Les trois cultures préférées par les agriculteurs marocains en 2024 : La tomate reste incontournable, la myrtille superforme et l’avocat fait polémique.

L’agriculture marocaine, riche et diversifiée, évolue constamment pour répondre aux défis économiques et environnementaux. En 2024, AgriMaroc s’est intéressé aux trois cultures agricoles qui seront encore incontournables cette année : la myrtille, l’avocat et la tomate. Ces produits, en plus de leur importance économique, reflètent également l’adaptation du secteur agricole marocain aux demandes du marché mondial malgré les contraintes climatiques. Dans cet article, nous explorerons en profondeur les perspectives de croissance, les défis et les opportunités associés à chaque culture, en mettant en lumière les développements récents du secteur agricole au Maroc.

La Myrtille : Une croissance soutenue malgré les défis

En première position, la myrtille, considérée comme l’un des superfruits, a connu une croissance constante sur la scène mondiale au cours des dernières années. Selon le rapport de Rabobank, la tendance devrait se poursuivre en 2024, avec une anticipation d’une croissance à long terme des exportations mondiales malgré un environnement inflationniste.

Le rapport met en avant l’Amérique du Nord, en particulier les États-Unis, comme le principal marché de destination pour les myrtilles fraîches et surgelées. Les principaux exportateurs comprennent le Pérou, le Mexique et le Chili. Toutefois, une nouvelle entrée remarquable sur la scène mondiale est le Zimbabwe, qui a réussi à devenir un acteur de premier plan grâce à des investissements massifs et à une croissance spectaculaire de 63% par an au cours des cinq dernières années.

Dernièrement le Moyen Orient a été pénétré largement par les exportateurs marocains, qui ont trouvé ici une demande forte avec des moyens financiers importants. La Chine pourrait aussi être prochainement la destination phare pour les producteurs marocains de myrtilles.

L’exemple pour le Maroc pourrait être le Zimbabwe, autrefois sous-estimé sur le marché mondial des myrtilles, le pays a récemment pris d’assaut la scène en tant que leader des exportations. Une augmentation significative des investissements dans la culture de la myrtille, alimentée principalement par des investisseurs africains, a propulsé le pays au sommet du classement mondial. La diversification des investissements a permis au Zimbabwe de rivaliser avec des acteurs majeurs de l’exportation de myrtilles, dépassant même des pays bien établis tels que la Serbie en volume.

Selon les données de EastFruit, le Zimbabwe exporte une part importante de ses myrtilles vers l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni, l’Union européenne, le Moyen-Orient et la Russie. Les investisseurs africains ont été attirés par les conditions climatiques idéales du Zimbabwe, l’accès à une eau de qualité pour l’irrigation et une main-d’œuvre abordable.

Les perspectives d’avenir pour le secteur des myrtilles au Zimbabwe sont optimistes, avec une croissance continue des exportations prévue en 2023, augmentant de 30 à 40%. Cette tendance est alimentée par le prix élevé des myrtilles sur le marché mondial, résultat d’une récolte décevante au Pérou. En 2022, le Zimbabwe a connu une année particulièrement fructueuse, avec une augmentation spectaculaire des exportations de 85%, atteignant 2 300 tonnes et propulsant le pays dans le top 15 mondial des exportateurs de myrtilles.

Avec des perspectives de croissance solides, le Zimbabwe semble prêt à consolider sa position en tant que joueur clé dans le secteur mondial des exportations de myrtilles. Le potentiel marocain pour la myrtille est donc comparable et potentiellement immense.

L’Avocat : Le mal aimé qui divise la profession.

En seconde position, l’avocat a gagné en popularité ces dernières années, devenant une culture agricole incontournable pour les investisseurs marocains. Le Maroc a vu une croissance significative de ses exportations d’avocats au fil des ans. Classé 12e exportateur mondial en 2017, le pays a quadruplé ses ventes sur les marchés étrangers depuis. En 2022, le Maroc a exporté plus de 55 000 tonnes d’avocats, et les chiffres pour les neuf premiers mois de 2023 dépassent déjà les 23 000 tonnes.

