Dossier – AgriMaroc.ma https://www.agrimaroc.ma Agriculture Maroc Mon, 25 Mar 2024 10:20:12 +0000 fr-FR hourly 1 https://www.agrimaroc.ma/wp-content/uploads/cropped-AGRI-MAROC-FAV-Icon-08-1-32x32.png Dossier – AgriMaroc.ma https://www.agrimaroc.ma 32 32 ToBRFV : L’eau comme facteur de transmission https://www.agrimaroc.ma/tobrfv-eau-facteur-de-transmission/ https://www.agrimaroc.ma/tobrfv-eau-facteur-de-transmission/#respond Mon, 25 Mar 2024 06:00:16 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=93843 Le Virus ToBRFV soumis à la menace invisible dans l’eau.

Le virus du fruit brun rugueux de la tomate (ToBRFV) représente une menace sérieuse pour la production mondiale de tomates. Originaire d’Israël, le ToBRFV a rapidement fait des ravages dans plus de 50 pays, bouleversant les rendements d’une culture très répandue dans le monde.

Détecté pour la première fois en 2014 en Israël et en 2015 en Jordanie, le ToBRFV a provoqué d’énormes pertes de rendement en induisant des symptômes caractéristiques de mosaïque, un rétrécissement des feuilles, et des taches rugueuses sur les fruits. Sa propagation rapide sur plusieurs continents en moins d’une décennie soulève des préoccupations sur les méthodes de transmission et les risques potentiels liés à ce virus.

La propagation du ToBRFV a entraîné d’énormes pertes économiques, affectant non seulement les cultures de tomates mais aussi celles de poivrons. L’incidence de la maladie dans les cultures touchées varie entre 50 et 100 %, avec des réductions de rendement allant de 10 à 55 %. Ces chiffres soulignent l’ampleur du défi auquel l’industrie agricole est confrontée.

La stabilité des virions du ToBRFV pose un défi supplémentaire, car ces agents pathogènes restent infectieux dans le sol, l’eau d’irrigation, et le drainage pendant des périodes prolongées. Les études antérieures ont révélé la présence de tobamovirus dans différents échantillons environnementaux, suggérant que l’eau pourrait être une voie de transmission cruciale.

Risque de transmission par l’eau.

L’agriculture moderne dépend fortement de l’irrigation, représentant plus de 80 % de la consommation mondiale d’eau. La possibilité que le ToBRFV se propage par l’eau soulève des inquiétudes quant à l’utilisation d’eaux alternatives, telles que les eaux usées, pour l’irrigation en cas de pénurie d’eau.

Lire aussi : ToBRFV : Pertes financières et stratégies de gestion

Impact sur les Systèmes Hydroponiques.

Les systèmes hydroponiques, de plus en plus utilisés dans la production agricole, peuvent être des vecteurs potentiels de transmission du ToBRFV. Les études menées sur la transmission par voie hydrique suggèrent que le ToBRFV peut persister dans l’eau et infecter les plantes par les racines, créant ainsi un risque d’épidémie dans ces systèmes.

Expérimentations pour Comprendre la Transmission.

Des expériences ont été menées pour étudier la survie du ToBRFV dans des environnements aqueux et pour évaluer sa transmission par l’eau. Les résultats montrent que le virus reste infectieux dans l’eau pendant plusieurs semaines, soulevant des questions cruciales sur la gestion de l’eau dans les serres commerciales.

Alors que la recherche sur le ToBRFV progresse, des préoccupations persistent quant à la possibilité de transmission par l’eau et aux risques associés à l’utilisation d’eaux contaminées en agriculture. Les résultats de cette étude soulignent la nécessité d’une gestion intensive et de pratiques agricoles adaptées pour éviter la propagation du virus.

Le ToBRFV représente une menace sérieuse pour la production mondiale de tomates. La recherche continue à explorer les voies potentielles de transmission, mettant en évidence l’importance cruciale de l’eau dans la propagation du virus. La vigilance et des pratiques agricoles durables sont essentielles pour atténuer les risques et protéger l’approvisionnement mondial en tomates.

Source : Frontiers
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ToBRFV : Pertes financières et stratégies de gestion https://www.agrimaroc.ma/tobrfv-pertes-financieres-strategies-lutte/ https://www.agrimaroc.ma/tobrfv-pertes-financieres-strategies-lutte/#comments Thu, 21 Mar 2024 23:07:06 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=90984 Le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV) a eu un impact significatif sur les producteurs de tomates à travers le pays.

Il est difficile de mesurer précisément l’impact économique du ToBRFV sur les producteurs de tomates au Maroc, toutefois il est raisonnable d’identifier et de mettre l’accent sur les pertes financières subies et les stratégies de gestion adoptées pour faire face à cette situation.

Pertes financières dues au ToBRFV:

Il est à noter avant tout que le problème du virus ToBRFV est mondial. De nombreux pays producteurs de tomates sont confrontés à ce fléau et malheureusement le Maroc n’est pas en reste. Le ToBRFV a entraîné d’importantes pertes financières pour les producteurs de tomates au Maroc qui ont été touchés par le virus. Les producteurs marocains concernés estiment que la perte représente environ 15 à 20% de la production.

En effet, l’infection par le virus peut provoquer une réduction significative du rendement des cultures, ainsi qu’une détérioration de la qualité des fruits. Les producteurs sont confrontés à une baisse de la demande et à des difficultés sur les marchés nationaux et internationaux en raison des restrictions imposées aux tomates infectées.

Les pertes économiques se manifestent à plusieurs niveaux. Tout d’abord, les producteurs subissent une diminution de leurs revenus en raison de la diminution de la production et de la baisse des prix de vente. De plus, les coûts liés aux mesures de prévention et de contrôle du ToBRFV, tels que l’achat de semences certifiées et l’utilisation de produits chimiques, augmentent la pression financière sur les producteurs.

Concrètement à retenir : 

Perte de rendement : Les pertes de rendement peuvent varier en fonction de la gravité de l’infection et des mesures de gestion mises en place. Des études spécifiques dans chaque cas doivent être menées pour estimer ces pertes. Généralement on estime à 10% les pertes, mais qui toutefois peuvent être beaucoup plus importantes selon les cas.

Coûts de gestion de la maladie : Les coûts associés à la gestion de ToBRFV, tels que l’achat de plants résistants, les traitements phytosanitaires et les mesures d’hygiène, doivent être pris en compte individuellement selon le contexte local de chaque producteur.

Pertes de marché : Il est important d’évaluer les pertes potentielles sur le marché national et international en raison de la contamination par ToBRFV. Globalement, les chiffres annoncés par les producteurs se situent à environ 15% de perte au Maroc. Là encore, les chiffres peuvent être beaucoup plus importants.

Stratégies de gestion adoptées par les producteurs:

Face à l’impact économique du ToBRFV, les producteurs de tomates au Maroc ont mis en place diverses stratégies de gestion pour faire face à cette situation difficile. Voici quelques-unes des stratégies couramment utilisées:

Diversification des cultures: Certains producteurs ont opté pour la diversification de leurs cultures afin de réduire leur dépendance exclusive vis-à-vis de la tomate. Ils ont commencé à cultiver d’autres légumes ou fruits pour compenser les pertes subies dans la production de tomates.

Adoption de variétés résistantes: Les producteurs se tournent vers des variétés de tomates résistantes au ToBRFV. Ces variétés offrent une protection contre l’infection, réduisant ainsi les pertes économiques liées au virus. Cependant, l’adoption de ces variétés peut nécessiter des investissements supplémentaires en termes d’achat de semences spécifiques.

Renforcement des mesures de biosécurité: Les producteurs ont renforcé les mesures de biosécurité dans leurs exploitations pour réduire le risque d’infection par le ToBRFV. Cela comprend l’application de bonnes pratiques agricoles, l’hygiène des outils et équipements, ainsi que la mise en place de protocoles de quarantaine pour les plantes infectées.

Recherche de marchés alternatifs: Certains producteurs se sont tournés vers des marchés alternatifs, tels que les marchés locaux et régionaux, pour écouler leurs produits. Ils ont cherché à diversifier leurs canaux de distribution afin de compenser la réduction de la demande sur les marchés traditionnels.

Collaboration et partage des connaissances: Les producteurs ont renforcé leur collaboration et leur échange de connaissances avec d’autres acteurs de l’industrie, tels que les instituts de recherche et les associations agricoles. Cela leur permet de bénéficier des dernières informations sur les mesures de prévention et les nouvelles technologies de lutte contre le ToBRFV.

Lire aussi : La Commission européenne (CE) est en train d’envisager d’adapter ou de renforcer la mesure d’urgence actuelle contre le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV)

Le ToBRFV a un impact économique significatif sur les producteurs de tomates au Maroc touchés par le virus, entraînant des pertes financières importantes. Les producteurs concernés ont dû faire face à une diminution de la production, à des prix de vente réduits et à des coûts supplémentaires liés aux mesures de prévention et de contrôle du virus. Cependant, ils ont adopté des stratégies de gestion telles que la diversification des cultures, l’adoption de variétés résistantes et le renforcement des mesures de biosécurité pour faire face à cette situation. Il est essentiel de soutenir les producteurs en leur fournissant des ressources et des informations pour atténuer les pertes économiques et protéger l’industrie de la tomate au Maroc.

