Après 35 années d’une activité florissante, Claude Keller, figure incontournable de l’agriculture maraîchère dans le Grand Est de la France, a annoncé la cessation des activités de son entreprise, ID3A. Ce choix marque la fin d’un chapitre pour le plus grand maraîcher de la région, écrasé par les pressions économiques et structurelles du secteur.
Sur les 220 hectares de terres autrefois dédiées aux salades, radis, choux, persil et céleri, plus aucun légume ne pousse aujourd’hui. Les infrastructures sont vidées, les machines cédées à des producteurs étrangers, tandis que les terres sont reconverties à des cultures céréalières pour l’alimentation animale.
« Je ne pouvais pas transmettre un cadeau empoisonné à mon fils, » confie M. Keller, 59 ans à l’AFP. Il déplore une situation où les grandes surfaces imposent des prix impossibles à tenir, l’obligeant à vendre à perte pendant des semaines. En 2024, par exemple, une salade coûtant 75 centimes à produire était vendue à seulement 50 centimes.
Les défis du secteur agricole
Face à des charges en constante augmentation, notamment pour l’énergie et les intrants, Claude Keller souligne un problème de fond : « Nous sommes le seul maillon de la chaîne où la vente à perte est tolérée. » Il pointe également un manque d’organisation collective des producteurs français, les rendant vulnérables face aux grandes enseignes du pays.
Malgré des réformes telles que les lois Egalim, censées protéger la rémunération des agriculteurs français, le constat reste amer : « C’est le consommateur qui décide, et nous subissons. »