Cependant, la croissance rapide de l’industrie des avocats au Maroc n’est pas sans défis. Les producteurs marocains font face à une grave pénurie de ressources en eau, crucial pour la culture des fruits. Les appels à la limitation de la consommation d’eau des producteurs d’avocats sont de plus en plus fréquents, menaçant potentiellement l’avenir du secteur des exportations.

La production d’avocats au Maroc pour la saison en cours pourrait atteindre 60 000 tonnes, marquant une récolte exceptionnelle malgré la sécheresse persistante. Les défis à venir comprennent la nécessité de réguler les exploitations agricoles, de localiser celles-ci dans des zones où l’eau est abondante et de développer des technologies modernes, telles que l’irrigation au goutte-à-goutte et le recyclage de l’eau, pour maximiser l’efficacité de l’utilisation de l’eau.

La tomate marocaine : La Success Story

Enfin nous retrouvons la tomate marocaine, véritable fleuron de l’agriculture marocaine, continue de prospérer sur les marchés internationaux. Les performances exceptionnelles de la tomate marocaine au cours de la campagne 2022/2023 méritent une attention particulière, soulignant la résilience du secteur face aux défis climatiques et sanitaires.

Le Maroc a exporté plus de 700 millions de kilos de tomates au cours de la dernière campagne, générant une valeur de plus d’un milliard d’euros. Ces chiffres font de la tomate le principal produit agricole d’exportation du Maroc. Les principaux marchés d’exportation comprennent la France, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Espagne.

La renommée de la tomate marocaine repose en grande partie sur la qualité des produits. Les conditions climatiques favorables, en particulier dans les régions du Souss-Massa et de Dakhla, permettent une production de tomates de haute qualité. La diversification des marchés est également un facteur clé du succès continu de la tomate marocaine. En plus des marchés traditionnels, le Maroc explore de nouvelles opportunités sur des marchés émergents tels que le Portugal, renforçant ainsi sa position en tant que leader mondial dans l’exportation de tomates.

Un autre aspect crucial du succès continu de la tomate marocaine réside dans l’adoption de technologies agricoles de pointe. Les serres canariennes, qui combinent l’utilisation efficace de l’eau et une protection contre les conditions climatiques extrêmes, ont joué un rôle essentiel dans la croissance de l’industrie. Ces serres, réparties sur des milliers d’hectares, permettent une production toute l’année, renforçant la position du Maroc sur le marché international.

Malgré ces succès, le secteur de la tomate au Maroc n’est pas sans défis. Les préoccupations environnementales et sanitaires, en particulier liées à l’utilisation d’intrants chimiques, nécessitent une attention continue. L’adoption de pratiques agricoles durables et la recherche de méthodes biologiques sont essentielles pour maintenir la confiance des consommateurs et répondre aux normes internationales croissantes.

En conclusion, la tomate marocaine demeure une success story, mais la vigilance et l’innovation continue sont nécessaires pour surmonter les défis émergents et garantir la durabilité du secteur à long terme.

La Synthèse

En 2024, les agriculteurs marocains ont devant eux des opportunités significatives avec la myrtille, l’avocat et la tomate. Ces cultures, bien que différentes dans leurs caractéristiques et leurs défis, partagent un trait commun : une demande mondiale croissante. L’adaptation aux tendances du marché mondial, l’investissement dans des pratiques agricoles durables et l’adoption de technologies de pointe sont des éléments clés pour capitaliser sur ces opportunités.

L’avenir de l’agriculture marocaine dépendra de la capacité des agriculteurs à naviguer dans un paysage en évolution rapide. Les défis liés à l’utilisation de l’eau, à la durabilité environnementale et à la régulation des exploitations agricoles nécessitent une approche proactive et des solutions innovantes. Cependant, avec la bonne stratégie, le Maroc peut continuer à prospérer sur la scène mondiale en tant que leader dans la production et l’exportation de produits agricoles de haute qualité.