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Analyse : Quel potentiel pour la framboise surgelée ? https://www.agrimaroc.ma/analyse-potentiel-framboise-surgelee/ https://www.agrimaroc.ma/analyse-potentiel-framboise-surgelee/#respond Wed, 20 Mar 2024 08:00:16 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=94832 Le marché de la framboise surgelée connaît une résurgence en 2024 : Un revirement attendu ou un simple hasard ?

Le marché des framboises surgelées, en proie à des difficultés au cours des deux dernières saisons, semble amorcer un regain d’activité en ce début d’année 2024, selon les rapports des analystes d’EastFruit. Alors que la demande et les prix connaissent une hausse, la question est de savoir s’il s’agit d’un véritable changement de tendance ou simplement d’une conjoncture fortuite. 

Pays producteurs de framboises, des variations par pays.

Comment expliquer cette cette résurgence surprenante du marché ? D’abord par de faibles stocks et délais prolongés. En effet la diminution des stocks de framboises congelées en entrepôt a été un facteur déterminant, tout comme les délais plus longs entre la commande et la livraison, compliquant la gestion des approvisionnements.

Bien sûr la perturbation à la frontière ukraino-polonaise compte aussi, les perturbations causées par les agriculteurs et les transporteurs polonais à la frontière ont eu un impact significatif, bloquant les expéditions directes de l’Ukraine vers la Pologne. Cette situation a entraîné des retards et des itinéraires alternatifs, faisant grimper les coûts logistiques et les prix des baies congelées en Europe.

L’impact des actions des agriculteurs polonais s’est particulièrement fait sentir sur la catégorie de qualité la moins chère, le « crumble ». Une pénurie de cette catégorie a été constatée parmi de nombreux transformateurs en Europe, provoquant une forte demande et une augmentation des prix. Les consommateurs ont commencé à rechercher du crumble aux framboises dans plusieurs pays, à l’exception de l’Ukraine.

La situation du marché varie d’un pays à l’autre. En Ukraine, une forte demande a été enregistrée dès que les restrictions de transport ont été assouplies, avec des prix atteignant 2,30 à 2,40 euros FCA Ukraine pour la qualité 90/10. En Serbie, les prix sont maintenus entre 2,5 et 2,6 euros/kg pour les baies entières congelées.

Lire aussi : AGF s’engage à fournir les meilleures solutions de surgélation en continu

La Chine propose des framboises surgelées de qualité 90/10 à 2,1 euros/kg FCA Chine ou 2,15-2,35 euros au port de Hambourg, tandis que la Biélorussie n’est plus un fournisseur majeur en framboises surgelées malgré des stocks minimes.

Quid du Maroc ?

L’offre du Maroc augmente progressivement, avec un prix actuel de 2,2 euros/kg FOB port du Maroc pour la qualité 90/10 selon EastFruit.

La production de framboises surgelées dans les prochains mois ne devrait pas être abondante, incitant les acteurs du marché à partager les stocks restants en attendant l’arrivée des framboises du Maroc. La plupart anticipent que les prix ne dépasseront pas 2,7 à 3,0 euros par kg, mais seul le temps dira si les stocks seront suffisants pour répondre à la demande croissante. Le marché de la framboise surgelée semble amorcer une phase de remontée des prix, mais la prudence reste de mise face à une situation encore volatile.

Toutefois nous l’avons vu sur AgriMaroc.ma récemment, l’année 2023 s’est révélée être une période délicate pour les exportations marocaines de produits surgelés. Marqué par des défis météorologiques et une concurrence de plus en plus forte sur les marchés internationaux, l’exportation de fruits rouges au Maroc est à un virage important.

Entre janvier et octobre de l’année écoulée, le Maroc a exporté moins de 70 000 tonnes de fruits, baies et légumes surgelés, indiquant une tendance à la baisse constante par rapport aux années précédentes. Les dernières estimations laissent entrevoir la possibilité que les exportations atteignent leur niveau le plus bas depuis au moins six ans.

Bien que les producteurs de framboises aient été moins sévèrement touchés, ils ont également dû faire face à des défis. L’excédent de framboises surgelées sur le marché de l’Union européenne a conduit à une réduction des exportations marocaines, avec seulement 10 000 tonnes exportées entre janvier et octobre 2023, en comparaison avec des chiffres beaucoup plus élevés pour des concurrents tels que l’Ukraine, la Pologne et la Serbie.

Du point de vue géographique, les exportations de fruits et légumes surgelés du Maroc ont maintenu une stabilité relative. En 2023, les pays de l’Union européenne ont continué d’importer environ 80 % de toutes les fournitures marocaines, tandis que le reste était principalement destiné à l’Amérique du Nord, à la Chine et à d’autres pays d’Asie de l’Est.

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Les besoins en eau d’irrigation d’une culture https://www.agrimaroc.ma/besoins-eau-irrigation/ https://www.agrimaroc.ma/besoins-eau-irrigation/#respond Tue, 19 Mar 2024 23:07:07 +0000 http://www.agrimaroc.ma/?p=31314 Les besoins en eau d’irrigation d’une culture.

Les besoins en eau d’irrigation d’une culture dépendent des pluie et de la capacité du sol absorbé et restituer l’eau. Voici un bilan de la FAO pour calculer les besoins en eau d’irrigation.

Les pluies, en particulier leur part efficace, fournissent une partie de l’eau requise pour satisfaire les besoins d’évapotranspiration des cultures. Le sol, agissant comme un tampon, stocke une partie de l’eau de pluie et la restitue aux cultures en période de déficit.

Sous des climats humides, ce mécanisme suffit pour assurer une croissance satisfaisante dans des systèmes de culture sans irrigation. Dans des conditions arides ou en cas de saison sèche prolongée, il est nécessaire d’irriguer pour compenser le déficit d’évapotranspiration (transpiration des cultures et évaporation à partir du sol) dû à l’insuffisance ou à l’irrégularité des précipitations.

La consommation d’eau pour l’irrigation est définie comme étant le volume d’eau nécessaire pour compenser le déficit entre d’une part l’évaporation potentielle et d’autre part les pluies efficaces pendant la période de croissance des cultures et le changement dans la teneur en eau du sol. Elle varie considérablement en fonction des conditions climatiques, des saisons, des cultures et des types de sol. Pour un mois donné, le bilan hydrique des cultures peut s’exprimer comme suit:

ICU = ETc – P – DS

Où :

  • ICU est la consommation d’eau pour l’irrigation nécessaire pour satisfaire la demande des cultures (mm),
  • ETc est l’évapotranspiration potentielle de la culture (mm),
  • P est la pluie efficace (mm),
  • DS est le changement dans l’humidité du sol (mm)

Dans cette étude, la consommation d’eau pour l’irrigation est calculée par pays sur la base du calendrier cultural irrigué pour une année spécifique en établissant la différence entre les besoins en eau des cultures, c’est-à-dire l’évapotranspiration potentielle de la superficie des cultures irriguées et récoltées sous irrigation en maîtrise totale (AHIfull) et le bilan hydrique en conditions naturelles, à savoir l’évapotranspiration réelle (ETa) sans irrigation.

Les besoins en eau d’irrigation du Maroc en km3/par an sont de 5 823. Le ratio des besoins en eau est de 53%, le prélèvement d’eau pour l’irrigation est de 11 010 km3 /an et la pression sur les ressources en eau due à l’irrigation est de 37,97%.

Les méthodes de calcul des deux composantes de l’équation des besoins d’eau sont présentées en détail ci-dessous.

Bilan hydrique en conditions non irriguées (ou naturelles)

Les ressources en eau renouvelables constituent la somme des ressources renouvelables intérieures (les eaux de surface et souterraines produites à l’intérieur d’un pays) et des ressources extérieures (les eaux de surface et souterraines entrant et bordant un pays moins celles quittant le pays si elles font l’objet de traités ou d’accords conclus avec un pays en aval).

La composante intérieure trouve son origine dans la partie des précipitations endogènes s’écoulant dans les cours d’eau et les lacs ou s’infiltrant dans les nappes aquifères après l’évapotranspiration des écosystèmes naturels, y compris des plantes herbacées et des arbres. Ainsi, le bilan hydrique annuel dans des conditions naturelles, c’est-à-dire sans irrigation, également considéré comme la quantité d’eau théorique maximum effectivement disponible pour une zone donnée au cours d’une année, peut se calculer en additionnant les précipitations annuelles et le bilan des ressources en eau renouvelables extérieures moins l’évapotranspiration (à l’exclusion de l’évapotranspiration causée par les flux d’eau souterraine et superficielle vers les surfaces d’eaux libres et les terres humides).

