Crédit Agricole au Maroc: l’offre Tamwil El Fellah, le méso-crédit a de l’avenir.
Le méso-crédit, à mi chemin entre la microfinance et l’offre bancaire classique, est une solution bancaire à laquelle croit le Crédit Agricole au Maroc avec son offre lancée en 2010, Tamwil El Fellah, a destination des petits et moyens agriculteurs.
L’Agence Français de Développement est allée à la rencontre de Mustapha Ben El Ahmar, directeur du centre d’études et de recherches du Groupe Crédit agricole du Maroc (Cercam), et Mariem Dkhil, directrice du financement du développement durable du GCAM afin de faire connaitre davantage cette solution de méso-crédit qui pourrait se développer fortement au Maroc.
Le Crédit Agricole au Maroc souhaite trouver davantage de solutions bancaires pour accompagner les exploitations agricoles du pays et vulgariser ses différentes offres existantes. Le Royaume qui compte 1,5 millions d’exploitations agricoles réparties sur 10 millions d’hectares dispose d’un potentiel certain en ce sens, même si 40% de ces exploitations agricoles sont constituées de très petits agriculteurs souvent analphabètes ou à faible niveau d’instruction, dont la bancarisation n’est pas le besoin premier. Reste alors les exploitations agricoles de tailles petites-moyennes, qui représentent aussi plus de 40% des exploitations agricoles du pays, et qui ont des besoins en financement alors qu’elles ne peuvent prétendre à une approche bancaire classique par défaut de garanties.
La Solution ? Qu’est ce que le méso-crédit ?
Concrètement le méso-crédit du Crédit Agricole au Maroc est une offre qui ne dispose pas de plafond de crédit défini, et dont les taux sont négociables. Chaque agriculteur peut en faire la demande et bénéficier le plus souvent de crédits moyens inférieurs à 100 000 dirhams avec des taux d’intérêts de 5 à 5,5%. Lorsque l’agriculteur ne peut apporter de garanties réelles alors ces taux peuvent grimper à 8 ou 8,5%.
Ces garanties sont le principal frein au crédit agricole au Maroc, puisque 75% des exploitations agricoles sont privées mais faiblement immatriculées. On apprend ainsi grâce à l’AFD toujours, que 25% de ces exploitations disposent de statuts juridiques caducs, avec des terres collectives « Guich » ou des terres propriétés du ministère des Affaires islamiques et données en location au privé « Habou » qui ne permettent donc pas de réelles garanties juridiques pour les exploitants.
Ainsi cette difficulté majeur du statut, conjuguée à celle de l’assurance agricole qui est certes en croissance mais ne couvre à l’heure actuelle qu’1 million d’hectares (soit 10% des terres cultivées) ; ou encore la difficulté du regroupement des petits agriculteurs notamment en coopératives qui a été boostée par le Plan Maroc Vert (PMV) sont des freins importants à la bancarisation et au développement des exploitations agricoles.
La digitalisation participe au développement.
Pour Mariem Dkhil et Mustapha Ben El Ahmar la tendance est positive, notamment avec les nouvelles générations d’agriculteurs qui disposent d’un niveau d’instruction toujours plus élevé par rapport à l’ancienne génération. Par ailleurs les innovations bancaires déployées par les acteurs, comme l’offre Tamwil El Fellah de la CGAM, permettent de répondre à un besoin précis et difficilement accessible par le passé. Aujourd’hui les systèmes de scoring, les stratégies d’accompagnement et de proximité permettent de mieux gérer le risque.
Enfin, la digitalisation participe à la bancarisation des populations rurales, facilitant l’accès à l’information à des populations de moins en moins enclavées et dont le niveau d’instruction se développe avec l’objectif ultime de permettre aux agriculteurs un développement de leurs revenus.