fait appel à une série de méthodes modernes de gestion de la demande en eau contribuant à cet égard, au renforcement de la capacité d’adaptation aux changements climatiques dans cette partie du territoire national.
S’inscrivant dans le cadre des efforts du ministère l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts visant à maîtriser la consommation d’eau dans les bassins agricoles irrigués et surtout, à augmenter la productivité et la valorisation de cette denrée vitale, ce projet a permis déjà de créer 480 emplois permanents et d’améliorer les conditions de vie de près de 2 300 agriculteurs dont 81% en possession de petites exploitations de moins de 5 ha.
Les revenus des agriculteurs bénéficiaires au niveau de ces deux communes, connues pour la fertilité des sols mais un manque criard au niveau de la pluviométrie, se sont nettement améliorés, impactant positivement leur niveau de vie, notamment la situation de la femme rurale.
D’un coût global de 287 millions Dh, dont 127 MDh pour la modernisation des réseaux externes et 160 MDh pour l’équipement interne des parcelles, ce projet a eu le mérite d’avoir comme première conséquence directe : une économie d’eau de près de 30%.
Un gain énorme, si l’on sait que la région de Marrakech qui figure parmi les zones les plus arides du Royaume, subit, de plein fouet, les conséquences directes de la sécheresse fréquente.
Sur le plan écologique, la reconversion en irrigation goutte-à-goutte a contribué également à la protection de l’environnement, par l’atténuation de la pression sur les ressources en eau souterraines.
La technique d’irrigation de goutte-à-goutte adoptée dans la région constitue, ainsi, un choix judicieux, à l’aune des objectifs assignés à ce système qui ambitionne l’amélioration de l’efficience de l’irrigation.
Mais ce projet a eu d’autres retombées socio-économiques et environnementales importantes, dont notamment une augmentation à court et à moyen termes de la valeur ajoutée par hectare de 16 000 à 40 000 Dirhams, outre une augmentation de la valorisation de l’eau de 3 à 6 DH/m3.
L’utilisation économe de cette méthode novatrice a contribué, par ailleurs à la réduction des charges de l’irrigation et des intrants pour les agriculteurs et par ricochet, à améliorer leurs revenus.
Le secteur d’irrigation N’fis 1-2 qui s’étend sur une superficie de 4 000 ha au niveau des communes rurales Saâda et Souihla a bénéficié d’un programme de reconversion collective à l’irrigation localisée avec l’appui de la Banque Mondiale.
Les principales composantes du projet concernent la réalisation d’un bassin de décantation de l’eau d’irrigation d’un volume de 100 000 m3, la mise en place d’une station de filtration de l’eau destinée à l’irrigation d’un débit de 3m3/s, l’extension sur 136 km du réseau de distribution sous pression de diamètre de 90mm à 400 mm.
Il s’agit aussi de l’installation et l’équipement hydromécanique de 1 200 prises propriétés et l’équipement interne de parcelles en goutte-à-goutte.
Actuellement les travaux de modernisation des réseaux externes sont achevés et une première tranche de 1 280 ha d’équipement interne des parcelles en irrigation localisée est en cours, dont 500 ha sont déjà installés.
Au niveau de la région Marrakech-Safi, le programme d’économie en eau ambitionne de reconvertir une superficie globale de 100 900 ha à l’horizon 2020 et bénéficiera à environ 90 000 agriculteurs.
Cette superficie est répartie entre 57 100 ha en reconversion collective et 43 800 ha en reconversion individuelle.
Depuis le lancement du programme en 2008 à ce jour, la superficie équipée en irrigation localisée au niveau de la région est passée de 18 300 ha à 71 500 ha, soit 121% de l’objectif arrêté pour la reconversion individuelle à l’horizon 2020.
De même près de 21 000 ha sont engagés en chantier de modernisation collective de l’irrigation, soit près de 37% du programme.