UE : Ursula von der Leyen enterre une loi sur les pesticides.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a abandonné mardi un projet de loi controversé visant à restreindre l’utilisation des pesticides. Cette décision, intervenue après le rejet du texte par le Parlement européen, a été perçue comme un geste envers les agriculteurs européens mécontents, mais a suscité des critiques parmi les partisans des normes environnementales strictes.
Le projet de loi, partie intégrante du « Pacte vert » de l’UE, avait pour objectif de réduire de moitié l’utilisation et les risques des produits phytosanitaires chimiques d’ici 2030 par rapport à la période 2015-2017. Cependant, il a été qualifié de « symbole de polarisation » par Mme von der Leyen, tandis que les agriculteurs protestaient contre ce qu’ils considéraient comme des normes écologiques excessives.
La présidente de la Commission européenne a qualifié le projet de loi de « symbole de polarisation » devant le Parlement européen, soulignant la nécessité d’un dialogue accru et d’une approche différente. Elle a laissé entendre qu’une nouvelle proposition, élaborée en collaboration avec les parties prenantes, pourrait voir le jour, sans toutefois spécifier de calendrier.
« Les agriculteurs ont besoin de raisons économiques d’adopter des mesures de protection de la nature, peut-être n’avons-nous pas exposé ces raisons de manière convaincante », a-t-elle regretté d’après l’AFP.
Le retrait de la proposition a suscité des réactions divergentes
Le retrait de la proposition a suscité des réactions divergentes au sein de l’Union européenne. Le Copa-Cogeca, regroupant les principaux syndicats agricoles européens, a critiqué le projet comme étant « idéologique, mal calibré, irréaliste et non financé ». En revanche, le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a salué la décision en soulignant l’importance de maintenir les agriculteurs du côté de la durabilité agricole.
Le Parlement européen avait déjà rejeté la proposition en novembre, éliminant efficacement tout espoir de la voir adoptée avant les élections européennes de juin 2024. Le chef du PPE, Manfred Weber, a déclaré que le retrait était une victoire grâce à leurs efforts, tandis que Pascal Canfin a déploré « une erreur, une occasion manquée ».
En réponse aux manifestations de colère des agriculteurs, la Commission européenne a récemment proposé des dérogations partielles aux obligations de jachères et des limitations des importations ukrainiennes. Ces gestes ont été bien accueillis, mais certains estiment que l’annulation de la proposition sur les pesticides représente une concession majeure aux intérêts de l’agro-industrie.
Ursula von der Leyen a réitéré son engagement envers les agriculteurs, affirmant prendre conscience de leurs préoccupations face au changement climatique et au conflit ukrainien. Alors que l’UE s’apprête à dévoiler une feuille de route climatique pour 2040, il reste à voir comment cette décision influencera la politique agricole future de l’Union européenne.