Les différentes structures de stockage des céréales au Maroc.
Au Maroc, le stockage de blé tendre à la ferme est en régression depuis que le prix de vente (stabilisés dès la moisson) varie très peu en cours de campagne. Ainsi les capacités individuelles de stockage sont rapidement dépassés et des quantités importantes de blé tendre ne peuvent être stockées. L’essentiel du blé tendre est écoulé par les agriculteurs juste après les moissons. À cause du surcoût injustifié que l’opération de stockage peut entraîner, seulement une partie de la production est conservée par les céréaliculteurs (qui servira de semences pour la campagne suivante ou pour l’autoconsommation). Dans ce cas précis, le stockage est confié à des professionnels.
Le stockage souterrain ou le stockage en matmora
C’est une sorte de fosse à grain qui a une profondeur qui tourne entre 3 et 4 m. Cette fosse possède une embouchure rétrécie (moins de 60 cm) qui est creusée dans le sol. Cette forme de stockage (très traditionnelle) permet un stockage à moyen ou long termes (quelques mois voire plusieurs années) de grains qui sont destinés à la consommation, aux semences ou à une commercialisation extérieure. Cette méthode est adaptée au climat marocain (sec et chaud) et constitue le mode le moins coûteux. Mais également le plus approprié pour un stockage confiné à long terme. Le choix du type de sol ainsi que de l’emplacement est primordial. Un sol dur à faible capacité de rétention est préférable. De plus, l’emplacement doit être surélevé. Des améliorations peuvent être apportées afin d’améliorer l’étanchéité et les infiltrations en eau des matmoras. On rencontre cette forme de stockage dans de nombreuses régions du Maroc, telles que: Chaouia, Abda, Zaer, etc … . Ce succès est du à son faible coût concernant l’entretien et la mise en place.
Le stockage en hangars, magasins, entrepôts
Soit en vrac, soit en sacs. À la ferme ou chez des professionnels de stockage. Ce type de stockage peut engendrer des pertes ou dégradations plus ou moins importantes. Les raisons: Le stockage de grains est insuffisamment secs, le lieu est mal ventilé, l’humidité de l’air est trop élevée, la chaleur dans les zones de stockage est due à la mauvaise isolation ou à l’activité du grain, la mauvaise protection contre les rongeurs ou insectes et/ou le stockage de grains est mêlés à des impuretés.
La conservation en silos
Le silo (des céréales) désigne des installations de grande capacité composées de structures métalliques ou en béton armé (en batterie) et destinées à un stockage mécanisé de quantités importantes de grains dans un minimum de place et dans de bonnes conditions. Les silos pour céréales sont verticaux. Ils sont toujours équipés des installations nécessaires pour la pesée, la manutention, le nettoyage, le séchage, la ventilation et la supervision. Ceci permet la gestion de grandes quantités de grains par des équipes très réduites. La gestion de telles unités nécessite de grandes compétences et expérience dans le cadre de la réception et répartition des lots et afin de faire face à n’importe qu’elle situation habituelle ou nouvelle. Étant donné le coût et la complexité des installations, elles sont réservées au « stockage commercial » à grande échelle, par des organismes spécialisés. Concernant les particuliers, il est possible de trouver des cellules métalliques avec des capacités qui sont adaptées aux besoins. La lutte contre les ravageurs s’avère nettement simple. Une bonne gestion de la ventilation permet d’éviter l’intrusion de nuisibles.
Bonjour Madame Maazouz
Je viens vers vous car j’ai découvert votre article qui date de 2016 en faisant des recherches sur les anciennes Matmora d’Afrique du nord. Ceci m’intéresse car je codirige en France un projet expérimental- depuis plusieurs années avec des collègues archéologues, des chercheurs de l’Inrae, des agriculteurs liés au Réseau des semences paysannes, des artisans meuniers et boulangers. L’objectif du projet est de redécouvrir par la pratique expérimental les techniques d’ensilage traditionnel des céréales dans des fosses à grains souterraines et d’éclairer les questions récurrentes que soulève la présence de silos sur les sites archéologiques dans le sud de la France. Cette technique de conservation a longtemps été utilisée par les communautés paysannes du passé, jusqu’il y a peu de temps en Afrique du Nord et en Afrique Sub-saharienne. Au-delà des questions archéologiques, la redécouverte de la pratique du stockage en fosse-silo souterraine, j’ai pu le constater à plusieurs reprises interpelle et suscite intérêt chez les paysans céréaliers « Bio », car cette technique (en milieu confiné) à des avantages indéniables et peut dans une certaine mesure répondre à des enjeux actuelles dans les pratiques céréalières : limitation de la prolifération des insectes du stockage (absence d’utilisation d’insecticides du stockage), absence de source d’énergie lors du stockage, plus ou moins longue durée de stockage (1an et plus selon les conditions), cout d’investissement quasi nul…mais aussi des inconvénients (humidité) que le travail expérimental depuis plusieurs années s’efforce de résoudre.
Je suis à la recherche de toutes infos sur des pratiques de stockage actuelles dans ces fosses silos. Est ce que cela se pratique encore dans certaines régions du Maroc ou bien cette pratique a définitivement été abandonnée ?
Bien à vous
Eric Yebdri ; archéologue à l’Inrap (Institut National de la Recherche Archéologique Préventive)
inrap.fr
https://www.inrap.fr/experimentation-sur-des-silos-souterrains-entre-archeologie-et-agronomie-15166
https://reporterre.net/Cette-technique-du-Moyen-Age-pour-stocker-le-ble-est-la-plus-moderne-ni-energie
https://ensilage.hypotheses.org/