Aperçu de la filière laitière au Maroc.
La filière laitière au Maroc assure la sécurité alimentaire du pays en produisant 96% des besoins nationaux en lait et dérivés. Malgré ses performances, elle se heurte à des défis, notamment liés au climat, à la stagnation du marché et à la taille des exploitations.
Au Maroc, la filière laitière comprend près de 400 000 exploitations dont 100 000 exploitants saisonniers. La production se fait à 82% dans les « bassins laitiers », c’est-à-dire le Ghrab, Loukkos, Tadla, Doukkala, Chaouia, Souss Massa, Saiss, etc). En 2016, 2,6 milliards de litres de lait ont été produits. La croissance moyenne de production est faible : 4 à 5% par an. En avril 2015, un contrat-programme a été signé entre le gouvernement et la filière laitière. Il vise, entre autres, à augmenter la collecte de lait à 4 milliards de litres d’ici 2020.
La filière laitière génère un chiffre d’affaire de 13 milliards de dirhams dont 7 milliards reviennent aux acteurs de l’amont dans le monde rural. Au total, 460 000 emplois permanents sont assurés en plus des quelques milliers d’autres emplois. L’aval concentre 2 700 centres de collecte de lait et 82 usines laitières. Toutefois, 80% du volume est traité par seulement 10 unités : les plus vastes.
Le taux d’autosuffisance est passé de 88% en 2008 à 96% en 2016. Malgré cette belle performance, la filière laitière fait face quelques défis et stagne.
Stagnation de la consommation de lait
Selon la fédération Interprofessionnelle Marocaine du lait, FIMALAIT, la consommation nationale moyenne est de 72 litres par habitant et par an. La forme liquide est de loin la plus consommée par les familles marocaines. A titre de comparaison, les français consomment environ 290 litres de produits laitiers par an et par habitant ! Notons que ces chiffres sont en stagnation mais que le contrat-programme signé a pour objectif de rehausser la consommation à 90 litres d’ici 2020.
« Nous sommes convaincus que le fléchissement de la consommation est dû à une campagne de dénigrement du lait quant à ses effets sur la santé, dont deux émissions de télévision se sont faites l’écho au Maroc », explique Meriem Alaoui du Groupe Centrale Danone avant d’ajouter que ces campagnes « ne sont absolument pas réalistes dans le contexte alimentaire marocain, au contraire très carencé ».
Aléas climatiques
La production de lait est affectée par le climat très instable. L’élevage en zone irriguée représente 1,6 millions d’hectares. Sur ces terres, 85% des vaches sont des races améliorées de type Montbéliardes ou Holsteins, les 15% restants sont des races locales. A l’inverse, dans les zone arides (<350 mm de pluie), les races locales représentent 80% du cheptel contre 20% pour les races améliorées. Les zones semi-arides concentrent une population de 55% de type amélioré pour 45% de type local. Les races dites « améliorées » sont moins résistantes aux climats arides mais produisent 3 à 5 fois plus. Si les vaches locales ont une production moyenne de 6 à 10 litres par jour, la production des races améliorées atteint 25 à 28 litres.
Taille des exploitations
Le Maroc compte, au total, 1,2 millions de vaches laitières réparties auprès de 400 000 exploitants soit une taille moyenne des exploitations de 3 vaches. Malgré l’objectif de faire passer ce chiffre à 5, la tendance est plutôt à la baisse. En effet, ces dernières années, le prix des intrants a augmenté au Maroc. Cette situation a contraint les petits éleveurs à réduire davantage la taille de leur troupeau. Les plus petites exploitations se heurtent à un problème de rentabilité à cause de la hausse du coût de production et de la stagnation des prix de vente du lait. Aujourd’hui, 90% des exploitations comptent moins de 10 vaches.
Les sociétés adhérentes de la FIMALAIT ont signé une « Charte de qualité » qui vise à aider les plus petits producteurs laitiers à rentabiliser leur activité. «Le système d’agrégation des petits éleveurs autour d’un grand industriel de la transformation du lait les incite à améliorer la qualité de leur lait en liant son prix à la qualité. Le lait de bonne qualité nutritive est plus rémunérateur pour l’éleveur », explique le directeur de l’Association Nationale des Éleveurs de Bovins.
C’est vraiment étonnant le prix ici. Comme est-il possible que le lait qui est produit dans ma ville soit plus cher que le lait produit dans le nord de l’Espagne, qui doit être envoyé à Madrid, et puis à la ville de Ceuta où on peut l’acheter un 40% moins cher et de mieux qualité?