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Les amandiers de Tafraout semblent promis à une seconde vie

Sur la route de Tafraout: Les amandiers de Tafraout semblent promis à une seconde vie.

Longtemps éprouvés par la récurrence des périodes de sécheresse et une dégradation intensive en conséquence, couplées d’abandon, de vieillissement des plans et de manque d’encadrement, les amandiers de Tafraout et région semblent promis à une seconde vie, à la faveur d’une floraison prometteuse.

Tout visiteur de Tafraout, venant de Tiznit ou par les autres routes y amenant, ne manquera pas de se laisser bercer par la beauté de paysages qui s’offrent aux yeux, entre monts verdoyants et vallées chatoyantes, que Mère Nature a généreusement parsemés de ses bienfaits dans le sillage des dernières précipitations exceptionnelles s’étant abattues sur la région.

Le long de la route menant d’Agadir via Aït Baha vers Tafraout (170 km), une localité qui en amazigh renvoie, tantôt, au bassin regroupant les eaux, tantôt à l’égouttoir qui les fait déverser, le visiteur se retrouve devant des espaces immenses d’amandiers qui cachent mal une série de kasbah et d’Igoudars. Constructions en pierres s’accrochant au col d’un cirque de montagnes de granite rose, ces vestiges semblent raconter, au vent, l’éternel attachement de l’Homme à la terre.

C’est que Tafraout, une bourgade paisible juchée à 1200 m d’altitude avant que l’Occupation n’en fit en 1933 une garnison militaire pour contrôler les tribus de Jazoula, est le même village qui conserve jalousement, derrière ses fractales d’amandiers, pleins de secrets et de curiosités dont, et pas des moindres, des gravures rupestres découvertes en 1876.

Ces gravures peuvent certes évoquer le passé d’une région regroupant, jadis, forêts denses, rivières ruisselantes et prairies à perte de vue, où cohabitèrent éléphants et girafes, lions, gazelles et unicornes. La vérité est que le cercle de Tafraout, un nid qui s’étend, aujourd’hui, sur 1618 km2 avec 28 mille habitants (RGPH 1994), n’aura point dérogé à la règle du vivre-ensemble. N’a-t-elle pas admis en son sein, jusqu’en 1961, une des plus fortes communautés juives dans le Sud marocain, à Tahala (14 km au sud) ?

Et qui sait ? Peut-être est-ce cette diversité qui a amené les initiateurs de cette 5ème édition du Festival des amandiers (6/8 mars) à faire prévaloir la même thématique immuable « Terre d’amandier, terroir d’avenir », conscients qu’ils sont du fait que l’amandier, comme l’arganier, est un symbole inamovible d’enracinement, de présence et de projection dans une pérennité constamment féconde.

Une reconnaissance de la terre et de ses amandiers

L’Association Louz Tafraout, initiatrice du festival des amandiers en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime, la province de Tiznit et d’autres acteurs socioéconomiques, soutient que cette manifestation, organisée pendant la floraison des amandiers, se veut une occasion de faire la promotion de la ville de Tafraout et de son potentiel touristique, dynamiser l’activité économique de la ville et d’encourager et renforcer l’économie solidaire au profit des coopératives agricoles et de leurs produits.

S’il est un motif de la pérenniser tout innovant dans sa programmation, cette manifestation ambitionne « de faire valoir la singularité de la ville où la population a démontré sa fidélité à la floraison des amandiers, un patrimoine naturel et culturel profondément ancré », relève l’Association, notant à ce propos l’ancrage historique de la tradition « Idernane », en ce qu’elle est porteuse d’attachement symbolique aux racines, à la terre.

Au-delà du programme de cette édition ayant, du reste, prévu colloques et conférences scientifiques, un riche plateau d’artistes et de shows, une myriade d’activités sociales, sportives et ludiques, ce festival aura, au fil des éditions, démontré sa capacité d’être au rendez-vous, avec le lancement d’une série de projets de développement, en tête le Plan d’action régional de développement de l’amandier dans les zones de Tafraout-Anezi.