Le bilan hydrique mondial est constitué de divers niveaux de données spatiales—tirées, dans la mesure du possible, du domaine public—réparties en différents ensembles de données relatifs aux précipitations, à l’évapotranspiration de référence et à la capacité de rétention de l’humidité du sol:

Le calcul du bilan hydrique s’effectue selon une résolution spatiale de 5 degrés par cellule de grille et pour des périodes journalières. Les opérations de calcul donnent des valeurs mensuelles par cellule pour les précipitations moyennes à long terme, l’évapotranspiration réelle, l’évapotranspiration supplémentaire causée par l’agriculture irriguée, le ruissellement de surface, la réalimentation des nappes souterraines et la rétention d’humidité dans le sol. On peut établir des bilans hydriques annuels synthétiques pour n’importe quelle échelle spatiale (un pays ou un bassin hydrographique, par exemple) et y inclure, outre les variables mentionnées ci-dessus, l’évapotranspiration supplémentaire sur des surfaces d’eau libre et sur des terres humides.

Pour chaque cellule de la grille, l’évapotranspiration potentielle de la culture (ETc) s’établit quotidiennement selon la méthodologie décrite dans l’Étude (N° 56) de la FAO sur l’irrigation et le drainage (FAO, 1998):

ETc(t) = Kc x ETo(t)

Où :

  • t est la période de temps (jours),
  • ETc(t) est l’évapotranspiration potentielle de la culture au cours de la période de temps donnée (mm),
  • ETo(t) est l’évapotranspiration de référence au cours de la période de temps donnée (mm),
  • Kc est le coefficient cultural ou d’affectation des sols (-).

Le coefficient cultural ou d’affectation des sols Kc varie pendant la saison culturale en fonction du stade de croissance. Toutefois, pour les conditions pluviales il a été décidé de ne pas appliquer de facteurs Kc différenciés étant donné qu’aucune distinction n’a été faite entre les différentes cultures exploitées sur des terres non irriguées. L’évapotranspiration réelle (ETa) en conditions non irriguées est supposée égale à l’évapotranspiration potentielle des cultures (ETc) pendant les périodes de l’année où la pluviométrie est supérieure à l’évapotranspiration potentielle ou lorsqu’il y a suffisamment d’eau stockée dans le sol pour permettre une évapotranspiration maximum. Pendant les périodes plus sèches de l’année, le manque d’eau limite l’évapotranspiration réelle, qui dépend de la disponibilité, fortement réduite, de l’eau du sol.

L’évaporation et l’évapotranspiration sur les superficies d’eau libre, les marais et les terres humides sont supposées dépasser de 10% l’évapotranspiration de référence pendant toute la période estimée.

Pour chaque cellule de la grille, l’humidité disponible du sol est calculée par jour en ajoutant les flux entrants et sortants à l’humidité disponible du sol de la veille. Il y a ruissellement lorsque le bilan des flux entrants et sortants dépasse la capacité de rétention maximum de l’humidité du sol. Le ruissellement se calcule donc comme la part des précipitations qui ne s’évapore pas et ne peut pas être stockée dans le sol. Il est toujours positif sauf pour les surfaces d’eaux libres ou les terres humides, où l’évapotranspiration réelle peut être supérieure à la pluviométrie. La réalimentation des nappes souterraines est supposée se produire uniquement au-delà d’un certain niveau, lorsqu’il y a assez d’eau disponible dans le sol pour permettre sa percolation.

Le modèle est calibré en comparant les valeurs calculées pour les ressources en eau par pays (indiquant la différence entre la pluviométrie et l’évapotranspiration) avec les données relatives aux ressources en eau renouvelables intérieures pour chaque pays extraites des études par pays d’AQUASTAT et présentées dans les fiches des ressources en eau par pays.

On utilise ce bilan hydrique spatial calibré et validé pour calculer les besoins en eau des cultures (ci-dessous) et les besoins en eau d’irrigation.

Besoins en eau des cultures

Pour le calcul des besoins en eau des cultures, c’est-à-dire de l’évapotranspiration potentielle des cultures irriguées, on utilise comme données d’entrée le bilan hydrique calibré en conditions naturelles, les statistiques de la carte mondiale des superficies irriguées et les valeurs des calendriers culturaux irrigués. Comme pour le calcul du bilan hydrique en conditions naturelles, l’évapotranspiration potentielle s’établit quotidiennement selon une résolution spatiale de 5 degrés d’arc par cellule de grille. Elle peut être présentée sous forme de tableaux statistiques ou de cartes à différents niveaux d’agrégation spatiale.

L’évapotranspiration d’une culture irriguée (ETc en mm) s’obtient en multipliant l’évapotranspiration de référence (ETo) par un coefficient spécifique à la culture et au stade de croissance (ETc = Kc x ETo). Ce coefficient a été établi pour quatre stades: la phase initiale (juste après les semis), la phase de développement, la phase de mi-croissance et la phase tardive (mûrissement avant la récolte). En général, ces coefficients sont faibles pendant la phase initiale, augmentent pendant la phase de développement, sont élevés à la mi-croissance et retombent au stade tardif. Il est supposé que les phases initiale, de développement et tardive durent chacune 1 mois pour chaque culture, tandis que la durée de la phase de mi-croissance varie selon le type de culture.

Par exemple, la période de croissance végétale du blé au Bangladesh, indiquée dans l’exemple de calendrier cultural irrigué, commence en décembre et s’achève en avril selon le schéma suivant: phase initiale en décembre (Kc = 0,4), phase de développement en janvier (Kc = 0,8), phase de mi-croissance de février à mars (Kc = 1,15) et phase tardive en avril (Kc = 0,3). Les coefficients culturaux par cultures et stades de croissance sont présentés ici. On suppose qu’il y a toujours assez d’eau disponible pour éviter le stress hydrique.

Le taux d’évapotranspiration mensuel produit par la superficie irriguée pour chaque cellule de grille est calculé en multipliant la superficie équipée pour l’irrigation par l’intensité de culture et l’évapotranspiration pour chaque culture:

ETc(t) = IA x Σc( CIc x Kc x ETo(t) )

Où :

  • t est la période de temps (jours),
  • ETc est l’évapotranspiration d’une cellule irriguée pendant la période t (mm),
  • IA est la superficie réellement irriguée en pourcentage de la superficie de la cellule de grille pour la cellule donnée (ha),
  • c est la culture irriguée,
  • Σc est la somme des différentes cultures,
  • Clc est l’intensité de culture c (-),
  • Kc est le coefficient cultural variant en fonction de la culture et du stade de croissance (-),
  • ETo est l’évapotranspiration de référence (mm).

La différence entre l’évaporation calculée de la superficie irriguée (ETc) et l’évapotranspiration réelle en conditions non irriguées (ETa) est égale à l’évapotranspiration supplémentaire due à l’irrigation, également appelée « consommation d’eau pour l’irrigation » (ICU):

ICU(t) = ETc(t) – ETa(t)

Le volume d’eau consommé pour l’irrigation est établi par pays et pour une année donnée. Une quantité d’eau supplémentaire (20 cm) est nécessaire pour la préparation des terres rizicoles et leur inondation pour la protection des plantes ; ce volume supplémentaire est ajouté au déficit d’eau pluviale pour établir les besoins en eau pour l’irrigation.

IWR = ( ICU(an) x Acell + 0.2 x Apaddy(an) ) x 10

Où :

  • IWR est le besoin total en eau d’irrigation par an (m3),
  • ICU(an) est la consommation d’eau pour l’irrigation par an (mm),
  • Acell est la superficie de la cellule de grille (ha),
  • Apaddy(an) est la superficie irriguée plantée de riz paddy par an (ha).

Comme cette quantité d’eau supplémentaire requise pour les rizières est en grande partie restituée aux cours d’eau ou aux nappes souterraines sous-jacentes, elle n’est pas intégrée dans la consommation d’eau d’irrigation. La composante des besoins en eau d’irrigation pour le lessivage des sels n’est pas incluse dans les estimations de la présente étude en raison du manque de données disponibles concernant la salinisation, fortement contextuelle. Les besoins en eau d’irrigation calculés correspondent à des besoins nets, qui excluent les eaux perdues en cours de livraison (transport, distribution, application).

Avec la FAO
MAJ 22/05/2022
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Tout savoir sur le faux carpocapse https://www.agrimaroc.ma/faux-carpocapse/ https://www.agrimaroc.ma/faux-carpocapse/#respond Tue, 19 Mar 2024 23:07:03 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=94234

Le faux carpocapse, une menace pour l’agriculture.

La détection du faux carpocapse (Thaumatotibia leucotreta) dans une cargaison de grenades marocaines en provenance du Maroc et vers l’UE a suscité une vive inquiétude dans le monde agricole marocain. Ce ravageur de quarantaine, originaire d’Asie, est capable de causer des dommages considérables à de nombreuses cultures, notamment les arbres fruitiers, les légumes et les céréales.

