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Conseils de lutte contre les orobanches

Conseils de lutte contre les orobanches

Méthodes et conseils pour lutter contre les orobanches.

Les orobanches sont des plantes parasites qui se greffent aux racines des cultures, les privant ainsi de toute nourriture. Elles provoquent des pertes considérables sur les cultures de légumineuses, tournesol, tabac… Avec une lutte intégrée, il est possible de réduire l’infestation sur le court mais aussi sur le long terme.

L’orobanche, qui est aussi appelé Halouk, L’Outed, Ben Nabbou ou Farôun selon les régions, est l’un des ennemis que les professionnels des grandes cultures (céréales, légumineuses, tabac, etc) redoutent le plus. Il s’agit d’une plante holoparasite, c’est-à-dire qu’elle est non-chlorophyllienne, qui doit prélever la matière organique, l’eau et les sels minéraux dont elle a besoin sur un hôte.

Cette plante-parasite appartient  à la famille des Orobanchaceae dont on dénombre 4 espèces principales :

  • O. crenata est l’un des principaux obstacles dans la culture de la fève mais aussi des lentilles, petits pois et dans une moindre mesure des pois chiches et haricots verts ;
  • O. aegyptiaca et O. ramosa attaquent principalement la tomate, le tabac, le melon, la pomme de terre et les lentilles ;
  • O. cernua et O. cumana infestent surtout le tournesol mais aussi le tabac, l’aubergine et la tomate ;
  • O.foetida parasite les cultures de luzerne et fève.

Cet ennemi est réparti sur l’ensemble des régions du Maroc qui cultivent les céréales, les légumineuses et autres grandes cultures.

De gauche à droite : O. cerata; O. crenata; O. foetida; O. ramosa
De gauche à droite : O. cernua; O. crenata; O. foetida; O. ramosa

Symptômes et dégâts

La croissance des orobanches est à son maximum lors de la floraison des cultures qu’elles parasitent. Ces holoparasites entraînent le flétrissement des plants car ils les privent de leur eau, de leur matière organique et de leurs sels minéraux. Les cultures perdent leur vigueur et les fleurs chutent ce qui entraîne des pertes de rendement. A terme, les plants meurent. Les orobanches peuvent provoquer jusqu’à 100% de pertes dans les parcelles les plus infestées.

Biologie

Pour pouvoir combattre les orobanches, il est indispensable de bien connaître sa biologie et son cycle de développement. La majorité des espèce d’orobanches sont annuelles et se reproduisent par le biais de minuscules graines (0,2 à 0,3 mm).

Le cycle de cette plante-parasite compte deux phases principales : celle de développement souterrain, qui débute à la germination, et celle de développement aérien qui commence au moment où les premières tiges émergent du sol et se termine après la fructification et la maturation des graines.

Cycle de développement des orobanches
Cycle de développement des orobanches

Lutte

Plusieurs méthodes de lutte ont fait l’objet d’études. Elles peuvent être utilisées séparément mais il est préférable de les combiner dans une lutte intégrée pour bien gérer les orobanches.

Arrachage manuel

L’arrachage manuel des orobanches est un moyen de lutte efficace à condition qu’il soit bien réalisé et  que la parcelle soit nouvellement ou peu infestée.  Pour être efficace, il faut procéder à l’arrachage des pousses d’orobanches après leur émergence du sol mais avant la maturité des graines. Cette technique permet aussi de limiter le stock de semences d’orobanches disséminées puisque la manœuvre intervient avant la formation et la dissémination des graines.

En Inde, où cette méthode a été testée, l’arrachage de O. crenata sur culture de tomate pendant 3 ans a montré un taux d’efficacité de 100%.

Méthode culturale

Diverses méthodes culturales permettent de lutter contre la prolifération des orobanches.

Rotation des cultures

La rotation des cultures est un moyen de lutte efficace surtout si elle pratiquée en alternance avec des plantes-pièges. Les plantes-pièges permettent la germination des graines d’orobanches mais celles-ci sont incapables de s’attacher aux racines de la plante hôte ce qui provoque leur mort. On appelle ce processus « la germination suicide ». Certaines gesses, les trèfles, le lin, la coriandre, la moutarde, etc, sont efficaces lorsqu’elles sont utilisées comme plantes-pièges.

