Il l’avait annoncé, et il a tenu ses promesses, le tout nouveau président argentin, le libéral Mauricio Macri a annoncé lundi la suppression et la baisse des taxes sur les exportations de céréales et de soja, dont l’Argentine est, l’un des premiers producteurs mondiaux. Cette décision entraîne une baisse des cours mondiaux des céréales, elle inquiète donc les marchés.
L’Argentine inquiète les marchés suite à la suppression d’une taxe sur les exportations céréalières
Le nouveau Président entre en fonction
Macri, l’ancien président du club de football de Boca Juniors, 56 ans, a déjoué tous les pronostics qui promettaient la victoire au candidat du pouvoir en place, Daniel Scioli.Dans son programme de « normalisation économique », dès lundi, le tout nouveau président élu annonçait la suppression d’un impôt d’environ 5% sur les exportations industrielles, en demandant en contrepartie aux industriels de s’engager pour l’emploi, un geste fort.
Inquiétude sur les marchés céréaliers
Mauricio Macri, avait promis de libéraliser la 3e économie d’Amérique latine. Ainsi, jeudi dernier, le nouveau président, quelques jours après son investiture et devant les agriculteurs réunis à Pergamino, une ville agricole au coeur des plaines fertiles de la Pampa a déclaré : « Je signerai le décret aujourd’hui ». A la presse, le ministre argentin de l’agriculture, Ricardo Buryaile, déclarait quant à lui: « Les prélèvements sur le blé, le maïs et le sorgho seront nulles et, pour le soja, ils passeront de 35% à 30% » d’après nos confrères de libération.
Selon Agrimer, avec une probable dévaluation du peso, ces mesures annoncent une compétitivité renforcée des exportations agricoles argentines et vont permettre de débloquer les stocks existants et importants en ferme. Un possible choc de l’offre devrait donc se faire valoir, ce qui ne rassure pas les producteurs et les exportateurs du reste du monde, du fait que les cours sont déjà en baisse en raison de l’abondance de la récolte mondiale.
Dès l’annonce du Président argentin, à la mi-journée lundi, les prix européens des céréales reculaient. La surproduction sollicitée par l’argentine auprès de ses producteurs ne rassure donc pas les marchés. Le ministre du Budget et des Finances, Alfonso Prat-Gay de son côté a fait savoir qu’il estimait non critique la situation économique du pays, mais qu’il reconnaissait un héritage compliqué. Pour rappel le pays connaît une inflation de près de 30% et un déficit public proche de 6% du PIB! Les exportations agricoles sont donc une source potentielle de devises capitale pour l’argentine, dont les réserves monétaires sont en baisse.
Les agriculteurs et industriels argentins, quant à eux, espèrent donc bien une dévaluation du peso, la levée des restrictions d’achat de devises et une consolidation du taux de change. Sur le marché officiel, le dollar se rapproche des 10 pesos mais atteint près de 15 pesos sur le marché parallèle.
La situation d’avant Mauricio Macri
L’état argentin ponctionnait les exportations de blé et de maïs respectivement de 23% et de 20%. Une forte mobilisation des organisations patronales agricoles contre le gouvernement de la présidente de gauche Cristina Kirchner, avait fait suite en 2008 à l’application de cette mesure fiscale. Les manifestations des agriculteurs avaient alors pratiquement paralysé le pays.
Après les Etats Unis et le Brésil, l’Argentine est le 3e producteur et exportateur mondial de soja et numéro 1 mondial des produits transformés du soja en ce qui concerne les huiles et farines. Le pays sud-américain rivalise avec l’Ukraine comme 3e exportateur de maïs et se situe au 7e rang pour le blé.