Description du faux carpocapse

Le faux carpocapse est un petit papillon de nuit de la famille des Pyralidae. Il mesure environ 20 mm de long et a une envergure de 30 à 35 mm. Il a une coloration brun clair avec des bandes transversales sombres sur les ailes antérieures. Les larves, qui sont les responsables des dégâts, sont de couleur blanchâtre avec une tête brun foncé. Elles mesurent environ 20 mm à maturité.

Les plantes hôtes du faux carpocapse. Il s’attaque à un large éventail de plantes, notamment les arbres fruitiers, les légumes, les céréales, les plantes ornementales et les plantes sauvages.

Le faux carpocapse est présent dans de nombreuses régions du monde, notamment en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord.

Faux carpocapse - ph : Wikipedia
Faux carpocapse – ph : Wikipedia

Cycle biologique

Le faux carpocapse passe par quatre stades de développement : l’œuf, la larve, la pupe et l’adulte. Les adultes émergent au printemps et s’accouplent. Les femelles pondent leurs œufs sur les feuilles, les fruits ou les tiges des plantes hôtes. Les larves éclosent après quelques jours et pénètrent dans les tissus de la plante. Elles s’alimentent pendant plusieurs semaines, creusant des galeries qui peuvent entraîner la mort de la plante. Les larves se transforment ensuite en pupes dans le sol. Les adultes émergent après environ deux semaines.

Dégâts causés

Les larves du faux carpocapse causent des dégâts considérables aux cultures. Elles peuvent attaquer toutes les parties aériennes de la plante, y compris les feuilles, les fruits et les tiges.

Sur les feuilles, les larves creusent des galeries qui peuvent entraîner la défoliation. Les feuilles attaquées se décolorent et finissent par tomber.

Sur les fruits, les larves creusent des galeries qui peuvent entraîner la pourriture du fruit. Les fruits attaqués sont souvent déformés et impropres à la consommation.

Sur les tiges, les larves creusent des galeries qui peuvent affaiblir la plante et entraîner sa mort.

Mesures de lutte

Il existe plusieurs mesures de lutte contre le faux carpocapse. Les mesures préventives sont les plus efficaces. Elles consistent à :

  • Éviter de planter des cultures sensibles à proximité les unes des autres.
  • Supprimer les débris végétaux sur lesquels les larves peuvent hiverner.
  • Utiliser des filets anti-insectes pour protéger les cultures.

En cas d’infestation, les mesures curatives suivantes peuvent être mises en œuvre :

  • Utiliser des insecticides homologués.
  • Recueillir et détruire les fruits et légumes attaqués.

Impact sur l’agriculture marocaine

La détection du faux carpocapse au Maroc est une menace sérieuse pour l’agriculture marocaine. Ce ravageur pourrait avoir un impact négatif sur la production de nombreuses cultures, notamment les grenades, les agrumes, les pommes, les poires et les légumes.

Les autorités marocaines ont pris des mesures pour limiter la propagation du faux carpocapse. Elles ont notamment interdit l’importation de grenades et d’autres fruits et légumes en provenance de pays où le ravageur est présent. Elles ont également renforcé les contrôles phytosanitaires aux frontières.

Il est important que les agriculteurs marocains soient vigilants et prennent des mesures préventives pour éviter la propagation du faux carpocapse.

En effet malgré ces mesures de précaution le faux carpocapse a été détecté dans une cargaison de grenades marocaines à destination de l’Espagne.

faux carpocapse – ph : castellonplaza

Mesures préventives complémentaires

En plus des mesures préventives mentionnées ci-dessus, les agriculteurs marocains peuvent également prendre les mesures suivantes pour réduire le risque d’infestation par le faux carpocapse :

  • Planter des variétés de plantes résistantes au ravageur.
  • Utiliser des techniques culturales appropriées, telles que la rotation des cultures et la fertilisation équilibrée.
  • Favoriser la présence d’auxiliaires naturels, tels que les guêpes parasitoïdes.

Ces mesures peuvent contribuer à protéger les cultures marocaines contre le faux carpocapse et à limiter les pertes économiques liées à ce ravageur.

Bonus : Lutte biologique

Les méthodes de lutte biologique contre le faux carpocapse. Les guêpes parasitoïdes sont des auxiliaires naturels efficaces qui peuvent contribuer à limiter les populations de faux carpocapse.

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Khettara : Un système traditionnel ingénieux de drainage des eaux https://www.agrimaroc.ma/les-khettara-un-systeme-traditionnel-ingenieux-de-drainage-des-eaux-en-danger-de-disparition/ https://www.agrimaroc.ma/les-khettara-un-systeme-traditionnel-ingenieux-de-drainage-des-eaux-en-danger-de-disparition/#comments Tue, 19 Mar 2024 06:00:45 +0000 http://www.agrimaroc.ma/?p=2164

En danger de disparition dans la région de Marrakech.

Les Khettara, un précieux héritage immatériel et une expertise ancestrale ingénieuse en matière de drainage des eaux souterraines, ont joué un rôle essentiel dans le développement de la Cité ocre tout au long de son histoire. Cependant, aujourd’hui, cette tradition millénaire est menacée de disparition dans la région de Marrakech.

Si les oasis du Sud du Maroc et notamment celles de Tafilalet entretiennent encore activement ce système de captage des eaux souterraines de la nappe phréatique, car elles sont nécessaires pour l’irrigation des cultures, à Marrakech les khettara connaissent des difficultés croissantes et finissent par disparaitre.

Actuellement, seuls deux ou trois ouvrages continuent à survivre et fonctionner avec des débits symboliques alors que dans les années 70, l’on recensait à Marrakech près de 567 khettara, dont 500 étaient encore opérationnelles. La région d’Al Haouz comptait de son côté, près de 130 séguia et khettara au début du siècle dernier, avec 5.000 kms de galeries et canaux, qui permettaient l’irrigation de plus de 150.000 ha, a indiqué, l’enseignant chercheur à l’université Cadi Ayyad, Dr. Mohamed El Faiz.

Une transition vers la modernité

La disparition des khettara est une illustration de la transition socioéconomique vers un mode de vie moderne. Les puits de pompage modernes qui séduisent par leur abondance d’eau et la facilité d’extraction, ont remplacé ce système traditionnel de drainage des eaux souterraines, jugé désormais comme archaïque, mettant ainsi en danger la pérennité des réserves des nappes phréatiques.

Il est à noter que l’usage de la technique des khettara au sud du Maroc remonte au début du 11-ème siècle, a fait savoir Dr El Faiz, un spécialiste du patrimoine et expert en « agronomie musulmane » et « jardins arabes », qui a publié plusieurs livres majeurs sur ce patrimoine national, dont notamment « Jardins de Marrakech » et « Marrakech, patrimoine en péril ».

En effet, le premier réseau de khettara a été conçu à Marrakech en 1106 par Oubeid Allah Ibn Youssef, un ingénieux bâtisseur venu d’Andalousie. Ce système de drainage d’eau s’est rapidement développé durant le règne des Almohades et des dynasties qui lui succèdent.

Une technique simple et ingénieuse

La technique de fonctionnement de ce système de captage des eaux souterraines est simple : il s’agit d’épouser la configuration du terrain pour mobiliser les eaux des pluies et des eaux souterraines, en vue d’alimenter la nappe phréatique. Concrètement, il s’agit de creuser un puits environ chaque 50m, les fonds de ces puits sont connectés entre eux par des galeries.

Contrairement aux canaux, qui ont tendance à être envahis par la végétation, et sont très sensibles aux intempéries et sujets à l’envasement, les khéttara permettent d’apporter une eau saine avec un minimum d’évaporation. Ces galeries souterraines servaient à drainer l’eau des montagnes à partir des contrebas de l’Atlas vers la ville de Marrakech et sa Palmeraie.

Les khettara étaient à l’origine de l’alimentation de la ville de Marrakech en eau potable, de l’irrigation des jardins et de la Palmeraie. Et pour de nombreux chercheurs, la Palmeraie, les oliveraies ainsi que les plus beaux jardins de cette cité impériale ont existé grâce à ce système de drainage des eaux.

Le déclin de cette technique traditionnelle a commencé dans les années 50 avec une orientation vers la grande hydraulique qui, malgré les progrès qu’elle avait permis en agriculture, a toutefois engendré une surexploitation de la nappe phréatique d’Al Haouz.

Selon El Faiz, qui est aussi à la tête d’une association pour la sauvegarde de ce patrimoine, si à Marrakech, les khettara se font rares, elles continuent néanmoins à exister dans les zones rurales et montagneuses. L’association multiplie les actions visant à recenser ce réseau, mobiliser les moyens financiers pour le réhabiliter et le sauvegarder en tant que patrimoine du pays.

M. El Faiz appelle en outre, à préserver ces ouvrages, à sauvegarder ce patrimoine, l’intégrer dans le développement périurbain et dans les aménagements urbains, tout en permettant aux populations locales d’innover sans détruire ce qui fait la prospérité d’un système particulièrement adapté aux zones à climat semi-aride et les régions oasiennes au Maroc.

