Le Maghreb, acteur majeur dans la production de dattes, intensifie la lutte contre le charançon rouge.
Le Charançon Rouge des Palmiers, un fléau sévère qui sévit dans plus de 50 pays en attaquant près de 40 espèces de palmiers, infligeant des dommages considérables à ces arbres emblématiques et à d’autres cultures, tout en perturbant la production, les moyens de subsistance des agriculteurs, et l’équilibre environnemental.
L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a récemment organisé un programme de formation dédié aux facilitateurs des Champs-Écoles des Producteurs (CEP) pour lutter contre le Charançon Rouge du Palmier (CRP) et d’autres ravageurs du palmier dattier. Cette formation s’est déroulée à Tunis du 18 au 22 septembre 2023. Insérée dans le cadre du programme régional de gestion du CRP dans la région du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), elle a rassemblé des experts et formateurs régionaux de la FAO ainsi que plus de 20 stagiaires en provenance de Tunisie et de Libye.
L’objectif majeur de cette initiative était de renforcer les compétences des spécialistes agricoles en vue d’établir, de mettre en œuvre et de gérer les CEP, tout en améliorant les aptitudes des agriculteurs à combattre le CRP et d’autres ravageurs du palmier dattier. Un témoignage de l’importance cruciale de la Tunisie et de la Libye dans le secteur des dattes a été apporté par Thaer Yaseen, responsable régional de la protection des végétaux au Bureau régional de la FAO pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Il a souligné que « la Tunisie occupe le premier rang des pays exportateurs de dattes dans le monde, contribuant de manière significative au volume global du commerce mondial des dattes, avec 280 millions de dollars US d’exportations en 2021 ».
Selon Yaseen, des études récentes évaluant l’impact social et économique du CRP en Mena ont révélé que les coûts annuels des programmes de gestion du CRP étaient estimés à environ 5,7 millions de dollars US en Égypte et à environ 34,4 millions de dollars US en Arabie Saoudite. Cette situation nécessite la mise en place de programmes de formation pour contenir le CRP dans la région, via des approches basées sur la recherche scientifique, le renforcement des compétences des agriculteurs et des travailleurs du secteur du palmier dattier, ainsi que l’échange de connaissances et d’informations entre les pays de la région.
Mohamed Rabeh Al-Hajlawi, directeur général de la santé des végétaux et du contrôle des intrants agricoles au ministère tunisien de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche maritime, a ajouté que « la production de dattes dans l’agriculture en Tunisie est en constante croissance, faisant du secteur des dattes un pilier majeur de l’économie. La superficie consacrée aux palmiers dattiers a augmenté au cours des 20 dernières années pour atteindre 40 000 hectares, soit environ 5,4 millions de palmiers. La production annuelle s’élève à 195 000 tonnes, dont 135 000 tonnes de la variété Deglet Nour, ayant un impact significatif sur l’économie nationale ».
Néanmoins, Mohamedel Hady Sidatt, responsable de la protection des végétaux au Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique du Nord, a souligné que malgré le rôle crucial des producteurs de palmiers dattiers dans tous les programmes de contrôle, leur implication reste limitée dans la plupart des pays de la région. Il a indiqué que cet atelier visait à renforcer leur participation, à encourager l’engagement des agriculteurs pour soutenir les initiatives étatiques, tout en renforçant les compétences des responsables nationaux et en améliorant la coordination entre le gouvernement et le secteur agricole.
Il a conclu en expliquant que « cet atelier avait pour objectif de préparer le personnel compétent à superviser les CEP en Tunisie et en Libye, afin de lutter de manière intégrée contre les ravageurs du palmier dattier, dont le redoutable Charançon Rouge du Palmier ».
Rappelons que le Charançon Rouge du Palmier est un nuisible particulièrement redoutable qui menace de nombreuses espèces de palmiers à travers le monde, engendrant d’importants dégâts aux palmiers et à d’autres cultures, avec des répercussions considérables sur la production agricole, les communautés rurales et l’environnement. Le programme régional de gestion vise à coordonner les efforts visant à contrôler ce ravageur dévastateur par le biais de diverses approches stratégiques.