La fertilisation azotée du blé en période de sécheresse.
La fertilisation azotée est indispensable pour obtenir un bon rendement de blé. Toutefois, en cas de sécheresse, les apports peuvent devenir toxiques : ils doivent donc être rationalisés et régulés avec précision.
Les apports en azote conditionnent l’obtention d’un bon rendement. Le premier apport doit avoir lieu après le semis, et plus précisément pendant la période de tallage puis au stade d’épiaison (épi 1cm). Une bonne concentration en azote favorise le tallage, la fertilisation des épis et le remplissage des grains. La croissance du blé n’est pas possible sans un minimum d’azote. En bref, le rendement dépend des apports en azote.
Toutefois, les apports azotés sont régis par l’humidité du cycle cultural. En effet, en cas de manque de pluies ou pire encore, de stress hydrique (comme c’est actuellement le cas dans de nombreuses zones) l’azote peut devenir toxique ! Alors comment raisonner la fertilisation azotée en période de sécheresse ou de stress hydrique de manière à assurer un rendement décent ?
Toxicité de l’azote en absence de pluies
Les engrais azotés ont besoin de la pluie pour se répandre dans le sol. L’efficacité de l’apport est plus élevée si la pluie intervient juste après l’apport, dans ce cas, l’engrais est rapidement mis à disposition des racines. Une absence prolongée de pluie (<20 jours) suite à un apport azoté engendre des pertes d’efficacité considérables. En cas d’absence de pluies, l’azote reste à la surface du sol et il est soumis à des pertes par volatilisation. Il est donc inutile à la culture puisqu’il n’atteint pas les racines.
De plus, lorsque l’azote (N) resté à la surface du sol se disperse dans l’air, il se transforme rapidement en oxydes d’azote (NO2 ou N2O4), un gaz toxique. Les plantes fourragères accumulent des nitrates (NO3–) lorsqu’elles sont soumises à une sécheresse ou à un stress hydrique. Elles libèrent ensuite les nitrates dans l’air qui ont aussi la capacité de se transformer en oxydes d’azote toxiques.
C’est pour ces raisons que les apports azotés doivent être rationalisés en période de sécheresse.
Les apports foliaires : Inefficaces !
L’apport azoté foliaire n’est pas une alternative efficace. Des chercheurs se sont penchés sur la question de la pulvérisation foliaire pour compenser le faible apport d’azote au sol. Toutefois, cette démarche s’est avérée plus coûteuse qu’efficace selon une expérimentation menée en 2012. Le test a été fait avec une dose équivalente à celle apportée au sol soit plusieurs pulvérisations foliaires de 20 kg/ha d’urée. Finalement, les apports foliaires peuvent être utiles en complément des apports au sol dans le cas où le blé ne subit pas de stress hydrique mais il ne peut pas remplacer les apports au sol.
Conseil d’apport azoté en période de sécheresse
Tout d’abord, il est important de faire le bon choix variétal en fonction de la zone climatique. Cela permet de choisir un blé adapté à une zone semi-aride.
Lorsque les conditions climatiques sont défavorables à l’absorption de l’azote dans le sol, il est nécessaire de réduire l’apport au sol. Sachez aussi que dans cette situation, il est préférable d’utiliser un engrais de type Ammonitrate qui est plus efficace qu’une solution azotée et se dissipera moins rapidement dans l’air.
Pour optimiser un apport d’azote en période de sécheresse, il est conseillé d’attendre l’annonce d’une averse, aussi minime soit elle. Elle permettra de faire pénétrer l’azote dans le sol même si elle n’est pas suffisante pour le drainer jusqu’aux racines. De cette manière, le fertilisant ne restera pas en surface et ne s’évaporera pas.
Quoi qu’il en soit, il est inutile de faire un apport azoté en l’absence complète de pluie ou d’irrigation : 10 à 15 mm dans les 2- 3 jours suivant l’apport sont nécessaires pour limiter les risques de pertes par volatilisation. Il est donc préférable d’attendre une prévision de pluie avant d’utiliser ce type d’engrais.
Bien entendu, la quantité d’azote à apporter doit revue à la baisse puisqu’elle dépend du rendement objectif (lui-même déterminé par la pluie et l’irrigation), du besoin cultural, de l’azote déjà présent dans le sol et du coefficient d’utilisation de l’azote.