Dans ce cadre, M. Faiz a salué la réalisation du « Musée de la civilisation marocaine de l’eau », par le ministère des Habous et des affaires islamiques. Ce musée qui constitue un concept novateur, est la première structure du genre dans le monde arabe, dédiée au patrimoine hydraulique marocain, arabe et musulman. Il contribuera à la valorisation du savoir-faire marocain dans les domaines de la construction des bassins et participera à la sauvegarde des réseaux hydrauliques souterrains, (Khettaras), dont la majorité a disparu de la Cité ocre à cause de l’urbanisation galopante.

Cette technique traditionnelle de mobilisation des eaux souterraines (khéttara) a prouvé durant des siècles une utilisation durable de l’eau et une gestion intégrée de cette ressource vitale.

Malgré les progrès réalisés dans le domaine de la mobilisation de l’eau, la technique des khettara est susceptible de continuer à jouer un rôle de grande importance dans la mobilisation des eaux dans les régions semi-désertiques, dont Marrakech. Ce savoir-faire ancestral qui était surtout l’apanage des hommes du désert, revêt un intérêt écologique certain puisqu’il permet une exploitation rationnelle de la nappe phréatique, avec moins de perdition d’eau et un faible coût de réalisation.

Maj 19/02/2024
Sources: LeMatin
AgriMaroc
FAO
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Quels défis pour l’agriculture marocaine en 2024 ? https://www.agrimaroc.ma/agriculture-marocaine-2024/ https://www.agrimaroc.ma/agriculture-marocaine-2024/#respond Thu, 22 Feb 2024 09:09:08 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=94415 L’agriculture marocaine devra faire face à de nombreux défis en 2024, comme la raréfaction de l’eau en premier lieu.

L’agriculture marocaine, riche de son histoire et de sa contribution significative à l’économie nationale, traverse actuellement une période cruciale. Les défis multiples, avec en premier lieu le manque d’eau, nécessitent une attention urgente. Dans cet article, AgriMaroc décide d’approfondir chaque aspect de ces défis, explorer les solutions novatrices envisagées par le Maroc, et discuter de la manière dont le secteur agricole du pays s’adapte pour assurer sa durabilité dans un contexte mondial en constante évolution.

Le manque d’eau systémique : Un défi criant.

La déclaration du ministre de l’Eau, Nizar Baraka, sur la sixième année consécutive de sécheresse, souligne l’importance d’une action face à la crise environnementale sans précédent. La réduction drastique des précipitations, chutant de 67% par rapport à la moyenne saisonnière habituelle, a un impact dévastateur sur le secteur agricole. La situation préoccupante des barrages, remplis à seulement 23,5%, nécessite des mesures immédiates.

La réponse du gouvernement à cette crise se manifeste par une stratégie ambitieuse du dessalement de l’eau de mer. Les sept nouvelles stations de dessalement, prévues d’ici 2027, représentent un pas important dans la diversification des sources d’eau pour l’irrigation. La construction imminente d’une station à Casablanca marque une étape cruciale dans cette quête de solutions durables.

Mais au delà de cette perspective moyen terme, des mesures draconiennes, y compris des coupures temporaires d’approvisionnement en eau, s’avèrent être nécessaires. Cela souligne l’importance de l’urgence face à cette crise qui met à l’épreuve la capacité du Maroc à garantir la sécurité alimentaire de la population. D’autres mesures comme la limitation ou l’interdiction de cultures gourmandes en eau devraient perdurer dans les régions les plus touchées par la sécheresse, avec notamment des cultures comme la pastèque et l’avocat première ligne. La question d’arbitrer les cultures est aujourd’hui centrale. Cette orientation stratégique pourrait être un compromis intéressant à trouver, alors que certaines voix se font de plus en plus entendre pour favoriser une agriculture moins industrielle et davantage orientée vers la sécurité alimentaire nationale, toutefois à l’heure actuelle il apparait difficile de renoncer à un secteur qui contribue fortement au PIB national. Il faudra donc arbitrer.

Le Faux Carpocapse, un risque réel alors que le ToBRFV reste préoccupant. 

Le Faux Carpocapse, une menace grandissante.

En décembre 2023, la détection du faux carpocapse dans une cargaison de grenades marocaines soulève des préoccupations quant à la sécurité des cultures. Originaire d’Asie, ce ravageur représente une menace sérieuse pour les arbres fruitiers, les légumes et les céréales. Comprendre son cycle biologique, ses plantes hôtes, et les dégâts qu’il peut causer est crucial pour élaborer des stratégies de lutte efficaces.

Le Maroc a rapidement pris des mesures préventives, notamment l’interdiction de l’importation de grenades et d’autres fruits en provenance de pays où le faux carpocapse est présent. Cependant, malgré ces précautions, la détection du ravageur dans des cargaisons destinées à l’Espagne souligne la complexité de la gestion de cette menace.

Les impacts économiques potentiels du faux carpocapse sur l’agriculture marocaine sont significatifs. Les pertes de rendement, les coûts liés aux mesures de lutte et les difficultés d’écoulement des produits sur les marchés nationaux et internationaux sont autant de facteurs qui mettent en péril la stabilité économique du secteur.

Les agriculteurs sont appelés à adopter des mesures préventives complémentaires, telles que la plantation de variétés résistantes, l’utilisation de techniques culturales appropriées et la promotion d’auxiliaires naturels tels que les guêpes parasitoïdes. Ces actions peuvent contribuer à réduire le risque d’infestation par le faux carpocapse et à protéger les cultures marocaines.

Le Virus ToBRFV toujours au cœur des préoccupations.

Le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV) représente un autre défi majeur pour les producteurs de tomates au Maroc. Les pertes financières estimées à 15-20% de la production soulignent l’ampleur de l’impact économique de cette maladie.

Les producteurs adoptent diverses stratégies pour faire face à cette situation difficile. La diversification des cultures, l’adoption de variétés résistantes, le renforcement des mesures de biosécurité et la recherche de marchés alternatifs sont autant de stratégies mises en œuvre pour atténuer les pertes économiques.

La collaboration et le partage des connaissances entre les producteurs, les instituts de recherche et les associations agricoles sont des aspects cruciaux de la gestion de cette crise. Le renforcement de la résilience des producteurs face au ToBRFV nécessite une approche holistique et collaborative. C’est dans ce sens que la FIFEL a lancé un Comité de Sauvegarde pour soutenir la filière tomate.

L’irrigation intelligente, une clé d’avenir pour l’agriculture marocaine en 2024 ?

Accélérer sur l’irrigation intelligente.

Face à la sécheresse persistante, le Maroc se tourne vers des solutions innovantes pour maximiser l’utilisation de l’eau dans l’agriculture. L’irrigation intelligente, également appelée irrigation de précision, se positionne comme une technologie de pointe qui pourrait révolutionner la gestion de l’eau dans le secteur agricole marocain.

Cette approche repose sur l’utilisation de capteurs et de technologies IoT pour collecter des données en temps réel sur les conditions météorologiques, les niveaux d’humidité du sol et les besoins en eau des plantes. Ces données sont ensuite utilisées pour ajuster automatiquement les systèmes d’irrigation, offrant ainsi une utilisation plus efficace de l’eau et évitant les problèmes de sur-arrosage ou de sous-arrosage.

L’irrigation intelligente ne se contente pas d’optimiser l’utilisation de l’eau ; elle contribue également à améliorer la santé des cultures et à maximiser les rendements. En détectant rapidement les problèmes tels que les ravageurs ou les maladies, elle permet de prendre des mesures préventives pour éviter des pertes de cultures.

L’adoption de l’irrigation intelligente au Maroc pourrait ouvrir de nouvelles possibilités agricoles. Dans un contexte de rareté de l’eau, cette technologie devient un outil crucial pour garantir la durabilité à long terme du secteur agricole et de nombreux pays soutiennent ces technologies afin d’anticiper ces pénuries prochaines d’eau. C’est le cas par exemple de la France, qui lance un plan de soutien à l’irrigation, avec des subventions allant jusqu’à 30% pour équiper ses agriculteurs.

Le dessalement de l’eau de mer sur du moyen terme.

En complément à l’irrigation intelligente, le dessalement de l’eau de mer émerge comme une solution pour surmonter le manque d’eau. Le gouvernement marocain prévoit la construction de sept stations de dessalement d’ici 2027, avec la première station en cours de construction à Casablanca.

Cette approche offre une alternative viable pour l’irrigation des terres agricoles, ouvrant des opportunités dans des régions auparavant considérées comme peu propices à l’agriculture. Le dessalement permet de diversifier les sources d’eau, réduisant ainsi la dépendance aux précipitations saisonnières et aux réservoirs.

Cependant, le dessalement de l’eau de mer n’est pas sans défis. Les coûts énergétiques élevés et les préoccupations environnementales liées à la salinité résiduelle et à la gestion des sous-produits doivent être pris en compte. Le Maroc devra équilibrer les avantages potentiels du dessalement avec ces défis pour garantir une mise en œuvre durable de cette solution.

S’inspirer du modèle espagnol pour la commercialisation ?

