La mécanisation agricole au Maroc: entre avancées et freins.
La mécanisation et la motorisation ont joué un rôle central dans l’évolution des systèmes agricoles à travers les âges et ce partout dans le monde. Ce phénomène a participé à la révolution agricole des pays développés, comme en Europe. On peut ainsi constater que le développement de la mécanisation augmente l’engagement des agriculteurs et la productivité de leurs exploitations. Une telle révolution peut être bénéfique mais elle demande à être adaptée aux spécificités et aux besoins des différents acteurs locaux.
Pour le Maroc, le développement d’une agriculture autonome et durable représente l’un des grands défis de demain. Indéniablement, cette révolution passera par la mécanisation progressive des outils et des exploitations marocaines, afin de permettre l’augmentation de la productivité.
Le secteur agricole au Maroc demeure faiblement mécanisé. Il est donc nécessaire d’encourager encore plus l’acquisition de matériel
Le rôle essentiel de la mécanisation agricole au Maroc
Selon Aziz Akhannouch: «la mécanisation agricole a un rôle essentiel dans la réussite du Plan Maroc Vert (PMV), en raison de son impact sur l’amélioration des techniques de production et l’augmentation de la productivité dans l’ensemble des filières agricoles».
Le PMV a apporté un soutien aux agriculteurs, via des subventions, dans l’objectif de mécaniser leurs exploitations. Le PMV a permis de limiter et de stopper, l’importation de vieux matériels, souvent obsolètes et de participer à la modernisation du parc matériel marocain. Ce soutien a constitué un levier important dans le développement de la mécanisation.
En 2011, l’Etat avait mobilisé à travers le FDA (Fonds de Développement Agricole) 2 milliards de dirhams de subventions pour la mécanisation du secteur. Entre 2008 et 2014, le cumul des aides financières est de 1.189 millions de dirhams. L’équipement des exploitations en matériels agricoles représente 17% de cette somme.
Néanmoins, le taux de mécanisation reste en deçà des objectifs fixés par la FAO et le PMV, soit 1CV/ha. Le Ministère de l’Agriculture s’est, en effet, engagé à porter l’indice de mécanisation agricole de 0,4 CV/ha à 1 CV/ha à moyen terme.
Le parc de tracteurs au Maroc reste très nettement inférieur aux besoins du pays avec 0,27-0,30 chevaux/ha, alors que la F.A.O estime à 0,5 CV/ha la norme minimale de mécanisation.
Le secteur agricole marocain demeure faiblement mécanisé
Le secteur agricole au Maroc demeure faiblement mécanisé. Il est donc nécessaire d’encourager encore plus l’acquisition de matériel neuf voire sa fabrication locale.
Selon Nima Guitouni de l’Association Marocaine des Importateurs du Matériel Agricole (AMIMA), acteur important du monde agricole au Maroc, le marché des tracteurs a enregistré une quasi-stagnation en 2015 (baisse de 2%) par rapport à 2014 pour s’établir à 2.941 unités, soit le volume le plus faible depuis l’avènement du Plan Maroc Vert (PMV). Le volume 2015 est aussi en recul par rapport à la moyenne des cinq dernières années (-20%).
Le parc de tracteurs au Maroc reste très nettement inférieur aux besoins du pays avec 0,27-0,30 chevaux/ha, alors que la F.A.O estime à 0,5 CV/ha la norme minimale de mécanisation.
Le sous-équipement en tracteurs s’accompagne d’un faible effectif de matériel d’accompagnement. Ainsi, les semoirs en ligne sont peu ou mal utilisés, le semis direct quasi inconnu, le matériel de traitement reste exceptionnel et le matériel de labour très peu diversifié.
Il faut saluer le rôle capital de manifestations comme le SIAM pour les agriculteurs qui découvrent les nouveautés dans leurs filières respectives en matière d’équipement, de diversification des outils, etc. Les fournisseurs de matériel aussi (dont la plupart font une grande part de leur chiffre d’affaires lors de cet événement) en profitent pour proposer des kits, des promotions, des remises conséquentes et/ou du matériel d’accompagnement offert afin de permettre aux visiteurs de s’équiper avantageusement et de s’assurer un retour sur leurs investissements de participation au Salon.
