Quand fertiliser ses palmiers? Comment? A quelle fréquence? Eléments de réponses dans ce qui suit.
Avec des racines essentiellement en surface, les palmiers requièrent l’apport supplémentaire d’éléments nutritifs, des engrais notamment, pour se nourrir et se développer correctement.
Pour le développement et la croissance, le palmier dattier a besoin de différents éléments nutritifs qui sont apportés par fertilisation organique (fumier, compost) ou minérale (engrais).
La quantité recommandée de fertilisation dépend de la qualité du sol et du besoin de palmier dattier selon l’âge et le stade de production. Diverses études ont été conduites sur le sujet.
Selon Hass et Bliss (1935), un hectare de 120 palmiers exporte 29 kg d’azote, 5 kg de phosphate et 70 kg de potassium.
Embleton et Cook (1947) ont estimé que la taille d’une plantation d’un hectare entraîne une perte de 25 kg d’azote, 2 kg de phosphate et 74 kg de potassium.
La fertilisation du palmier dattier joue un rôle important dans l’augmentation de la productivité des arbres et dans l’amélioration de la qualité de production. L’effet positif et significatif de la fertilisation nécessite un calendrier adéquat d’apport complet de fertilisants dont la fréquence, la quantité et la qualité varient, comme précité, en fonction de la texture du sol, de la méthode d’irrigation, de l’âge des palmiers et des systèmes d’exploitation au niveau d’une oasis dans sa globalité ou au niveau d’un verger phoenicicole oasien.
Dans la palmeraie marocaine, l’INRA maroc explique que très peu de plantations, pour ne pas dire aucune, reçoivent une fertilisation spéciale pour les palmiers dattiers. Ces derniers, n’exploitent que des engrais d’origine minérale et organique lessivés, qui sont souvent destinés à des cultures associées, ou éléments des minéraux, apportés par les eaux de crue.
Afin d’améliorer la production, l’utilisation rationnelle des fertilisants est nécessaire pour éviter la fatigue des sols qui sont parfois réenrichis lors des crues ou par les eaux chargées de limons des rivières.
Les doses de fertilisants présentées dans les tableaux 1 et 2 peuvent permettre une croissance importante des jeunes palmiers et une production d’environ 50 kg/arbre en moyenne pour les palmiers adultes.
D’une façon générale et ceci est vrai aussi pour les arbres fruitiers, la réponse des palmiers à la pratique de la fertilisation minérale ne peut être très nette qu’à partir de la deuxième année. Cependant, dans le cas de l’expérimentation réalisée en milieu réel (Sedra et Zirari, 1998) avec l’assistance de l’agriculteur, il a été démontré que l’apport de fertilisants, a eu, dès la première année, des effets positifs et significatifs sur le rendement et sur l’amélioration de la qualité des dattes (Figure 1).
1- Fertilisation en cas d’irrigation gravitaire
Fertilisation organique
La fumure organique utilisée dans la plupart des palmeraies marocaines, peut être le fumier domestique ou le fumier de ferme. Le compost (déchets agricoles et humains décomposés et convertis en humus) et l’engrais vert (enfouissement d’une légumineuse sur le champ avant la floraison) sont très rarement utilisés.
La fumure organique a plusieurs intérêts : elle favorise l’activité microbienne du sol, permet l’amélioration de sa rétention en eau et de sa structure, et fournit des éléments nutritifs essentiels (surtout l’azote) et de nombreux oligoéléments fertilisants.
Dans le cas de l’apport de la fumure organique, il est conseillé d’épandre 5 à 240 kg de fumier par arbre sur la surface autour de l’arbre (rayon de 1 à 2 m) en fonction de l’âge de l’arbre (Tableau 17) suivi d’un binage de la cuvette.
Il est à signaler, que la zone des racines qui alimentent le mieux les palmiers, comprend une surface qui s’étale jusqu’à 2 m de rayon tout autour du tronc. Pour un palmier adulte, le fumier et la potasse peuvent être apportés et enfouis dans des tranchées autour du tronc de l’arbre de 20 à 40 cm de largeur et de 20 à 30 cm de profondeur et distantes du tronc de 70 à 100 cm ; et ce à raison d’une ou deux tranchées tous les 2 à 3 ans. Ces fertilisants sont apportés en une seule fois, une semaine ou quelques semaines après la récolte des dattes. Du fumier supplémentaire peut être apporté en surface en cas de cultures associées.
Fertilisation minérale
Comme le fumier, les fertilisants minéraux dont la nature et la quantité sont indiquées dans le tableau 2 peuvent être apportés par épandage tout autour du tronc de l’arbre, dans un rayon de 1 à 2 m, ensuite enfouis en profondeur de 10 à 30 cm, en fonction de l’âge des palmiers.
Il est conseillé de ne pas utiliser un outil de labour ou de binage profond (supérieur à 20 cm), pour éviter de couper et de blesser les racines d’absorption présente ente 20 et 60 cm et qui jouent un rôle nutritionnel d’absorption atteignant 50% d’eau absorbée. En outre, vu que l’eau d’irrigation (source, rivière,..) apporte une quantité de fertilisants et que le fumier fournit également des éléments fertilisants, les doses conseillées (surtout l’azote) de la fumure minérale peuvent être réduites quand celle-ci est apportée en combinaison avec le fumier ou l’engrais vert.
Tableau 1. Quantités de fertilisants organiques et minéraux apportés au palmier dattier en cas d’irrigation gravitaire
Fréquence de l’apport des fertilisants
Le tableau 2 présente la fréquence des apports des fertilisants minéraux en fonction de l’âge des palmiers. Les périodes d’apport de ces fertilisants peuvent être décalées en fonction des régions phoénicicoles. Afin d’économiser les fertilisants et de diminuer les risques de pollution, il est conseillé de n’apporter ces fertilisants, qu’en cas de besoins réels, déterminés par des résultats d’analyse de sol ou de feuille, qui devraient être disponibles au moins tous les deux ans.