La récente décision des opérateurs espagnols du secteur des agrumes de contourner les réexportateurs néerlandais en acquérant directement des oranges en Égypte offre une perspective intéressante alors que le Made In Morocco continue de gagner du terrain. Face à des défis similaires, le Maroc pourrait envisager des stratégies de diversification des canaux de commercialisation à travers ses exportateurs, pour assurer la rentabilité des produits agricoles nationaux et importés, en se basant notamment sur un approvisionnent de pays proches en Afrique subsaharienne.

La décision de l’Espagne de contourner les réexportateurs néerlandais souligne la volonté des opérateurs de s’adapter aux fluctuations du marché. De même, le Maroc pourrait explorer des partenariats directs avec des pays importateurs, éliminant ainsi les intermédiaires et assurant un contrôle plus direct sur la commercialisation.

La flexibilité des opérateurs espagnols dans leur choix d’approvisionnement ouvre la voie à de nouvelles dynamiques dans le secteur agricole. Le Maroc pourrait envisager des initiatives similaires en explorant des marchés auparavant négligés ou en établissant des partenariats stratégiques pour élargir sa base de consommateurs. Une approche proactive pour diversifier les canaux de commercialisation peut aider à atténuer les impacts des défis tels que la sécheresse, le faux carpocapse et le ToBRFV.

Vers une agriculture marocaine durable.

L’agriculture marocaine fait face à des défis substantiels en 2024, mais elle adopte également des solutions innovantes pour assurer sa durabilité. Le manque d’eau, la menace du faux carpocapse et les impacts du virus ToBRFV ne sont pas seulement des problèmes locaux, mais des défis mondiaux auxquels de nombreux pays sont confrontés. Et bien évidemment ils ne sont pas les seuls.

L’approche proactive du Maroc est à souligner, les solutions sont nombreuses et sont systématiquement étudiées et mises en places, avec des prises de décisions fortes qui permettent au secteur de perdurer dans le temps. Bien que la concurrence mondiale devient de plus en plus féroce, l’agriculture marocaine est en constante mutation et s’engage dans un engagement envers une agriculture moderne et durable. Cependant, il est impératif de relever ces défis de manière équilibrée, en tenant compte des aspects économiques, environnementaux et sociaux.

La collaboration continue entre les différents acteurs, gouvernants, société civile, scientifiques et les agriculteurs est essentielle pour faire face à ces défis. En investissant dans la recherche et le développement, en renforçant la résilience des communautés agricoles et en adoptant des pratiques agricoles durables, le Maroc peut non seulement surmonter les défis actuels mais aussi établir un modèle d’agriculture nouveau.

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Irrigation localisée de la betterave à sucre : Mode d’emploi https://www.agrimaroc.ma/irrigation-localisee-de-la-betterave-a-sucre-mode-demploi/ https://www.agrimaroc.ma/irrigation-localisee-de-la-betterave-a-sucre-mode-demploi/#respond Thu, 22 Feb 2024 06:00:20 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=51452 Irrigation localisée de la betterave à sucre : Mode d’emploi

L’irrigation localisée se prête parfaitement à la culture de betterave à sucre monogerme. Elle assure les conditions idéales pour une levée réussie et uniforme.

Conduite de la première irrigation

La culture de betterave à sucre sous irrigation localisée est conduite en lignes jumelées : une rampe de goutteurs irrigue deux lignes de betterave espacées de 50 cm. L’écartement entre rampes de goutteurs est par conséquent de 1
mètre. (voir photos ci-dessous).
Pour effectuer la première irrigation après le semis avec un minimum de volume d’eau d’irrigation, il est conseillé aux agriculteurs de procéder en trois étapes :

  • Etape 1- Disposer les rampes de goutteurs le long des lignes de semis espacées de 1 mètre et d’irriguer pendant 2,5 à 4 heures, en fonction de l’état hydrique initial du sol et de la texture, jusqu’à l’humectation de 25 cm de part et d’autre de la rampe. Une bande d’environ 50 cm de largeur est ainsi humectée;
  • Etape 2- Déplacer les rampes de 50 cm pour les disposer au milieu des bandes non humectées.
  • Etape 3- Appliquer une irrigation avec la même durée que la 1ère irrigation (étape 1). La durée totale d’irrigation varie par conséquent entre 5 et 8 heures.

Avec un écartement entre goutteurs de 40cm le long de la rampe, un débit nominal du goutteur de 2 litres/heure et l’écartement entre rampes de 1 mètre, la pluviométrie théorique de l’installation est de 5 mm/heure, ou 50 m3/ heure/Ha.
La dose apportée lors de la première irrigation varie donc entre 20 mm et 40 mm (200 m3/Ha et 400 m3/Ha), et ce en fonction de l’état hydrique initial de la parcelle et de la texture. (Exemple : semis après période pluvieuse ou période sèche).

Besoins en eau d’irrigation de la betterave en goutte à goutte

La reconversion à l’irrigation localisée permet d’augmenter la productivité chez les agriculteurs avec une meilleure valorisation du m3 d’eau. Les besoins en eau de la culture sont définis comme étant la quantité d’eau nécessaire pour satisfaire l’évapotranspiration maximale (ETM) pour une culture saine, dans des conditions, d’alimentation en eau non limitantes. Ces besoins sont généralement estimés par l’approche climatique, en multipliant l’évapotranspiration de référence (ETo) par le coefficient cultural (Kc), soit:

ETM (mm/jour) = Kc x ETo (mm/jour).

ETo est calculée par la formule de Penman-Monteith à partir des données climatiques complètes : température, humidité relative, vent et rayonnement solaire. Ces données sont acquises par les stations automatiques disponibles
dans le périmètre irrigué des Doukkala.

Les besoins en eau de la betterave à sucre ayant une durée moyenne de cycle de 220 jours, varient entre 550 mm (semis précoce) et 690 mm (semis tardif).

Dans les Doukkala, en année climatique normale (pluviométrie totale de 330 mm entre octobre et février) les besoins nets d’irrigation de la betterave à sucre sont estimés comme suit :

  • Betterave précoce (semis septembre) : 270 mm (2700 m3/Ha)
  • Betterave de saison (semis octobre) : 350 mm (3500 m3/Ha)
  • Betterave tardive (semis décembre) : 490 mm (4900 m3/Ha)

Si on considère une efficience d’application de l’irrigation localisée de 80%, les besoins bruts d’irrigation varieront entre 340 mm (semis précoce) et 610 mm (semis tardif), en année climatique normale.

Conduite de l’irrigation de la betterave en goutte à goutte

Les besoins en eau bruts d’irrigation de la betterave à sucre varient fortement au cours du cycle de la culture. Pour une culture conduite en irrigation localisée (Efficience d’application de 80%), en année climatique normale, et à titre
indicatif ; les besoins bruts journaliers maximums varient comme suit:

Dans le cas de disponibilité de données climatiques permettant le calcul de l’ETo (Formule Penman-Monteith), les besoins bruts journaliers devront être calculés. Ces besoins devront être satisfaits par le système d’irrigation localisée
s’il n’y a pas de pluie.

Connaissant la pluviométrie théorique de l’installation en mm/heure (ou m3/ha/heure), la durée d’irrigation est calculée de manière à compenser les besoins en eau bruts de la culture.

A titre d’exemple :
– Pour un débit moyen des goutteurs qg de 2 litres/heure, des écartements de 40cm entre goutteurs et 1mètre entre rampes, on calcule la pluviométrie théorique de l’installation comme suit :

Pth (mm/heure) = qg (l/h) / 0,40 (m) x 1 (m)

Soit 5 mm/heure (ou 50 m3/Ha/heure)

– Si l’agriculteur irrigue tous les deux jours en avril et mai, le besoin brut total est de 9,6 mm (4,8mm/jour x2), soit une durée d’irrigation de 2 heures (9,6 /5) tous les deux jours.

– Si l’agriculteur irrigue tous les quatre jours de janvier à mars ; le besoins total des quatre jours est de 8 mm (2mm/jour x4), soit une durée d’irrigation de 1 heure 36 minutes.

Avec ORMVA DES DOUKKALA
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Analyse : L’heure du pistachier au Maroc ? https://www.agrimaroc.ma/pistachier-au-maroc-2024/ https://www.agrimaroc.ma/pistachier-au-maroc-2024/#respond Mon, 19 Feb 2024 06:00:47 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=95108 Le pistachier, le rêve californien.

À travers tout le Maroc, la question de l’eau devient une préoccupation majeure, en particulier dans les bassins de productions. Des réflexions émergent pour identifier des plantes résistantes à la pénurie d’eau, diversifier les cultures afin d’assurer des revenus complémentaires aux agriculteurs et réhabiliter les terres, particulièrement vulnérables au manque d’eau.

Les experts sont unanimes, et soulignent l’urgence de ces problématiques, affirmant que « tous les indicateurs sont globalement au rouge ». Sur les plateaux TV où dans les événements dédiés au sujet, le constat reste le même, les sols deviennent de plus en plus arides, les taux de remplissage des bassins restent en dessous des normales, avec peu d’espoir d’amélioration étant donné que les précipitations se font de plus en plus rares, malgré les dernières grosses pluies de février.

