Le marché de gros d’Inezgane, dans la région du Souss, est en pleine effervescence. Sous un soleil de plomb, les caisses de tomates s’empilent, témoignant d’une abondance inattendue.
Conséquence des récentes vagues de chaleur, cette hausse de production a permis une stabilisation des prix dans les circuits de gros. Pourtant, dans les marchés de détail, les consommateurs continuent de constater des tarifs nettement plus élevés, suscitant l’incompréhension. Dans ce centre névralgique de la commercialisation agricole, l’activité est intense. Mohamed El Hadiri, agriculteur de la région, voit d’un bon œil la reprise économique après une période difficile. « La situation s’améliore doucement. Il y a quelques jours, une caisse de tomates se vendait à moins de 20 dirhams, ce qui était catastrophique pour nous. Aujourd’hui, elle dépasse les 60 dirhams, ce qui est plus raisonnable », confie-t-il à le360.
Les prix actuels oscillent entre 20 et 60 dirhams la caisse, soit environ 1 à 2 dirhams le kilo. Bien que cette évolution semble positive, Yassine Belhrach, vice-président de l’Association Chtouka des producteurs agricoles, tempère : « À ce niveau, les agriculteurs ne récupèrent même pas leurs coûts de production, ce qui les plonge dans des difficultés financières. »
Dans les marchés populaires d’Inezgane et des alentours, la situation est bien différente. Malgré l’abondance et les prix compétitifs au niveau des grossistes, les consommateurs doivent encore débourser jusqu’à 6 dirhams le kilo chez les détaillants. Une incohérence qui alimente la frustration générale. « Le kilo de tomates coûte entre 1,5 et 2 dirhams au marché de gros, mais il atteint 6 dirhams chez les détaillants. Ce n’est pas normal », déclare El Hadiri, qui appelle à intervenir pour réguler les prix et contrer les abus. Pour Belhrach, ce décalage traduit une défaillance structurelle dans la chaîne de distribution. Il dénonce des pratiques spéculatives qui pénalisent autant les producteurs que les consommateurs : « Les consommateurs devraient pouvoir acheter les tomates à des prix bien inférieurs à ceux pratiqués actuellement. Ce manque de cohérence doit être corrigé. »
Entre une production abondante et des prix de détail jugés excessifs, le problème semble résider dans une chaîne de distribution déséquilibrée. Alors que les agriculteurs peinent à couvrir leurs coûts de production, les consommateurs subissent des tarifs injustifiés.