Ensilage du maïs au Maroc: les étapes clés.
L’ensilage est la forme d’utilisation qui valorise le mieux le maïs fourrager. Cette forme de conservation permet de constituer des stocks de fourrage de bonne qualité. De plus, l’ensilage rend la disponibilité du maïs beaucoup plus longue au cours de l’année. Focus sur cette opération d’ensilage du maïs au Maroc.
La technique d’ensilage correspond à la conservation de fourrages verts en milieu anaérobique. On appelle milieu anaérobie un milieu où il n’y a pas présence d’oxygène sous forme de dioxygène (O2). L’acidité de la masse végétale augmente par fermentation lactique. C’est un mode de fermentation qui, en présence de glucides et de bactéries spécifiques (les ferments lactiques), induit la formation d’acide lactique. La stabilité du fourrage est atteinte à un pH de 3,8 et 4,0. Le maïs est une plante relativement facile à ensiler grâce à son taux de matière sèche élevé. Les principales étapes de la technique d’ensilage du maïs sont les suivantes:
- Faucher à l’aide de la faucheuse, au stade 30-33% de la matière sèche,
- Ramasser et couper finement à l’ensileuse,
- Mettre en silo (réservoir étanche destiné à stocker des matières en vrac) par couches successives de 20-30 cm,
- Bien tasser à l’aide d’un tracteur,
- Fermer étanchement le silo à l’aide d’un film plastique neuf.
Afin d’éviter de contaminer le fourrage par la terre, il est fortement recommandé d’étaler une couche de paille sur le sol avant de déposer la première couche de fourrage.
La mise en silo du fourrage et sa fermeture doit se faire le plus rapidement possible: Un jour pour un petit silo et au maximum deux jours pour un grand silo. À défaut de disponibilité d’un silo couloir, un silo taupinière convient parfaitement. La forme du silo doit être choisie de manière à faciliter le déplacement du tracteur pour un bon tassement. La fermeture du silo peut être renforcée par un 2e plastique (même si il a déjà été utilisé). De vieux pneumatiques ou des sacs remplis de sable peuvent être posés sur le plastique.
Après 4 semaines, le pH atteint 3,8-4,0 et l’ensilage devient stable. L’ouverture du silo peut alors se faire aussitôt (si il y a des besoins immédiats d’affouragement). Lorsque le silo est ouvert, il faut progresser rapidement via un avancement quotidien d’au moins 20 cm, et bien fermer après chaque prise d’ensilage.
Quelques règles sont à respecter afin de réussir la production, la technique et la qualité de l’ensilage du maïs:
- Bien choisir l’hybride (ou la variété): Il doit être productif, énergétique, résistant aux maladies et à la verse. Il doit avoir un taux élevé en matière sèche totale et en proportion de grain. De plus, il doit avoir une bonne digestibilité,
- Raisonner la densité du semis. Une augmentation excessive du nombre de plants à l’hectare peut réduire la matière sèche (MS) à la récolte et la proportion d’épis,
- Raisonner la fertilisation azotée (se méfier des apports trop importants de fumier et arrêter la fertilisation azotée au moins un mois avant la coupe),
- Raisonner la forme du silo pour une bonne avance journalière du front d’attaque du silo (au moins 20 cm par jour) afin d’éviter la détérioration aérobie secondaire. Il vaut mieux un silo moins haut, moins large et plus long qui permet une avancée suffisamment rapide,
- Couper au bon moment (30-33% MS). Un ensilage de maïs trop sec (40% MS) se conserve moins bien,
- Couper le maïs finement (10 à 15 mm) afin d’améliorer le tassement, éviter le triage des particules d’aliments, améliorer la mastication et les fonctions ruminales,
- Bien compacter afin de chasser l’air. Par la suite, il est conseillé de réduire le plus possible la phase aérobie,
- Éviter les apports de terre au moment de la récolte et du tassement,
- Fermer rapidement et étanchement du silo,
- Maintenir une herméticité de la bâche au niveau du front d’attaque (charger avec des sacs de sable).
Généralement, les additifs ne sont pas nécessaires pour l’ensilage du maïs réalisé dans de bonnes conditions. Dans le cas contraire, ils doivent être utilisés selon les besoins et les circonstances. Ils sont de différentes catégories: Les inoculants bactériens, les enzymes, les acides, les sucres, les sels, les additifs d’azote non protéiques et des combinaisons de ces différents types. L’utilisation des inoculants bactériens est recommandée après une forte gelée, après une sécheresse et si le stade de coupe est précoce ou tardif. L’azote non protéique peut être ajouté à un ensilage de maïs n’ayant pas reçu suffisamment de fertilisation azotée. Les additifs enzymatiques permettent de réduire le contenu en fibres pour augmenter la digestibilité et rendent les sucres plus disponibles pour la fermentation. Les autres produits comme les sucres (mélasse), les sels ou l’acide formique ne semblent pas avoir un effet bénéfique sur l’ensilage du maïs.
De plus, il est conseillé de bien formuler la ration alimentaire. En raison du faible niveau de protéines de l’ensilage du maïs, il est recommandé d’ajouter des suppléments protéiques. L’utilisation de l’orge comme concentré énergétique en raison de sa forte teneur en lysine et la dégradabilité élevée de sa protéine se combine bien avec une raison à forte proportion d’ensilage de maïs. Un apport d’une quantité de 0,15 kg d’urée par jour dans la ration est recommandé pour les vaches laitières. Il est également nécessaire d’apporter les minéraux (calcium, phosphore, magnésium, potassium et souffre). Afin de ne pas pénaliser la consommation de matière sèche des vaches laitières, la ration doit se situer de préférence entre 25 et 45% d’humidité.