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La culture du blé dur: Besoins et contraintes

Les besoins et les contraintes dans la culture du blé dur. 

Le blé dur (Triticum turgidum ssp. durum) est une monocotylédone de la famille des graminées, de la tribu des triticées et du genre Triticum. En termes de production commerciale et d’alimentation humaine, le blé dur représente la deuxième espèce la plus importante du genre Triticum après le blé tendre (Triticum aestivum L.).

Le cycle de vie du blé dur: D’une manière très simplifiée, on peut découper le cycle du développement du blé dur en 3 phases et qui sont les suivantes:

  • La phase végétative, durant laquelle la plante installe ses capteurs foliaires et racinaires pour intercepter le rayonnement, absorber l’eau et les éléments minéraux
  • La phase reproductive, durant laquelle la plante met en place ses organes reproducteurs. À l’issue de cette dernière, le nombre potentiel de grains est fixé
  • La phase de maturation du grain (appelée aussi remplissage du grain), qui requiert de la chaleur et un climat sec, durant laquelle, le grain profite des assimilas provenant de la remobilisation et des dernières feuilles photosynthétiquement actives, puis se déshydrate partiellement

Les exigences de la culture du blé dur

Les besoins en températures: Cultivé dans une gamme d’environnements différents, le blé dur présente une capacité d’adaptation très large. Les exigences globales en température de cette espèce sont assez importantes et varient entre 1800 et 2400°C selon les variétés. Les températures permettant une croissance optimale et un rendement maximum sont comprises entre 15 et 20°C (DuPont et Altenbach, 2003). En conditions méditerranéenne, les fortes températures au-dessous de 30°C sont stressantes. Elles provoquent une levée trop rapide et parfois un déséquilibre entre la partie aérienne et la partie souterraine. Mais elles affectent aussi le poids final des grains en réduisant la durée de remplissage. Au-delà de 32°C, on peut observer des dommages irréversibles pouvant aller jusqu’à la destruction de l’organe ou de la plante. Quant aux basses températures et la tolérance au froid, le blé dur à la capacité de supporter les températures inférieure à 4°C considérée comme la température minimale pour la croissance. Cependant, une seule journée à une température minimale de l’ordre de –4°C entre le stade épi 1 cm et un noeud, pénalise le nombre de grains par épi (Gate, 1995).

Les besoins en eau: En région méditerranéenne, la sécheresse est l’une des causes principales des pertes de rendement du blé dur, qui varient de 10 à 80% selon les années. Les besoins en eau de la culture varient de 450 à 650 mm. Au début du cycle, ces besoins sont relativement faibles. C’est à partir de la phase épi 1 cm jusqu’à la floraison qu’ils sont les plus importants. En effet, la période critique en eau se situe de 20 jours avant l’épiaison jusqu’à 30 à 35 jours après la floraison (Loué, 1982). De nombreuses recherches ont été faites dans ce contexte: Une étude souligne l’effet pénalisant du manque d’eau sur la physiologie de la plante et les composantes du rendement montre qu’un déficit hydrique survenant au stade jeune tallage réduit surtout la croissance en hauteur et le nombre d’épis par unité de surface. Par contre, lorsque ce déficit survient aux stades gonflement ou anthèse, il réduit plutôt le poids des épis et le rendement en grain. C’est cependant le stade juste avant épiaison qui demeure le plus sensible au déficit hydrique puisqu’une sècheresse survenant à ce stade peut réduire les rendements en grains d’environ 70% (Ben Naceur et al., 1999).

Les besoins en fertilisation azotée: Le blé dur est particulièrement gourmand en Azote pour atteindre un niveau de protéines satisfaisant pour les fabricants de pâtes et de semoules. Les apports d’Azote doivent être fractionnés suivant les stades du cycle végétatifs. Au tallage, l’influence de l’Azote se manifeste sur la première composante du rendement: Le nombre de talles par plante. Au stade montaison, l’Azote apporté permet d’émettre des épis, dont le nombre est fortement influencé par la nutrition azotée. Le manque d’Azote pourrait aussi se traduire par une moindre fertilité des épis. Durant cette période, le blé peut absorber jusqu’à 3 kg d’Azote/Ha/jour avec un maximum pendant la phase floraison (Bahloul, 1989). Au stade épiaison, les besoins deviennent très importants et la demande en Azote s’accroît en liaison avec l’activité de croissance. La plante a absorbé pratiquement tout son Azote dès le début du stade laiteux. A partir de ce stade, il y a transfert des réserves de la plante, des parties végétatives vers le grain.

Les contraintes de production du blé dur: Le rendement et la qualité des grains du blé dur sont les deux caractéristiques recherchées par les acteurs de la filière (producteurs et transformateurs industriels). En matière de qualité, le blé dur destiné à la fabrication du couscous et des pâtes doit avoir une composition en protéines suffisante en quantité et en qualité. Celle-ci est en relation avec le maintien du taux de mitadin en dessous de 20%. La teneur et la tenacité du gluten sont aussi des critères dépendant de la composition en protéines et donc directement de la fertilisation azotée. La couleur du grain, et le niveau de mycotoxines font aussi partie des caractéristiques recherchées par les transformateurs mais dépendant plus d’autres facteurs agronomiques.

Afin d’atteindre des objectifs de production (quantité et de qualité), l’agriculteur doit définir une stratégie de conduite de culture. Cette stratégie comprend le choix de la variété, la conduite de la fertilisation, la conduite de l’irrigation mais aussi les choix de la protection sanitaire. En plus des enjeux technico-économiques, la production du blé dur doit prendre en compte des aléas reliés notamment aux changements climatiques. En effet, la production se situe actuellement dans un contexte de variabilité climatique interannuelle croissante en termes de pluviométrie et de températures extrêmes. Selon Rodomiro Ortiz du CIMMYT (Centre International pour l’Amélioration du Maïs et du Blé au Mexique), la progression de la sècheresse est annonciatrice d’un désastre pour la moitié des zones de culture du blé dans les pays en voie de développement. Ce problème prévaut surtout en Afrique centrale et de l’Ouest où les habitants sont dépendants du blé pour l’alimentation. En plus du changement de régime des précipitations, les températures élevées provoquées par le changement climatique augmentent les besoins en eau des cultures. Une étude a été faite par Nelson et Al en 2009 donnant une estimation détaillée des impacts des changements climatiques sur la production agricole. Cette étude prévoit pour 2050 des températures beaucoup plus élevées, une évaporation plus importante et une augmentation des précipitations. En termes de production agricole, l’étude annonce que les effets négatifs des changements climatiques sur la production agricole seront particulièrement prononcés en Afrique subsaharienne et en Asie de Sud: Pour la production du blé, elle serait de l’ordre de 44 à 49% pour l’Asie de Sud et de 34% pour l’Afrique sub-saharienne. D’autre part, l’augmentation des coûts de production est en relation avec celles des intrants, tout en maintenant les exigences qualitatives des transformateurs au niveau élevé actuel, réduisent la rentabilité de cette culture. Pour relever l’ensemble des défis auxquels elle aura à faire face, la filière blé dur devra innover pour s’adapter en augmentant ses volumes de production et en améliorant sa durabilité, tout en maintenant la qualité de ses produits.

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