Taounate, province historiquement ancrée dans l’agriculture, connaît une transformation profonde grâce à la légalisation de la culture du cannabis à usage licite. Depuis la mise en place de l’Agence Nationale de Réglementation des Activités relatives au Cannabis (ANRAC), les coopératives locales se multiplient, donnant naissance à un véritable engouement parmi les cultivateurs.
L’entrée en vigueur de la loi n°13-21, qui encadre l’exploitation légale du cannabis, a marqué un tournant pour cette région où de nombreux agriculteurs s’adonnaient autrefois à cette culture dans l’illégalité. Aujourd’hui, la régularisation de la production et de la commercialisation du cannabis ouvre de nouvelles perspectives, incitant les cultivateurs à se regrouper au sein de coopératives pour bénéficier d’un cadre juridique sécurisé.
Depuis le début de l’année 2024, l’ANRAC a autorisé l’utilisation de 1.634 quintaux de semences de cannabis locales, connues sous le nom de « Beldia ». Ces autorisations, délivrées en coordination avec l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA), concernent une superficie de 1.916 hectares, répartie entre 106 coopératives de production, impliquant 1.816 agriculteurs.
Les coopératives de Taounate figurent parmi les premiers bénéficiaires de cette nouvelle réglementation. « Cette année, nous avons obtenu l’autorisation de cultiver une souche locale de cannabis, la Beldia », a déclaré Othmane El Ayadi, président de la coopérative Nass Douar. Son initiative, qui emploie 23 personnes sur une superficie de 6 hectares, symbolise le dynamisme croissant de cette filière.
De son côté, Abdeslam Ayadi Chergui, président de la coopérative « Al Ochba Al Khadra » à Ghafsai, a salué la Grâce Royale accordée aux personnes condamnées ou poursuivies dans des affaires liées à la culture illégale du cannabis. Selon lui, cette Haute Sollicitude de Sa Majesté le Roi a un impact immédiat sur la vie de nombreux cultivateurs de la province, facilitant leur transition vers une activité légale et structurée.
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Pour les acteurs associatifs, la création de l’ANRAC a bouleversé la donne. Mouhcine El Kramti, membre du Mouvement de l’Enfance populaire à Khlalfa, souligne que cette régulation permet aux agriculteurs de Taounate de bénéficier d’un revenu stable. La dynamique initiée par l’ANRAC, en collaboration avec les autorités locales, les coopératives et la société civile, ouvre de nouvelles opportunités d’emploi et de développement pour les habitants de la région.
En somme, la réglementation du cannabis dans la province de Taounate n’est pas simplement une mesure légale, mais bien une révolution agricole en marche. Cette transformation, portée par les coopératives, promet de renforcer l’économie locale tout en favorisant des pratiques agricoles durables. Les perspectives sont désormais ouvertes pour que Taounate devienne un modèle de développement rural, axé sur une exploitation légale et structurée du cannabis.