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Ouarzazate : les oasis en première ligne face au changement climatique

À l’heure où le monde fait face à une accélération des bouleversements climatiques, les écosystèmes oasiens apparaissent comme particulièrement vulnérables. Ce constat alarmant a été au centre des débats lors de la deuxième édition du Congrès international des oasis et du palmier dattier, organisée jeudi à Ouarzazate. Un événement de portée internationale qui a rassemblé experts, chercheurs et représentants d’organisations spécialisées pour réfléchir collectivement à l’avenir des oasis, menacées par la désertification, le stress hydrique et les déséquilibres environnementaux.

La raréfaction des ressources en eau, notamment la baisse inquiétante des nappes phréatiques, a été pointée comme l’un des principaux défis pour la survie de ces milieux. Face à une agriculture irriguée de plus en plus gourmande en eau, les intervenants ont plaidé pour une gestion intégrée et durable des ressources hydriques, fondée sur une gouvernance renforcée et une implication réelle des communautés locales.

« Il est essentiel de repenser la manière dont les décisions sont prises dans les zones oasiennes. La durabilité passe par une gouvernance multi-niveaux, plus inclusive et plus coordonnée entre les acteurs locaux, nationaux et internationaux », ont insisté plusieurs participants.

L’universitaire saoudien Saud Al-Rowaily a rappelé que la superficie totale des oasis dans le monde atteignait environ 191 millions d’hectares en 2020, dont 95 % sont concentrés en Asie et en Afrique. Mais près de 13,5 millions d’hectares sont déjà touchés par la désertification. Il a partagé l’exemple de l’Arabie Saoudite en matière de durabilité environnementale, à travers des initiatives comme la Vision 2030, l’Initiative Saoudienne Verte ou encore la Stratégie nationale pour l’environnement.

De son côté, Mohamed Amrani, représentant de la FAO en Afrique du Nord, a souligné la nécessité de transformer les modèles de développement dans les zones oasiennes et désertiques. Il a notamment évoqué le cas de la Chine, où une gestion rigoureuse de l’eau a permis de soutenir une agriculture durable dans des contextes arides. « Les oasis sont des écosystèmes fragiles et exposés à des risques multiples. Leur résilience dépend de notre capacité à repenser nos modèles de développement », a-t-il déclaré.

Même son de cloche chez Alain Cariou, docteur en géographie et ingénieur agronome français, qui a mis l’accent sur la crise croissante de l’eau. Selon lui, une transition est nécessaire : il ne s’agit plus de rechercher toujours plus de ressources, mais de gérer efficacement celles déjà disponibles. « Il faut passer d’une politique de l’offre à une politique de la demande », a-t-il martelé.

Dans cette optique, Aly Abousabaa, directeur général du Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), a présenté l’approche de son institution en matière d’innovations agricoles. ICARDA développe des solutions permettant de transformer les déserts et les oasis en systèmes agricoles durables, adaptés aux contraintes climatiques extrêmes. « Il s’agit de permettre aux communautés rurales des zones arides de construire des moyens de subsistance résilients et de prospérer malgré les défis climatiques », a-t-il expliqué.

Pour Zakaria El Yacoubi, directeur de l’irrigation et de l’aménagement de l’espace agricole au ministère marocain de l’Agriculture, les défis climatiques dans les zones oasiennes sont accentués par les fortes amplitudes des phénomènes extrêmes et les variabilités interannuelles. Il insiste sur le fait que la solution ne réside pas uniquement dans l’augmentation des ressources hydriques disponibles, mais dans leur gestion intelligente et durable, appuyée par une gouvernance efficace.

Les débats de ce congrès, placés sous le signe de l’urgence climatique, ont permis de dégager des pistes concrètes pour assurer la pérennité des oasis. Ce patrimoine naturel et culturel, aussi fragile que précieux, pourrait bien devenir un indicateur clé de notre capacité collective à faire face aux changements climatiques.

Avec MAP
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