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INRA: Préservation des PAM par la domestication

La domestication des plantes aromatiques et médicinales, la meilleure option pour alléger la pression qu’elles subissent (expert).

Lavande, romarin, camomille, menthe, thym, salva, stevia ou encore verveine, les plantes aromatiques et médicinales (PAM), utilisées depuis des millénaires pour leurs nombreuses vertus, deviennent de plus en plus sollicitées sur les marchés national et international, subissant ainsi une grande pression.

Les PAM, qui contribuent à la stabilité des écosystèmes en fournissant des habitats pour plusieurs espèces d’animaux et d’insectes, pâtissent d’une exploitation parfois massive et irrationnelle, surtout avec le retour du label « Bio » et « Naturel ».

A cet égard, le directeur de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), Chaouki Al Faiz, estime que la culture (domestication) des PAM est la meilleure option pour alléger la grande pression qu’exercent les collecteurs sur le stock naturel de ces plantes.

« Un grand nombre d’espèces aromatiques et médicinales est endémique. Il est donc primordial d’œuvrer à leur sauvegarde et leur valorisation d’une façon durable », a insisté M. Al Faiz dans une déclaration à la MAP, avertissant que la destruction de leur habitat est une menace directe à leur survie.

C’est une voie durable pour alimenter le marché local et international en produits de qualité avec une traçabilité, que n’offrent guère les espèces sauvages, dont la composition chimique est hétérogène et souvent méconnus des vendeurs.

Pour lui, l’engouement que connaissent ces plantes et qui est expliqué par le potentiel énorme qu’ils renferment pour alimenter, en molécules naturelles, les secteurs de la cosmétique, du neutraceutique et des médicaments, s’est traduit par « une surexploitation qui pourrait porter préjudice à la viabilité des espèces ».

Au Maroc qui abrite plus de 600 espèces de PAM, selon le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, l’exploitation de ces plantes constitue une source de vie pour les populations locales.

En général, ce sont les femmes qui sont détentrices du savoir-faire ancestral des techniques thérapeutiques, de la prospection, de la récolte et du conditionnement des PAM dont le développement et la valorisation fait déjà l’objet d’une stratégie nationale.

M. Al Faiz se réjouit de la grande variabilité génétique et chimique des PAM qui constituent un facteur incontournable de lutte contre la désertification et les changements climatiques, en consommant peu de ressources hydriques.

« Nous pouvons trouver chez une même espèce plusieurs chémotypes, c’est à dire une accession avec un produit chimique dominant. Ce polymorphisme chimique associé à la présence de plusieurs composés chimiques au sein d’une même espèce confère souvent une activité biologique à large spectre contre un agent pathogène donné », a-t-il expliqué.

« L’exploitation des PAM actuellement passe essentiellement par le prélèvement direct de la nature et très faiblement par la culture (domestication) », regrette cet expert.

Dans ce sens, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) juge que la culture des plantes médicinales requiert des « soins attentifs et une gestion adéquate », indiquant que les conditions et la durée de culture dépendent de la qualité des matières végétales médicinales recherchées.

Dans ses « directives sur les bonnes pratiques agricoles et les bonnes pratiques de récolte (BPAR) relatives aux plantes médicinales », l’OMS met en garde contre l’introduction d’ »espèces non indigènes » de plantes médicinales sous forme de cultures qui peut avoir un impact défavorable sur l’équilibre biologique et écologique de la région.

« Là où cela est réalisable, l’impact écologique des activités culturales devra être surveillé dans le temps », d’après cette organisation.

Les produits agrochimiques utilisés pour favoriser la croissance des plantes médicinales ou pour les protéger doivent être appliqués « en quantité minimale et seulement s’il n’existe pas d’autre possibilité », exige l’OMS.

« Dans ce cas de figure, la sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans l’ensemble de la chaîne de valeur sur les bonnes pratiques de récolte est incontournable, si on veut réellement préserver le stock de ces plantes pour les générations futures », soutient M. Al Faiz.

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