2- Fertigation
Dans le cas de la méthode d’irrigation localisée, les fertilisants organiques ou le fumier peuvent être apportés de la même façon que dans le cas de l’irrigation gravitaire. La fertigation consiste à apporter les fertilisants chimiques sous forme dissoute dans l’eau d’irrigation localisée ‘’goutte à goutte’’. Dans le container utilisé pour l’irrigation par ‘’goutte à goutte’’, les fertilisants minéraux cités dans les paragraphes précédents sont dissous dans l’eau d’irrigation à une concentration ne dépassant pas 0,5 g de ces engrais chimiques par litre d’eau.
Tableau 2. Fréquence des apports des fertilisants minéraux en fonction de l’âge des palmiers
Cette concentration est équivalente en moyenne à 0,05% ou 500 ppm. Avec cette eau ainsi préparée, il est conseillé d’arroser au bout de chaque semaine, à partir du mois de Mars et ce pendant 6 mois consécutifs ; par contre les fertilisants potassiques doivent être apportés en 2 à 3 fois, en fonction de l’âge du palmier et de son développement. Comme nous l’avons cité précédemment, la fertigation est utilisée également, sous des conditions contrôlées de serre ou tunnel plastique pour la culture et la croissance de jeunes plants dans les grandes pépinières modernes commerciales.
Cette méthode de fertilisation peut être utilisée de manière traditionnelle par arrosage manuel des rejets en phase d’enracinement en pépinière traditionnelle ou plants enracinés et ce en vue d’améliorer leur croissance et leur développement.
Afin de permettre au palmier de mieux bénéficier de l’effet de la fertigation, il est recommandé d’assurer:
- une bonne gestion du système d’irrigation ‘goutte-à-goutte’
- un respect rigoureux des concentrations des engrais fertilisants dans l’eau des goutteurs,
- de bonnes conditions convenables à ce système,
- une bonne utilisation des goutteurs
- et un entretien adéquat et régulier du réseau d’irrigation.
3- Fertilisation foliaire
La fertilisation foliaire est considérée comme une alimentation de complément des plantes. Elle est souvent pratiquée pour alimenter des plantes qui souffrent de carences nutritionnelles et surtout en oligoéléments.
Intérêt de la fertilisation foliaire
– Les concentrations utilisables d’éléments fertilisants sont en général faibles et leur fréquence de pulvérisation est également limitée. Ceci ne présente pas de danger de phytotoxicité.
– La fertilisation pourrait être appliquée, avec des prescriptions préalables, en combinaison avec des traitements phytosanitaires
Conditions principales de la pratique de la fumure foliaire :
- Conditions climatiques les plus favorables: température et humidité relative de l’air, élevées.
- Concentrations d’éléments nutritifs appropriées: les concentrations trop élevées provoquent des brûlures sur le feuillage; mais les faibles concentrations ne sont pas pratiquement efficaces.
- La nature des ions des éléments nutritifs qui contrôlent la vitesse de leur absorption.
- o L’emploi de mouillants convenables favorise l’étalement du produit et par conséquent augmente la surface d’absorption et réduit les risques de brûlures.
- Les jeunes feuilles absorbent mieux les éléments fertilisants que les feuilles âgées, mais elles sont très sensibles aux brûlures dues aux concentrations inadéquates.
- Les éléments doivent être dissouts dans l’eau; donc il est conseillé de préparer les solutions peu de temps avant leur emploi. L’eau chaude et l’eau pure facilitent généralement la dissolution complète des produits.
En arboriculture fruitière, les concentrations optimales de fertilisants foliaires, varient selon la nature du produit utilisé (Tableau 2) qu’il soit un élément essentiel ou un oligoélément.
La fertilisation foliaire du palmier dattier adulte est généralement méconnue. Le palmier, comme les autres espèces arboricoles peut aussi subir des pulvérisations de fertilisants foliaires en cas de besoin. Etant donné la nature et la structure de son feuillage, le palmier peut tolérer les concentrations peu élevées par rapport à celles indiqués dans le tableau 2, mais les conditions climatiques (chaudes et sèches souvent) de son aire de culture ne permettent pas d’utiliser ces concentrations.
Le choix des concentrations d’éléments fertilisants et de mouillants convenables ainsi que des périodes favorables d’application est important pour pratiquer et réussir une fumure foliaire.
Pour les jeunes palmiers élevés en pépinière ou sous tunnel ou serre (rejets et surtout des vitroplants acclimatés), il est possible d’utiliser des fertilisants foliaires, pour compléter le niveau de capacité fertilisante du terreau épuisé, dans lequel les plants sont élevés. Pour éviter les problèmes de carence et de chlorose foliaire, les fertilisants proposés sont des éléments de nature azotée et des oligoéléments.
Par ailleurs, il est possible de procéder à la fertilisation de complément des palmiers adultes avec l’enfouissement des engrais verts (trèfle, féveroles, graminées,..) dans le sol ou par injection dans le tronc. Bien que l’utilisation d’engrais vert ait plusieurs effets avantageux sur l’amélioration et la stabilité de la structure du sol, elle présente un inconvénient du fait que les plantes associées sont, d’une part, consommatrices d’eau et d’autre part la concurrence pour l’eau et les éléments nutritifs entre le palmier et ces plantes n’est pas négligeable.
Le Palmier Dattier base de mise en valeur des oasis au Maroc-INRA