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Josefa Leonel Correia Sacko

Josefa Sacko: « il faut s’inspirer du modèle marocain »

Josefa Leonel Correia Sacko: « il faut s’inspirer du modèle marocain ».

L’Afrique fait face à plusieurs défis, notamment celui de la sécurité alimentaire. Est-ce qu’elle peut le relever sachant qu’elle ne consomme que 3% des fertilisants dans le monde ?
Josefa Leonel Correia Sacko : 
Effectivement, l’Afrique fait face à de nombreux défis notamment pour assurer sa sécurité alimentaire, ainsi que pour combattre la famine qui ne cesse de s’accroitre à cause des aléas climatiques. Ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, il y a une véritable prise de conscience de la part des Chefs de gouvernements africains pour accroître sensiblement l’usage des fertilisants en Afrique. Les pays africains accusent un retard important en termes de consommation de fertilisants avec une moyenne de 8 kilos par hectare, alors que l’objectif fixé par le Sommet africain sur les engrais, organisé en 2006 à Abuja, était de 50 kilos par hectare à horizon 2015. Nous sommes très loin de cet objectif et nous devons donc retrousser nos manches pour y arriver, voire le dépasser.

Pourquoi le continent n’a-t-il pas pu atteindre cet objectif ? 
Je pense que les principaux problèmes se situent au niveau de l’accès au financement et aux fertilisants. Nous travaillons actuellement avec la Banque africaine de développement (BAD) pour développer des mécanismes de financement adéquats, notamment les garanties de crédits. L’objectif est de permettre à tous les acteurs de la chaine de valeur de bénéficier du financement, surtout les petits agriculteurs qui sont les plus marginalisés et qui constituent plus de 70% des agriculteurs en Afrique. De même, il s’agit de voir sur quels leviers le public comme le privé doivent travailler pour faciliter la fourniture des fertilisants aux petits paysans notamment en rendant les dépôts d’engrais plus proches et réduire ainsi les coûts logistiques ou encre développer le réseau des distributeurs
et revendeurs.

Comment le Maroc pourrait-il contribuer à cette transformation du secteur agricole africain ? 
Le Maroc a beaucoup à jouer dans le cadre du développement d’une agriculture durable africaine. C’est un grand pays agricole qui dispose d’une expérience et un savoir-faire avérés dans le domaine. L’Afrique subsaharienne, en particulier, a beaucoup à gagner à s’inspirer du modèle marocain, puisque vous n’importez presque rien de vos besoins alimentaires. Nous devons profiter de votre expertise et échanger autour de ce bon modèle, et pourquoi pas, le dupliquer ailleurs selon les spécificités de chaque pays.

Le groupe OCP peut également apporter des solutions en termes d’accès aux engrais et en recherche-développement. Avez-vous mené des discussions avec lui pour mettre en place des projets communs avec l’UA ?
L’OCP est aujourd’hui l’une des meilleures entreprises en termes de production de fertilisants en Afrique. L’Union africaine (UE) est en train de travailler avec le groupe marocain pour voir comment nous pouvons répondre efficacement aux problématiques de lc’agriculture en Afrique notamment pour l’utilisation et l’accès aux fertilisants. Nous allons d’ailleurs signer un mémorandum avec l’OCP pour assurer un meilleur accès des agriculteurs aux fertilisants et partager son expérience pour ce qui est études des sols. Ce partenariat est très important et vital pour l’Afrique et traduit parfaitement l’esprit de la coopération Sud-Sud.

À la veille de l’ouverture des travaux de la 10e édition d’Argus Africa Fertilizer à Marrakech, le Mécanisme africain de financement du développement des engrais (AFFM) a tenu une réunion. Qu’est-ce qui en est ressorti ?
La réunion a été un succès, puisque nous avons dressé un bilan précis de la consommation d’engrais en Afrique et nous avons établi un plan d’action pour y remédier. Nous avons convenu d’organiser, le plus vite possible, le deuxième sommet africain sur les engrais à Abuja. Un sommet qui doit découler sur des programmes plus ambitieux. Nous avons également recommandé à l’AFFM de travailler directement avec les communautés économiques régionales qui sont plus proches des régions et ne plus se contenter d’une représentativité centrale au niveau de l’UA.

Avez-vous fixé une date pour le deuxième sommet d’Abuja ?
Nous prévoyons d’organiser ce sommet en 2020. Nous devions le faire cette année, mais comme le Nigeria était dans un processus électoral démocratique, il ne pouvait pas organiser ce sommet, car il s’agit d’un grand événement où les Chefs d’État sont présents. Il nous fallait donc plus de temps pour le préparer et nous avons mis en place, lors de la réunion de l’AFFM, une task-force qui s’occupera de cette préparation sous le leadership de l’UA.

Comment convaincre les jeunes d’investir dans l’agriculture et la rendre une activité commerciale et non de subsistance ? 
Le problème se situe aujourd’hui au niveau de la sensibilisation. Il faut que ce secteur soit perçu comme du business, il faut changer les mentalités. Si nous sensibilisons davantage les jeunes, ils vont adhérer à notre vision. En Afrique de l’Est, par exemple, de plus en plus de jeunes investissent dans ce secteur, notamment dans les semences. Actuellement, nous sommes en train de travailler avec l’Union européenne pour voir comment nous pouvons attirer les jeunes vers ce secteur, en utilisant notamment la digitalisation comme moyen de persuasion.

Source: Lematin
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