Date de semis
Dégâts d'orobanches sur culture de tournesol
Dégâts d’orobanches sur culture de tournesol

Le décalage de la date de semis est une manœuvre qui permet de réduire considérablement l’ampleur des attaques d’orobanches. Plus le semis de culture est décalé, plus les attaques sont réduites. Toutefois, le décalage de la date du semis peut affecter le développement de la culture.
Dans le cas de culture d’hiver, comme les légumineuses, il est recommandé d’utiliser une variété précoce et de la semer tardivement à des températures inférieures à 8°C. Ainsi, la racine principale de la culture ne sera pas parasitée par les orobanches car ceux-ci préfèrent des sols secs et des températures plus élevées pour se développer. Les expérimentations menées démontrent une réduction d’infestation de 72,5% dans le cas de semis tardifs de 6 semaines pour les lentilles.
A l’inverse, pour des cultures de printemps, comme celle du tabac, il est recommandé de semer précocement, c’est-à-dire lorsque les températures sont encore basses. Le semis précoce du tabac réduit jusqu’à 70% l’infestation aux orobanches.

Fertilisation

Les fertilisations potassiques et azotées élevées permettent de réduire de 33 à 50% la présence d’orobanches. En revanche, cette méthode implique d’utiliser de grand volume de fertilisant ce qui est très couteux.

Autres méthodes

L’irrigation permet de réduire l’infestation. A Fès et Meknès, les cultures de fèves irriguées avec des eaux usées sont moins envahies.
De même, les labours profonds permettent d’enfouir les graines d’orobanche qui sont alors trop loin des racines pour pouvoir germer et se développer.
De plus, l’utilisation de variétés résistantes doit être envisagée.

Solarisation

Solarisation d'une parcelle
Solarisation d’une parcelle

Comme mentionné précédemment, les orobanches ne supportent pas les températures trop élevées. La solarisation consiste à couvrir le sol avec un paillage en plastique (polyéthylène) en période de forte chaleur et ce, avant le semis. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec une solarisation de 30 à 50 jours qui permet d’obtenir une température de 56°C dans les 5 à 10 premiers centimètres du sol.

Cette méthode est toutefois limitée aux petites parcelles. Elle est également efficace pour les champignons, les nématodes, les bactéries et les adventices.

Lutte biologique

Il existe plusieurs manières naturelles de lutter contre les orobanches mais celles-ci sont souvent efficaces à long terme plutôt qu’à court terme :

  • Les insectes : Phytomyza orobanchia s’attaque aux orobanches sans faire de dégâts sur la culture. On le trouve à l’état naturel au Maroc. 500 à 1000 insectes/ha permettent de réduire jusqu’à 50% la présence de plantes parasites ;
  • Les champignons : Fusarium oxysporum fsp orthoceras, Sclerotinia spp, Rhizoctonia solani, Colletotricum lagenarium et Ulocladium atrum. Fusarium oxysporum fsp o. est le champignon le plus utilisé. Sur la culture du tabac, il permet une amélioration du rendement de 80,5%. Il a toutefois besoin d’une humidité relative élevée et de températures comprises entre 10 et 20°C ;
  • Les bactéries : les orobanches sont sensibles aux bactéries Pseudomonas fluorescentes et Picketti ralstonia ;
  • Les déchets de la trituration des olives : Les sous-produits issus de la trituration des olives (margines et grignons) sont très efficaces dans la lutte contre les orobanches, ils permettent de réduire l’infestation de 78 à 97% dans les cultures de fèves !

Lutte chimique

Le traitement chimique est la méthode la plus souvent utilisée dans la lutte contre les orobanches car elle est efficace sur le court terme.

Glyphosate
orobanches infestation
Infestation par les orobanches

Bien que le glyphosate soit un produit très controversé, il reste l’un des meilleurs amis des agriculteurs. La dose recommandée est de 60 g/ha dilués dans 500 litres d’eau pour les fèves et de 40 g/ha pour les autres légumineuses. Le traitement doit être diffusé au stade de tubercule de l’orobanche. Répétez l’opération avec le même dosage deux semaines plus tard.
Il faut toutefois être vigilant avec le dosage car ce produit peut devenir très nocif. L’efficacité de ce traitement dépend du stade auquel il est appliqué, du réglage du pulvérisateur, etc.

Sulfosate

Le sulfosate doit être dosé à hauteur de 100 g/ha. Il faut renouveller le traitement deux avec le même dosage. Il est apprécié pour son efficacité et sa facilité d’utilisation.

Imidazolinones

Les imidazolinones sont des herbicides efficaces dans la lutte contre les orobanches. Imazethapyr (100 g m.a./ha) et Imazaquine (25 g m.a./ha) sont utilisés en pré-levée  pour combattre O. crenata.

Lutte intégrée

Pour bien gérer les orobanches, il est indispensable d’établir un programme de lutte combinant des méthodes culturales, la lutte biologique et les traitements chimiques. De cette manière, l’infestation pourra être réduite sur le court mais aussi sur le long terme.

A savoir :
Dans certains pays, les orobanches sont consommées de la même façon que les asperges. C’est le cas, par exemple, en Italie.

Avec I’INRA Maroc et le ministère de l’Agriculture
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