La saison des primeurs marocaines pour l’année 2023-2024 sortait de l’exception. Un démarrage tardif, des températures estivales record, des maladies, et une incertitude persistante.
La région de Souss Massa, qui représente 80% de la production nationale de primeurs et de 67% des exportations, a été frappée de plein fouet par un été difficile. Les températures exceptionnellement élevées, les maladies des plantes et la pénurie de semences ont retardé le lancement de la campagne, laissant les producteurs dans l’incertitude. Oussama Machi, un maraîcher de la région, souligne à Freshplaza que cet été tumultueux a influencé l’ensemble de la campagne agricole marocaine.
L’incertitude entourant la disponibilité de semences résistantes au ToBRFV, devenu épidémique au Maroc, a conduit à un attentisme chez les producteurs. Les décisions de plantation ont été prises à la dernière minute, entraînant une surproduction une fois que tous les producteurs ont finalement décidé de planter. Les conditions météorologiques favorables ont ensuite contribué à une croissance exceptionnelle des cultures.
Les prix des tomates ont chuté de 80% sur le marché local, les poivrons de 50%, et les prix à l’exportation ont également baissé, surtout vers la France précise ainsi la même source. Les courgettes ont maintenu leur stabilité, mais les haricots et les concombres ont connu une augmentation des prix en raison de la réduction des superficies de culture.
Sur AgriMaroc.ma l nous rappelions la décision de la Mauritanie d’augmenter les droits de douane sur les produits frais ce qui a ajouté une couche de complexité à cette saison déjà mouvementée. Cependant, Machi insiste sur le fait que la corrélation entre la baisse des prix et la décision de la Mauritanie est fortuite. Il explique que la Mauritanie agit principalement comme un hub de distribution et que les volumes vers ce pays sont insignifiants pour influencer les prix au niveau national.
Malgré la baisse des prix, les volumes de légumes s’accumulent au Maroc, principalement en raison de l’amélioration des températures dans le bassin méditerranéen. L’Europe, l’un des principaux marchés d’exportation, n’a pas encore vu une demande significative. La concurrence avec d’autres grands producteurs méditerranéens notamment l’Egypte, l’Espagne, l’Italie ou la Turquie, a entraîné une baisse des prix sur le marché européen.
Machi anticipe une augmentation des prix avant la fin de la campagne, attribuant cela à la situation financière difficile de nombreux producteurs précise toujours Freshplaza. Des signes d’arrachages et de plantations négligées sont déjà perceptibles, ce qui pourrait entraîner une baisse des rendements tardifs. Bien que la période exacte de cette augmentation reste incertaine, Machi est convaincu que la campagne d’exportation des légumes devrait se terminer en mai.