Subventions et impact sur les ventes
En termes d’aides financières, le nouveau système mis en place depuis 2010 avait pour objectif d’élargir l’offre des subventions touchant l’amont et l’aval des filières végétales et animales. Tout en améliorant les taux et les plafonds pour plusieurs catégories de matériels. Selon Aziz Akhannouch, «ce fonds constitue un levier primordial pour la promotion des investissements agricoles et plus spécifiquement en matière de mécanisation».
Les procédures de traitement des dossiers d’aides au matériel agricole ont été simplifiées depuis janvier 2011 grâce au remplacement de l’approbation préalable par l’accord de principe. En effet, le délai d’instruction des dossiers a été ramené de 12 à 5 jours.
facteurs structurels et conjoncturels freinent le développement de la mécanisation
Les principaux freins de la mécanisation agricole au Maroc
En plus des aides publiques, d’autres facteurs structurels et conjoncturels freinent le développement de la mécanisation: la structure foncière, la faiblesse des superficies, les difficultés résultant de la succession des années de sécheresse, l’endettement des agriculteurs, la plupart des outils utilisés par les petits agriculteurs sont achetés d’occasion ou de fabrication artisanale, les difficultés de financement, les conditions pour l’obtention de crédits, les prix élevés du neuf (un tracteur de puissance moyenne (80-90 cv) coûte 230.000 à 300.000 dh (-72.000 de subventions) une moissonneuse batteuse culmine à 850.000-1.100.000 dhs (-220.000 de subvention)), etc …. Deux points sont tout de même à relever.
La concurrence du matériel d’occasion
La concurrence est d’autant plus poussée que les aides à l’achat du neuf baissent et les conditions de financement se compliquent. Ainsi, l’importation des tracteurs, des moissonneuses batteuses, des presses à paille, et/ou des ensileuses en provenance de l’Union Européenne, a connu une fluctuation liée essentiellement à la variation des aides au neuf.
Le matériel chinois
Au cours des dernières années on a assisté à l’apparition progressive de nombreuses sociétés importatrices de matériel agricole d’origine chinoise, proposant des offres de prix battant tous les records (deux tracteurs pour le prix d’un) en assurant les clients éventuels sur le SAV (service après vente) à proximité, la disponibilité de la pièce détachée.
L’innovation comme rebond!A l’image de COMICOM qui a lancé officiellement au Maroc le nouveau tracteur MF 4708 de Massey Ferguson lors du SIAM 2016, l’avenir du secteur passe par l’innovation. Comicom, importateur exclusif de la marque Massey Ferguson au Maroc, a annoncé le lancement au Maroc du premier tracteur de la nouvelle Gamme Mondiale Massey Ferguson, le MF 4708! D’une puissance de 82 chevaux en versions 2 et 4 roues motrices, ce modèle fait partie de la nouvelle famille révolutionnaire de tracteurs de 60 à 130 chevaux qui offrira trois gammes, quatre systèmes de transmission différents et sera disponible en version marchepied et semi-plateforme. « Les meilleurs cerveaux de Massey Ferguson ont travaillé à la conception et à la fabrication de cette nouvelle gamme de tracteurs », selon l’expression de Campbell Scott, directeur du développement de la marque. « Ces tracteurs ultra‑modernes sont le fruit d’un investissement de 350 millions de dollars pour une conception radicalement nouvelle. Ils sont développés spécifiquement afin d’assurer un fonctionnement extrêmement fiable pour un large éventail d’applications et répondre aux besoins variés des agriculteurs partout dans le monde. » |
la mécanisation comporte aussi de nombreux risques professionnels qu’il faut savoir maîtriser par une bonne formation préalable : Les accidents liés aux engins et machines agricoles sont le premier risque professionnel en fréquence et gravité auquel sont exposés les agriculteurs : » La prévention des risques des engins et machines agricoles » : http://www.officiel-prevention.com/formation/conduite-d_engins/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=95&dossid=508