Auprès de la Direction provinciale de l’Agriculture à Tiznit, on assure que le nombre des bénéficiaires de ce projet, qui couvre 6000 ha, avoisine les 7300 personnes, pour un montant de 46 MDH, sachant que ce projet porte notamment sur l’aménagement de 450 ha d’amandiers, la construction et l’aménagement de deux unités de valorisation des produits et l’acquisition de nombre d’équipements, sans évoquer les services de soutien et d’encadrement techniques.

Ce projet ambitionne aussi l’aménagement et le renforcement de terrasses sur 71 mille mètres linéaires, la protection contre l’érosion des terrains agricoles, la mise en place de 25 trous d’exploration des eaux, la construction d’installations hydro-agricoles et la fourniture, à titre gracieux, de ruchers pour la pollinisation des cultures.

Lancé à titre expérimental, il y a deux ans, ce projet prévoit la plantation, à terme, de 17.500 amandiers sur un périmètre de 125 ha dans la région de Tounine, irrigués par le système goutte à goutte à pompage par l’énergie solaire, et deux autres périmètres répartis entre Ammeln (50 h) et Tahala (50 ha).

L’objectif consiste aussi à sauver l’amandier et d’étendre à l’avenir cette nouvelle expérience à toute la zone où l’on compte renouveler les plantations sur une échelle de 600 ha dans les cercles de Tafraout et d’Anzi, en plus de l’aménagement des banquettes existantes, notamment celles situées à Imouloud (cercle d’Anezi), Tarsouate, Ammeln et Ait Ouafka (cercle de Tafraout).

Ce 5ème festival des amandiers aura été aussi marqué par la constitution de la Fédération marocaine des producteurs de l’amandier, qui a tenu son assemblée générale constitutive et procédé à l’élection de son bureau exécutif; une nouvelle structure qui s’ajoute à la création d’un SDOQ (signes distinctifs d’origine et de qualité).

La culture d’amandier est très ancienne au Maroc et son introduction serait due aux Carthaginois (4ème siècle). Elle occupe une superficie de 157 mille ha, dont 137 mille ha productive et 32 mille ha irriguée. Les bassins de production sont concentrés dans les régions de Taza-Taounate-Al Hoceima (37 %), Souss-Massa (25 %), Marrakech-Tensift-Al Haouz et l’Oriental (9 %chacune). Ces régions représentant, à elles seules, plus de 80 %de la superficie nationale et assurent plus de 50 %de la production globale du pays.

Un potentiel encore inexploité

Des données du ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime font ressortir que la production nationale en amandes non décortiquées est estimée, en 2013/2014, à près de 101 mille tonnes, soit un rendement moyen de l’ordre de 0.74 T/Ha, alors même que près de la moitié de la production nationale des amandes (47 %) est vendue en coques, sans aucune transformation.

Le Maroc exporte exclusivement des amandes amères sèches décortiquées et l’Union Européenne en importe plus de 90 %(l’Allemagne étant le premier marché avec 59 %des volumes) pour une valeur de 47 MDH.

Les importations marocaines concernent essentiellement les amandes douces sans coques en provenance des Etats-Unis (81 %), loin devant l’Espagne, certes, mais sans compter une importation illicite d’origine californienne, importée via l’Espagne et écoulée dans le préside occupé de Sebta.

Autant dire que, dans l’entretemps, rien n’empêche la filière nationale des amandiers, aux termes du contrat programme conclu entre le ministère de tutelle et la FEDAM, de retrousser les manches. Objectif : Oeuvrer, d’ici 2020, à l’extension des plantations sur une superficie supplémentaire de 32.4 mille ha pour dépasser 182 mille ha en 2020, de quoi engendrer une production globale de 146 mille tonnes en amandes non décortiquées. Soit l’équivalent d’une augmentation de 52 % par rapport à la production de référence (2011) de près de 96 mille tonnes.

Alors que la région Souss-Massa-Drâa s’applique dans cette perspective à mettre en place son programme de développement régional, des efforts inlassables continuent d’être déployés pour désenclaver des douars lointains, juchés dans les montagnes les plus reculées; celles-là même qui rendent l’écho d’un fils prodige, nommé Mohammed Khair-Eddine (1941/1995), ayant glorifié en roman, en poésie comme en prose, l’étendue de l’argan, la majesté des lieux, la beauté de la Nature et les pétales fragiles des amandiers en fleurs.

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