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Pistachier - photo : DR

Analyse : L’heure du pistachier au Maroc ?

Le pistachier, le rêve californien.

À travers tout le Maroc, la question de l’eau devient une préoccupation majeure, en particulier dans les bassins de productions. Des réflexions émergent pour identifier des plantes résistantes à la pénurie d’eau, diversifier les cultures afin d’assurer des revenus complémentaires aux agriculteurs et réhabiliter les terres, particulièrement vulnérables au manque d’eau.

Les experts sont unanimes, et soulignent l’urgence de ces problématiques, affirmant que « tous les indicateurs sont globalement au rouge ». Sur les plateaux TV où dans les événements dédiés au sujet, le constat reste le même, les sols deviennent de plus en plus arides, les taux de remplissage des bassins restent en dessous des normales, avec peu d’espoir d’amélioration étant donné que les précipitations se font de plus en plus rares, malgré les dernières grosses pluies de février.

Les nappes phréatiques sont à leur niveau le plus bas, et l’enneigement des montagnes est de plus de plus faible, une situation qui inquiète. La neige normalement abondante en cette période de l’année permet de stocker de l’eau pour la restituer au printemps, alimentant ainsi les cours d’eau.

Aujourd’hui, les agriculteurs doivent se projeter comme dans le reste du monde à changer leurs habitudes. En France par exemple, l’Olivier devrait prédominer d’ici 2050 dans toute la partie sud, en effet la France veut promouvoir la culture de l’olivier et compte sur l’expertise marocaine pour ce faire. Un vrai  choix d’avenir pour une culture qui aujourd’hui est très peu développée.

Face au manque d’eau qui a affecté nos cultures au Maroc, planter des cultures plus résistantes et adaptées au climat changeant ne serait pas une si mauvaise idée. Pour de nombreux experts internationaux il faut se tourner vers des cultures plus pérennes, plus adaptées à ce qui nous attend en 2050 et ça commence dès maintenant.

Et si le pistachier était une culture d’avenir au Maroc ?

Parmis les cultures qui pourraient prospérer au Maroc. On peut penser à la culture du pistachier, qui serait plus adaptée à ce qui nous attend en 2050 au Maroc. Une culture a planter aujourd’hui pour les générations futures et surtout une culture qui n’est pas inconnue des agronomes marocains.

Le pistachier cultivé au Maroc, introduit par l’INRA dans les années 50, fait parti intégrante de l’agriculture marocaine ou différents essais ont été menés dans les vergers de démonstration, mis en place dans différentes régions.

Le Ministère de l’Agriculture a envisagé dans les années quatre-vingt une extension de la culture du pistachier sur environ 2000 hectares pour stimuler le développement régional. Cependant, cette ambition a rencontré des obstacles liés à la nature de l’espèce et au manque de connaissances sur ses techniques de culture. Sur le terrain, des problèmes tels que la fragilité lors de la transplantation, la disparition du cultivar, la mise à fruit tardive, la faiblesse des rendements, et des problèmes de pollinisation ont été identifiés. D’autres cultures plus rentables ont été privilégiées par les agriculteurs marocains.

Malgré les défis initiaux, le pistachier offre des opportunités pour diversifier l’agriculture au Maroc. Les avancées dans la recherche et la sélection de variétés adaptées ouvrent la voie à un développement plus large de cette culture prometteuse, qui pourrait jouer un rôle clé dans la revitalisation des zones marginales et la résilience face aux conditions climatiques difficiles.

Pour toutes ces raisons, les agriculteurs marocains ont eu du mal à franchir le pas pour cette culture très présente en Iran ou en Turquie mais qui fait aussi la richesse des agriculteurs américains et notamment du bassin Californien.

Aujourd’hui l’expertise conjuguée à un contexte défavorable de terres de plus en plus difficilement exploitables, ramènent la culture de la pistache au cœur des opportunités.

Quelles sont les conditions favorables à la culture du pistachier ?

L’entretien relativement simple du pistachier contraste avec ses exigences particulières pour la floraison. Un épisode de froid hivernal, avec une exposition de 500 à 900 heures à des températures inférieures à 7° Celsius, est essentiel pour rompre la dormance des bourgeons. Ces conditions favorisent une floraison simultanée des arbres mâles et femelles, augmentant ainsi les chances d’une pollinisation réussie. Les étés chauds et secs, avec des températures moyennes de 30 à 35 degrés Celsius, sont également cruciaux pour la maturation des fruits.

Le choix stratégique de l’altitude pour la plantation du pistachier est un autre élément clé de sa croissance. Les sols situés entre 500 et 1500 mètres d’altitude semblent être le terrain idéal pour cet arbre. Dans les années 1990, le département d’horticulture de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II avait identifié des zones propices à la culture du pistachier, notamment El Hajeb, Sefrou, Imouzzer et Asni, ainsi que la région de l’Oriental jusqu’à Guelmim-Oued Noun.

Lire aussi : Quelles sont les cultures qui consomment le plus d’eau ?

Une information cruciale provenant de ces études est la capacité du pistachier à survivre à des conditions difficiles d’irrigation. Alors que les ressources en eau douce sont souvent limitées, des recherches récentes montrent que le pistachier peut résister à l’irrigation avec des eaux salines, même à des niveaux de salinité atteignant 15g/l. Comparativement, l’olivier supporte seulement 3,2 g/l et l’arganier 7,5g/l.

Dans ce cadre là, tout laisse à penser que le pistachier pourrait s’épanouir au Maroc.

Quel budget d’investissement estimé pour le pistachier ?

Peu de projets existent au Maroc actuellement mais le pays qui se rapproche le plus reste le voisin ibérique. Des agriculteurs espagnols basés en Catalogne, parlent de cette nouvelle tendance agricole qui émerge, ou les vignobles se réduisent au profit de ce nouvel or vert. La pistache, avec ses coûts de production abordables et sa résistance remarquable aux températures extrêmes, se profile comme l’alternative idéale pour les agriculteurs cherchant à diversifier leurs cultures.

Investissement initial substantiel en moyenne, 300 000  dirhams

Le principal défi réside dans le temps nécessaire pour que les arbres produisent des fruits de manière optimale. « D’après ma propre expérience l faut attendre entre 4 et 6 ans pour que l’arbre produise des fruits,  et jusque 8 ans pour que les rendements soient au maximum de leur capacité », explique le producteur. Cette période d’attente prolongée rend l’investissement initial substantiel en moyenne, 300 000  dirhams (où 30 000 euros par hectare) difficile à justifier pour de nombreux agriculteurs.

Malgré ces défis, la pistache attire de plus en plus d’agriculteurs. Actuellement, la Catalogne compte 147 exploitations dédiées à la culture de la pistache, contribuant à une récolte annuelle estimée à 450 tonnes. Cependant, le potentiel lucratif ne se réalise qu’à moyen terme, et cette réalité éloigne certains agriculteurs potentiels.

« La pistache est certes très rentable, mais seulement à moyen terme. Donc tout le monde ne peut pas s’y mettre », souligne le producteur. Cette réalité souligne la nécessité pour les agriculteurs d’avoir une vision à long terme et un capital initial solide pour embrasser la culture de la pistache.

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