Les nappes phréatiques sont à leur niveau le plus bas, et l’enneigement des montagnes est de plus de plus faible, une situation qui inquiète. La neige normalement abondante en cette période de l’année permet de stocker de l’eau pour la restituer au printemps, alimentant ainsi les cours d’eau.

Aujourd’hui, les agriculteurs doivent se projeter comme dans le reste du monde à changer leurs habitudes. En France par exemple, l’Olivier devrait prédominer d’ici 2050 dans toute la partie sud, en effet la France veut promouvoir la culture de l’olivier et compte sur l’expertise marocaine pour ce faire. Un vrai  choix d’avenir pour une culture qui aujourd’hui est très peu développée.

Face au manque d’eau qui a affecté nos cultures au Maroc, planter des cultures plus résistantes et adaptées au climat changeant ne serait pas une si mauvaise idée. Pour de nombreux experts internationaux il faut se tourner vers des cultures plus pérennes, plus adaptées à ce qui nous attend en 2050 et ça commence dès maintenant.

Et si le pistachier était une culture d’avenir au Maroc ?

Parmis les cultures qui pourraient prospérer au Maroc. On peut penser à la culture du pistachier, qui serait plus adaptée à ce qui nous attend en 2050 au Maroc. Une culture a planter aujourd’hui pour les générations futures et surtout une culture qui n’est pas inconnue des agronomes marocains.

Le pistachier cultivé au Maroc, introduit par l’INRA dans les années 50, fait parti intégrante de l’agriculture marocaine ou différents essais ont été menés dans les vergers de démonstration, mis en place dans différentes régions.

Le Ministère de l’Agriculture a envisagé dans les années quatre-vingt une extension de la culture du pistachier sur environ 2000 hectares pour stimuler le développement régional. Cependant, cette ambition a rencontré des obstacles liés à la nature de l’espèce et au manque de connaissances sur ses techniques de culture. Sur le terrain, des problèmes tels que la fragilité lors de la transplantation, la disparition du cultivar, la mise à fruit tardive, la faiblesse des rendements, et des problèmes de pollinisation ont été identifiés. D’autres cultures plus rentables ont été privilégiées par les agriculteurs marocains.

Malgré les défis initiaux, le pistachier offre des opportunités pour diversifier l’agriculture au Maroc. Les avancées dans la recherche et la sélection de variétés adaptées ouvrent la voie à un développement plus large de cette culture prometteuse, qui pourrait jouer un rôle clé dans la revitalisation des zones marginales et la résilience face aux conditions climatiques difficiles.

Pour toutes ces raisons, les agriculteurs marocains ont eu du mal à franchir le pas pour cette culture très présente en Iran ou en Turquie mais qui fait aussi la richesse des agriculteurs américains et notamment du bassin Californien.

Aujourd’hui l’expertise conjuguée à un contexte défavorable de terres de plus en plus difficilement exploitables, ramènent la culture de la pistache au cœur des opportunités.

Quelles sont les conditions favorables à la culture du pistachier ?

L’entretien relativement simple du pistachier contraste avec ses exigences particulières pour la floraison. Un épisode de froid hivernal, avec une exposition de 500 à 900 heures à des températures inférieures à 7° Celsius, est essentiel pour rompre la dormance des bourgeons. Ces conditions favorisent une floraison simultanée des arbres mâles et femelles, augmentant ainsi les chances d’une pollinisation réussie. Les étés chauds et secs, avec des températures moyennes de 30 à 35 degrés Celsius, sont également cruciaux pour la maturation des fruits.

Le choix stratégique de l’altitude pour la plantation du pistachier est un autre élément clé de sa croissance. Les sols situés entre 500 et 1500 mètres d’altitude semblent être le terrain idéal pour cet arbre. Dans les années 1990, le département d’horticulture de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II avait identifié des zones propices à la culture du pistachier, notamment El Hajeb, Sefrou, Imouzzer et Asni, ainsi que la région de l’Oriental jusqu’à Guelmim-Oued Noun.

Lire aussi : Quelles sont les cultures qui consomment le plus d’eau ?

Une information cruciale provenant de ces études est la capacité du pistachier à survivre à des conditions difficiles d’irrigation. Alors que les ressources en eau douce sont souvent limitées, des recherches récentes montrent que le pistachier peut résister à l’irrigation avec des eaux salines, même à des niveaux de salinité atteignant 15g/l. Comparativement, l’olivier supporte seulement 3,2 g/l et l’arganier 7,5g/l.

Dans ce cadre là, tout laisse à penser que le pistachier pourrait s’épanouir au Maroc.

Quel budget d’investissement estimé pour le pistachier ?

Peu de projets existent au Maroc actuellement mais le pays qui se rapproche le plus reste le voisin ibérique. Des agriculteurs espagnols basés en Catalogne, parlent de cette nouvelle tendance agricole qui émerge, ou les vignobles se réduisent au profit de ce nouvel or vert. La pistache, avec ses coûts de production abordables et sa résistance remarquable aux températures extrêmes, se profile comme l’alternative idéale pour les agriculteurs cherchant à diversifier leurs cultures.

Investissement initial substantiel en moyenne, 300 000  dirhams

Le principal défi réside dans le temps nécessaire pour que les arbres produisent des fruits de manière optimale. « D’après ma propre expérience l faut attendre entre 4 et 6 ans pour que l’arbre produise des fruits,  et jusque 8 ans pour que les rendements soient au maximum de leur capacité », explique le producteur. Cette période d’attente prolongée rend l’investissement initial substantiel en moyenne, 300 000  dirhams (où 30 000 euros par hectare) difficile à justifier pour de nombreux agriculteurs.

Malgré ces défis, la pistache attire de plus en plus d’agriculteurs. Actuellement, la Catalogne compte 147 exploitations dédiées à la culture de la pistache, contribuant à une récolte annuelle estimée à 450 tonnes. Cependant, le potentiel lucratif ne se réalise qu’à moyen terme, et cette réalité éloigne certains agriculteurs potentiels.

« La pistache est certes très rentable, mais seulement à moyen terme. Donc tout le monde ne peut pas s’y mettre », souligne le producteur. Cette réalité souligne la nécessité pour les agriculteurs d’avoir une vision à long terme et un capital initial solide pour embrasser la culture de la pistache.

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Dossier : Le monde de l’avocatier en 2024 https://www.agrimaroc.ma/culture-avocatier-monde-2024/ https://www.agrimaroc.ma/culture-avocatier-monde-2024/#respond Wed, 14 Feb 2024 11:04:45 +0000 https://www.agrimaroc.ma/?p=94951 Le marché mondial de l’avocat est en ébullition, entre défis et alertes, l’agriculteur doit choisir.

La culture de l’avocat est l’une des plus dynamiques à travers le monde. La demande croissante et la consommation qui ne faiblit pas, incitent de nombreux agriculteurs à investir dans cette culture très rentable. Cependant, ils sont confrontés à des choix délicats, car cette culture est fortement critiquée en raison de sa consommation élevée en eau. Pour les producteurs situés dans des pays sans problèmes d’eau, l’avocat est une bénédiction. Pour les autres, avec l’augmentation de la sécheresse systémique, les alertes et les exemples se multiplient pour dissuader de s’engager davantage dans cette culture gourmande en eau.

Etat des lieux mondial.

Les chiffres récemment publiés par la World Avocado Organisation (WAO) révèlent que la France s’est solidement ancrée en tant que leader incontesté de la consommation d’avocats en Europe. Avec une impressionnante importation de 150 000 tonnes d’avocats en 2023, la France détient la première place, laissant ses voisins européens loin derrière.

L’Allemagne et le Royaume-Uni occupent respectivement la deuxième place, avec une importation de 110 000 tonnes chacun tandis que l’Italie se positionne à la cinquième place avec 45 000 tonnes d’avocats importés. Il convient de noter que l’Espagne n’a pas été incluse dans les données communiquées par le WAO, en raison du nombre élevé de réexpéditions.

Lorsqu’on examine la consommation par habitant, la France maintient sa position de leader avec une moyenne impressionnante de 2,3 kg d’avocats par personne. La Scandinavie suit de près avec 2,2 kg, tandis que le Royaume-Uni enregistre 1,6 kg par personne. L’Allemagne suit avec 1,3 kg, et l’Italie ferme la marche avec 0,8 kg par habitant.

Ces données soulignent non seulement la popularité croissante de l’avocat en France, mais aussi la diversité de son utilisation dans la cuisine quotidienne. L’avocat est devenu un ingrédient essentiel dans de nombreuses recettes et régimes alimentaires, ce qui explique la demande constante.

En ce qui concerne les fournisseurs, le Pérou émerge comme le principal contributeur d’avocats en Europe, fournissant un impressionnant total de 331 767 tonnes. La Colombie suit avec 90 880 tonnes, et le Chili occupe la troisième place avec 60 011 tonnes. D’autres contributeurs notables comprennent le Kenya (58 657 tonnes) et l’Afrique du Sud (57 671 tonnes). Contrairement à son statut de premier exportateur mondial d’avocats, le Mexique n’a fourni que 38 000 tonnes à l’Europe au cours de la saison 2022/23, le pays exportant principalement vers le marché nord-américain.

