Le Souss-Massa face au défi d’une gestion intégrée et durable de l’eau.
La région de Souss-Massa connait ces dernières années un déficit croissant de ses ressources en eau face à l’accroissement de la demande engendrée par le développement démographique et socio-économique que connait la région qui participe notamment à hauteur de 60% des exportations nationales de fruits et légumes.
Les apports en eau de surface de la région sont caractérisés par l’irrégularité et l’impact des changements climatiques. La zone subit en effet des sécheresses longues et sévères et la pluviométrie moyenne ne dépasse pas 150 mm par an dans les plaines et 600 mm par sur les sommets.
Face à cette réalité, le secteur agricole s’est orienté vers les eaux souterraines qui constituent une part importante du potentiel en eau du bassin de Souss-Massa et jouent un rôle primordial dans le développement socio-économique.
Selon les données officielles, les ressources hydriques, de surface et souterraines, de la région s’élèvent à 1,271 millions m3/an alors que les retenues des huit barrages représentent 765 millions m3 auxquelles s’ajoutent 1,4 millions m3 au niveau des barrages collinaires.
Devant une forte demande, la gestion de ces ressources demeure une opération complexe. Le déficit en eau estimé à 271 millions m3, s’est accompagné en effet d’une baisse du niveau de la nappe phréatique et une montée des eaux de mer avec des répercussions sur l’environnement et l’économie.
Depuis quelques années déjà, une approche participative impliquant les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs à tous les niveaux, a été privilégiée pour mobiliser l’ensemble des intervenants. Cette dynamique a été couronnée par la signature en 2005 d’un contrat de nappe, le premier au niveau national, et d’une convention cadre en 2007.
L’objectif de cette convention est de réduire la pression exercée sur l’eau souterraine qui se trouve dans un état de surexploitation chronique et commence à présenter un réel danger pour la pérennité des investissements déjà réalisés et à hypothéquer le développement de la région, selon l’Agence du Bassin hydraulique Souss-Massa.
Basé sur le scénario de préservation, le contrat de nappe comporte, pour sa part, notamment la reconversion de 50.000 ha en irrigation localisée en mettant un dispositif financier plus motivant avec l’arrêt de l’extension des périmètres irrigués, la suspension de l’utilisation des eaux souterraines au niveau des périmètres irrigués à partir des barrages ainsi que l’amélioration du rendement des réseaux d’irrigation, ce qui a permis une économie en eau de 144 millions m3 par an.
La rareté des ressources en eau et les menaces que pèsent la surexploitation, la pollution et l’impact du changement climatique restent néanmoins une réalité dans cette région.
La conviction est plus que jamais grande aujourd’hui chez les différents intervenants que pour maintenir son élan économique, le Souss-Massa a besoin d’une utilisation de ses ressources hydriques de façon intégrée et durable. Tel a été le plaidoyer des intervenants lors d’une journée d’étude organisée cette semaine à Agadir sous le thème: « La protection du domaine public hydraulique est la responsabilité de tous ».
La rencontre s’inscrit, selon le Bassin hydraulique régional, qui en était à l’origine, dans le souci de sensibiliser les différents intervenants sur la nécessité d’une meilleure gestion de cette ressource rare et précieuse face au stress hydrique et aux autres aléas climatiques.
Ils ont appelé à privilégier des solutions innovantes dans le cadre d’une dynamique mobilisant tous les partenaires nationaux, régionaux et locaux pour une gestion rationnelle impliquant notamment une mise en œuvre optimale des mécanismes de protection du domaine public hydraulique.