Centrale Danone porte secours à la filière laitière du Maroc.
Au Maroc, la production laitière augmente très lentement. La consommation quant à elle reste stagnante. 72 litres par habitant, couverte à 92% par la production nationale.
La sécheresse cette année s’avère lourde pour la filière et les opérateurs comme Danone sont également confrontés à la défiance des consommateurs au sujet du lait.
« Le secteur laitier au Maroc a produit environ 2,4 milliards de litres de lait en 2013 et 2,6 milliards de litres en 2015. À cause de la sécheresse, la croissance ne devrait pas s’améliorer en 2016 » a déclaré Noureddine Belkadi, Directeur de l’Association Nationale des Éleveurs Bovins, membre de la Fédération Fimalait, lors de la 11ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) à Meknés.
Le contrat-programme signé par la filière laitière et les pouvoirs publics en avril 2015 prévoit que : « le royaume passe d’une collecte de 2,4 milliards de litres en 2013 à 4 milliards en 2020 ». Mais avec le très lent rythme de croissance annuel de 4%, les éleveurs ne pourront jamais atteindre l’objectif fixé. Le Maroc est plutôt autosuffisant en lait. La production assure 92% de la consommation nationale, selon Fimalait.
Mais le secteur a un tout autre problème : la consommation stagne. Selon la Fimalait, une consommation de 72 litres par an et par habitant sous forme de lait liquide (le principal mode de consommation). A titre d’exemple, la France consomme l’équivalent de 290 litres de lait par an et par habitant, généralement sous forme de desserts et fromages et 53 litres sous forme liquide. Le contrat-programme national 2015-2020 vise à élever encore la consommation annuelle moyenne par habitant à 90 litres.
Pour Centrale Danone (ex-Centrale Laitière) ce problème de consommation ne vient pas de la production agricole. « Nous sommes obligés par contrat d’acheter et de collecter tout le lait produit par les 120 000 éleveurs agrégés dans notre réseau. Or nous n’avons pas constaté d’inflexion à la baisse dans la production » a déclaré Meriem Alaoui, responsable communication de Centrale Danone. « Au contraire, il y a parfois surproduction, nous transformons alors le lait dans une tour de séchage qui est ensuite réintégrée dans les produits laitiers. »
La Centrale Danone possède 60% de parts de marché devant son challenger, la COPAG (Jaouda), une coopérative avec 20% de part de marché. Le groupe à lui seul collecte du lait auprès de plus 1100 centres de collecte, eux mêmes approvisionnés par près de 120 000 petits éleveurs, dont 85% possèdent seulement 3 vaches.
Le Maroc compte 2 830 centres de collecte et entre 300 000 et 400 000 producteurs de lait; Seulement 182 000 d’entre eux sont reliés à un réseau local de collecte.
« Nous sommes convaincus que le fléchissement de la consommation est entièrement dû à une campagne de dénigrement du lait quant à ses effets sur la santé » a déclaré Meriem Alaoui.
La rentabilité de l’activité des petits éleveurs n’est plus assurée …
« A l’échelle nationale, ces dernières années, le prix des intrants a eu tendance à augmenter, tandis que le prix de vente du lait est resté le même. Les grandes exploitations sont parvenues à rentrer dans leur frais mais les petits élevages ont produit à perte. On assiste à une réduction du nombre de tête de bétail, assure-t-il, alors qu’au contraire nous essayons de faire passer les élevages d’une taille moyenne de 3 à 5 vaches » . Le Maroc compte aujourd’hui 1,2 million de vaches laitières.
Selon le Directeur de l’ANEB, la « charte de qualité » signée le 29 avril, pourrait aider les petits producteurs laitiers à voir leur revenu à la hausse, car « le système d’agrégation des petits éleveurs autour d’un grand industriel de la transformation du lait les incite à améliorer la qualité de leur lait en liant son prix à la qualité. Le lait de bonne qualité nutritive est plus rémunérateur pour l’éleveur ».
Centrale Danone lance ses propres programmes de soutien aux éleveurs
- « Halib Bledi ». Le groupe veut mettre à niveau des centres de collecte, renforcer les connaissances des éleveurs en matière d’alimentation de reproduction, de santé … Objectif : améliorer la productivité de ces élevages et la qualité du lait.
- Cinq cent fermes de plus grande taille avec 25 à 30 vaches participent à un autre programme »Imtiyaz ». Un programme qui est destiné aux exploitations les plus modernes . « Nous leur vendons des génisses de race Holstein ou Montbéliardes qui produisent 25 à 28 litres de lait par jour ».