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En résumé, ces données révèlent la position prédominante de la France dans le marché européen de l’avocat, tant en termes de volume d’importation que de consommation par habitant. La popularité croissante de cet aliment sain et polyvalent ne montre aucun signe de ralentissement, renforçant ainsi la place de l’avocat comme l’un des favoris des assiettes françaises.

Quid du Maroc ?

L’essor spectaculaire de la culture de l’avocat au Maroc : un nouveau paradigme agricole

La culture de l’avocat connaît actuellement un essor remarquable au Maroc, propulsant le pays sur la carte mondiale des producteurs de ce fruit prisé. Les avocatiers au Maroc s’étendent principalement dans les zones irriguées du Gharb, Souss Massa Draa, ainsi que dans les régions de Rabat, Khémisset et Benslimane. La production nationale d’avocats pourrait atteindre les 60 000 tonnes en 2024, principalement destinées à l’exportation ; mais encore très loin des mastodontes du secteur.

6e fruit le plus consommé au monde

Les chiffres révèlent une tendance à la hausse des surfaces dédiées à cette culture, malgré les investissements substantiels nécessaires pour les exploitations. Certains agriculteurs font le choix de délaisser d’autres cultures, tels que les primeurs, pour investir dans la lucrative culture de l’avocat. Surnommé l' »or vert », ce fruit offre des marges alléchantes, stimulées par une augmentation de la demande intérieure et des perspectives de développement à l’international.

L’avocat, fruit de tous les paradoxes.

Il fut un temps où l’avocat était rare en Europe en raison de ses difficultés de conservation. Cependant, ces dernières années, il a connu un essor spectaculaire, devenant le 6e fruit le plus consommé au monde. En France, par exemple, chaque foyer consomme en moyenne trois kilos d’avocats par an, un chiffre qui a contribué à doubler la production mondiale, passant de 3,7 millions de tonnes en 2010 à 7,2 millions de tonnes en 2019.

Futura Science fait part aussi d’autres problèmes liés à la culture de l’avocat. Le Mexique reste le premier producteur mondial d’avocats, représentant environ un tiers de la production mondiale. Cependant, cette réussite a un coût, notamment dans les états de Michoacan et de Jalisco, où la production est concentrée. La violence liée aux cartels de la drogue sévit, provoquant des accaparements violents de terres, des extorsions, des vols de camions, et même des tueries de masse. Ces problèmes sont exacerbés par le besoin croissant de diversification des revenus des cartels, en raison de la baisse des revenus liés à la production de drogue.

La culture intensive de l’avocat, en particulier dans des régions arides comme l’Espagne, pose des problèmes majeurs liés à la consommation d’eau. L’avocatier, originaire des tropiques humides, nécessite une quantité d’eau considérable. En Andalousie, par exemple, les 10 000 hectares de plantations d’avocatiers et de manguiers font peser un risque d’« effondrement hydrologique » sur la région. Des conflits locaux pour l’accès à l’eau se multiplient, mettant en péril l’équilibre écologique de la région.

Outre les problèmes liés à la violence, l’utilisation intensive de pesticides au Mexique soulève des préoccupations pour la santé publique. Dans une atmosphère tropicale, la monoculture d’avocatiers attire les insectes et favorise les maladies, entraînant une utilisation excessive de pesticides. Les populations locales sont exposées à ces substances nocives, et bien que la peau épaisse de l’avocat puisse offrir une certaine protection, la présence de résidus dans la chair du fruit n’est pas exclue.

L’Espagne, un cas d’école plus proche de nous.

Dans le sud de l’Espagne, la région de Malaga fait face à une sécheresse intense, exacerbée par la culture gourmande en eau de l’avocat. Les réservoirs d’eau sont à sec, mettant en péril les moyens de subsistance des agriculteurs locaux, dont beaucoup se sont tournés vers la culture de l’avocat ces dernières années.

Cet arbre a 17 ans. Ses fruits sont très petits. Et il perd ses feuilles. Ce sont des signes de la sécheresse.

Sur des terres rocailleuses, autrefois désertiques, des avocatiers majestueux émergent, défiant la sécheresse. Cependant, leur survie est compromise. Alvaro Bazan, un agriculteur local, explique à RadioFrance : « Cet arbre a 17 ans. Ses fruits sont très petits. Et il perd ses feuilles. Ce sont des signes de la sécheresse. Les branches n’arrêtent pas de sécher parce qu’il n’a pas assez d’eau. »

L’engouement pour l’avocat, considéré comme un produit tendance, sain et savoureux, a incité de nombreux agriculteurs, dont Alvaro Bazan, à se lancer dans cette culture lucrative. Cependant, la réalité de la sécheresse met en lumière les conséquences de la surutilisation des ressources hydriques pour la culture de ce fruit tropical.

Alors que l’Espagne s’est engagée depuis longtemps dans la construction de barrages pour faire face aux pluies irrégulières, la réalité est que 80% de la ressource hydrique en Andalousie est aujourd’hui accaparée par l’agriculture. Rafael Yus, membre de l’ONG « Ecologistes en action », dénonce la surexploitation de l’eau pour irriguer des cultures, en particulier celles de fruits tropicaux qui ne sont pas adaptés au climat local.

La crise a atteint un point tel que le gouvernement régional d’Andalousie a lancé un plan « SOS » pour faire face à la sécheresse. Cependant, au lieu de réduire la production d’avocats, le président andalou Juanma Moreno propose des solutions axées sur la technologie, comme le recyclage des eaux usées, le dessalement de l’eau de mer et l’importation d’eau.

Luis Babiano, gérant de l’association espagnole des opérateurs publics d’eau et d’assainissement, souligne toujours à Radio France les défis liés à ces solutions technologiques : « Les grandes infrastructures résolvent des problèmes, mais elles nous donnent aussi d’autres défis à relever. On parle beaucoup de dessalement et de réutilisation, mais nous sommes également confrontés à une crise énergétique! »

Alors que l’avenir de la culture de l’avocat en Andalousie reste incertain, la nécessité de trouver des solutions durables devient urgente. L’avocat espagnol, exporté principalement vers la France, l’Allemagne et l’Angleterre, alimente également le débat sur la durabilité et la gestion responsable des ressources naturelles dans une ère de changement climatique.

L’avocatier reste une source de revenus et de développement pour les agriculteurs.

Dans le paysage agricole tanzanien par exemple, l’horticulture se démarque comme le sous-secteur enregistrant la croissance la plus rapide. Avec une progression annuelle moyenne oscillant entre 9 et 12 %, ce secteur offre un potentiel économique considérable tout en générant des emplois pour plus de 2 millions de personnes.

Une ONG, aecfafrica est allé à la rencontre d’un agriculteur, Elikao. Ce dernier a embrassé la culture des avocats en 2011, sous l’égide d’Africado, une entreprise pionnière dans la production d’avocats de qualité. Possédant une ferme d’un hectare, elle a commencé avec la culture de 50 avocatiers, intégrant judicieusement des bananiers et du maïs dans son exploitation. Elikao fait partie des 286 petits exploitants agricoles liés par contrat à Africado dans le cadre de son programme de sous-traitance. Ce modèle, soutenu par l’African Enterprise Challenge Fund (AECF) dans le cadre de la fenêtre Tanzanie, financée par UK Aid avec des fonds du gouvernement britannique, vise à stimuler la production d’avocats dans la région.

Un bond significatif par rapport à ses revenus habituels

Dès la première récolte, le verger d’Elikao a livré une impressionnante récolte de 300 kg d’avocats sur 15 arbres, générant un revenu d’environ 164 dollars américains cette année-là. Un bond significatif par rapport à ses revenus habituels, qui s’élevaient à environ 101 dollars provenant de la vente de maïs et de bananes. L’avocatier, avec un cycle de maturation de 3 à 4 ans et une récolte sur une période de 6 mois par an, a démontré son potentiel transformateur pour les petits agriculteurs comme Elikao.

« Avec le revenu supplémentaire de l’avocat, j’ai pu payer les frais de scolarité de mes trois petits-enfants qui sont à l’école primaire. Leurs parents n’étaient pas en mesure de les payer à l’époque », explique l’agriculteur, soulignant ainsi l’impact concret de cette transition agricole sur la vie quotidienne des familles.

Lire aussi : Le Maroc se classait au 9ème rang mondial des exportateurs d’avocats en 2022

Avant l’intervention d’Africado Ltd, la plupart des agriculteurs de la région se consacraient à une agriculture de subsistance, produisant juste assez pour se nourrir et nourrir leur famille. Le maïs et les bananes étaient les cultures dominantes, souvent cultivées comme sources alimentaires de base.

Sources : Fresh Fruit Portal aecfafrica Fructidor Fhm RadioFrance
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